Un militant mineur tué lors d’une action de protestation à Bahreïn

Un garçon de 14 ans a été tué mercredi 31 août à Sitra, une ville du centre de Bahreïn, pendant une action de protestation pacifique lors de laquelle des dizaines de personnes ont manifesté contre le gouvernement à l’occasion de l’Aïd al Fitr, qui marque la fin du mois saint du Ramadan.

Selon un groupe de défense des droits humains, Ali Jawad Ahmad al Shaikh a succombé à une blessure à la tête après avoir été touché par une grenade lacrymogène lancée par des policiers antiémeutes.

« Ce décès tragique est survenu pendant une action de protestation pacifique durant laquelle la police semble avoir recouru à une force excessive face à des personnes manifestant contre le gouvernement », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Si la police a le devoir de faire respecter la loi, il est absolument inacceptable de lancer de lourdes grenades lacrymogènes sur des mineurs. Les autorités doivent immédiatement enquêter sur la mort d’Ali Jawad Ahmad al Shaikh de manière approfondie, indépendante et impartiale, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes », a-t-il ajouté.

Le ministère de l’Intérieur a déclaré qu’aucune opération de police n’était en cours à Sitra au moment de la mort de l’adolescent, dans la matinée du 31 août. Il a affirmé qu’Ali Jawad Ahmad al Shaikh était déjà mort lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, mais n’a fourni aucune explication sur la cause de son décès.

L’oncle de l’adolescent a cependant déclaré à la Société des jeunes de Bahreïn pour les droits de la personne que la police avait réagi de manière excessive face aux manifestants, tirant directement des grenades lacrymogène sur la foule depuis une courte distance.

De nombreux villages chiites ont organisé des manifestations de faible ampleur quasiment tous les soirs depuis le début du Ramadan, le 1er août. La police a répliqué avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène.

Ce dernier décès en date porte à 34, dont 30 manifestants, le nombre total de personnes mortes depuis le début des actions de protestation en faveur de la réforme, le 14 février.

Il survient deux jours après que le roi eut annoncé que certains détenus et prisonniers seraient graciés. Aucun autre détail n’a été rendu public pour l’instant.

La population chiite, bien que majoritaire à Bahreïn, se dit victime de discriminations de la part de la dynastie sunnite à la tête du pays.

Au moins 500 personnes ont été arrêtées à Bahreïn depuis que les manifestations en faveur de la réforme ont débuté en février ; quatre d’entre elles sont mortes en détention dans des circonstances suspectes. Plus de 2 500 personnes ont été licenciées ou suspendues de leurs fonctions.

Le 6 septembre, un tribunal militaire examinera le recours formé par 21 figures éminentes de l’opposition ayant été condamnées à des sanctions allant de lourdes peines de prison à la réclusion à perpétuité. Elles ont notamment été accusées d’« organisation de groupes terroristes dans le but de renverser la monarchie et de modifier la Constitution ».

Dans une autre affaire en rapport avec les manifestations de février, le procès de 20 professionnels bahreïnites de la santé accusés de crimes reprendra le 7 septembre devant un tribunal militaire. Amnesty International craint que ces 20 personnes ne soient des prisonniers d’opinion et estime que leur procès n’est pas conforme aux normes internationales d’équité en la matière.

Des élections législatives partielles doivent avoir lieu dans le royaume le 24 septembre.

Ce scrutin a pour objectif de remplir les 18 sièges rendus vacants par al Wefaq, la principale formation chiite d’opposition du pays. Les députés appartenant à ce parti ont quitté leurs fonctions en février afin de protester contre la manière dont les autorités ont réagi aux manifestations à Manama.

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