Un projet pour répertorier les violations des droits humains

Amnesty International établit actuellement un réseau de bénévoles qui aideront, au moyen de la technologie numérique, à révéler des violations des droits humains et atteintes à ceux-ci dans le Darfour, région soudanaise ravagée par le conflit, à la faveur d’un projet révolutionnaire de crowdsourcing.

Une plateforme interactive nommée Decode Darfur permettra aux sympathisants d’Amnesty International d’analyser - en utilisant tout simplement leur téléphone, tablette ou ordinateur portable - des images satellite couvrant des milliers de kilomètres carrés dans des zones reculées du Darfour où des bombardements et des attaques chimiques auraient eu lieu.

« Il s’agit d’un projet ambitieux et révolutionnaire qui représente un changement fondamental dans la manière dont nous envisageons les recherches relatives aux droits humains, et qui donne à toute personne connectée à Internet la possibilité d’aider à dénoncer certaines des injustices les plus graves au monde  », a déclaré Milena Marin, du programme Innovation d’Amnesty International.

« Il existe au Darfour des zones très étendues sur lesquelles nous avons reçu des informations semblant indiquer que de graves violations des droits humains ont eu lieu, mais analyser ces données est une tâche longue et laborieuse. C’est pourquoi nous souhaitons mobiliser notre gigantesque réseau de sympathisants afin qu’il nous y aide.  »

Il est extrêmement difficile d’obtenir des informations crédibles sur l’impact des violences sur la population civile dans le Djebel Marra. Les restrictions imposées par le gouvernement signifient qu’aucun journaliste, enquêteur des droits humains ni acteur humanitaire n’a été autorisé à mener d’évaluation dans cette zone ces dernières années.

Malgré ces obstacles, un rapport d’enquête diffusé par Amnesty International il y a quelques jours a livré des éléments attestant un recours répété à des armes chimiques présumées contre des civils, parmi lesquels de très jeunes enfants, par les forces gouvernementales soudanaises dans la région du Djebel Marra, au Darfour, au cours des huit derniers mois.

S’appuyant sur les témoignages de premiers intervenants et de rescapés, Amnesty International estime qu’il est possible que 200 à 250 personnes, dont de nombreux mineurs, soient mortes après avoir été exposées à des agents chimiques de guerre.

«  Si nous ne sommes pas en mesure de nous rendre dans le Darfour pour y recueillir des éléments de preuve, nous pouvons obtenir des images satellite et comparer ces prises de vue à différentes dates afin de déterminer ce qui a changé. C’est là que le projet Décoder le Darfour intervient  », a déclaré Micah Farfour, spécialiste de la télédétection à Amnesty International.

Il existe des milliers d’heures de données à passer au crible, et Amnesty International demande à ces bénévoles de consacrer le temps dont ils disposent pour se rendre en ligne, que ce soit cinq minutes ou cinq heures, voire plus, afin d’aider à réunir les éléments qui prouveront, aux côtés des déclarations de témoins et de victimes, que des civils sont systématiquement attaqués au Darfour.

L’organisation utilisera ces éléments pour renforcer son travail de sensibilisation visant à inciter le gouvernement soudanais à mettre fin aux violations des droits humains, et à amener les responsables présumés à rendre des comptes. Nous utiliserons aussi ces éléments à l’appui de notre message en direction des Nations unies, de l’Union africaine et du reste de la communauté internationale, à qui nous disons qu’il est plus que temps de s’occuper de la question du Darfour.

Le projet Décoder le Darfour se décomposera en deux phases. Pendant les six premières semaines, les participants et participantes aideront à cartographier des zones reculées et essentiellement désertes afin de repérer des villages vulnérables de la région du Djebel Marra oriental (Darfour).

Au cours de la seconde phase, ils compareront les images avant et après de ces villages afin de déterminer lesquels ont subi des destructions. Avant de commencer à décoder, les participants se verront d’abord proposer une vidéo explicative sur ce que nous recherchons exactement.

« En comparant des images récentes à d’autres datant de quelques années, nous pourrons montrer exactement où des maisons, des fermes, des écoles et des puits se tenaient auparavant - et ce qui leur est arrivé depuis lors », a déclaré Milena Marin.

L’outil utilisé sur la plateforme Decode Darfur possède un mécanisme de vérification intégré - ce qui signifie que chaque image sera montrée à différents décodeurs, et sera considérée comme vérifiée une fois qu’ils se seront accordés sur ce qu’ils ont vu. Des chercheurs d’Amnesty International effectueront par ailleurs des vérifications aléatoires des données afin de s’assurer de leur qualité et de leur véracité.

« Le travail de nos bénévoles connectés n’a pas pour objectif de remplacer les recherches rigoureuses menées par les experts d’Amnesty International, mais il s’agit d’une excellente manière de soutenir notre travail en tirant de montagnes d’informations mélangées et non traitées des éléments prouvant des violations des droits humains  », a déclaré Scott Edwards, analyste au sein de l’équipe Recherche et analyse tactiques.

« La tâche visant à mettre un terme aux violations des droits humains et atteintes à ces droits dans le monde est sans fin. Plus de personnes se rallieront à cet appel, plus il sera efficace. Toute personne, où qu’elle soit, peut véritablement prendre part aux opérations de collecte d’informations par Amnesty International. Tout ce dont elle a besoin est un ordinateur ou un smartphone, et le désir de faire bouger les choses. »

Décoder le Darfour est le deuxième projet de la campagne des décodeurs d’Amnesty, qui vise à établir un réseau mondial de bénévoles qui utilisent leur ordinateur ou leur téléphone pour faire le tri parmi de nombreuses informations et assister dans le cadre de recherches relatives aux droits humains.

Dans le cadre du premier projet des décodeurs d’Amnesty, qui a invité les participants à aider à consigner les résultats obtenus après la diffusion d’Actions urgentes, plus de 8 000 personnes ont agi dans 150 pays.

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