Communiqué de presse

Un tribunal russe confirme l’interdiction de diffuser les vidéos « extrémistes » des Pussy Riot

Un tribunal russe a confirmé la restriction de l’accès aux vidéos « extrémistes » de la manifestation musicale des Pussy Riot dans une cathédrale moscovite en 2012, ce qui illustre le durcissement de la répression de la liberté d’expression dans le pays, a déclaré Amnesty International.

Le 30 janvier, le tribunal municipal de Moscou a rejeté l’appel interjeté par Ekaterina Samoutsevitch, membre du groupe, et confirmé la décision rendue en novembre 2012 par un tribunal de première instance, qui avait ordonné de restreindre l’accès aux vidéos en vertu de lois anti-extrémistes formulées en termes vagues.

« Le recours croissant à des lois anti-extrémistes floues pour réprimer la dissidence démontre à quel point les autorités russes méprisent le droit à la liberté d’expression, fondement d’une société démocratique, a indiqué David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Elles doivent lever l’interdiction imposée aux vidéos des Pussy Riot, cesser d’attaquer le droit à la liberté d’expression inscrit dans le droit international, et en finir avec l’application étroite des lois anti-extrémistes. »

Maria Alekhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch, trois des membres du groupe féminin Pussy Riot, ont été inculpées d’« actes de hooliganisme motivés par la haine religieuse » après avoir chanté un morceau contestataire dans la principale cathédrale orthodoxe de Moscou en février 2012.

Toutes trois ont ensuite été condamnées à deux ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire, mais Ekaterina Samoutsevitch a vu sa peine commuée en sursis à l’issue d’un procès en appel.

Amnesty International s’est déclarée préoccupée par le jugement du tribunal, qui a statué que les vidéos contenaient des images et des expressions qui visaient à inciter à la haine ou à l’hostilité, et à humilier des personnes en raison de leur religion ou de leur appartenance à des institutions sociales.

L’organisation estime que les vidéos ne contiennent ni violence ni appel à la violence.

Les membres de Pussy Riot affirment que leurs actions, notamment la manifestation musicale dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, n’ont pas pour objectif d’inciter à la haine, que ce soit de la religion ou des membres de certains groupes sociaux ou de certaines minorités.

Le jugement du tribunal semble aller à l’encontre d’une déclaration de la Cour suprême de Russie en juin 2011, selon laquelle la critique des personnalités publiques et des responsables politiques, de leurs actes et de leurs convictions, ne doit pas être considérée en soi comme une action visant à humilier ou dégrader une personne ou un groupe, car il est établi que ces personnes doivent avoir davantage de tolérance à la critique que les simples citoyens.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit