Une enquête indépendante doit être menée sur la violence policière au Kurdistan irakien

19 avril 2011

Les autorités du Kurdistan irakien doivent immédiatement ouvrir une enquête indépendante sur les violentes actions de leurs forces de sécurité contre des manifestants à Sulaymaniyah, a déclaré Amnesty International mardi 19 avril.

Au moins 90 personnes ont été blessées dans des affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants lundi 18 avril dans cette ville du nord de l’Irak.


« Ce qui s’est passé lundi était la dernière étape en date d’une répression actuelle de la liberté d’expression et des manifestations en Irak, qui est marquée par un recours excessif à la force contre ceux qui osent manifester en faveur d’un changement politique et économique et de la fin de la corruption chez les détenteurs du pouvoir
, a souligné Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités du Kurdistan doivent maîtriser leurs forces de sécurité et respecter le droit de manifester pacifiquement. Elles doivent prendre des mesures pour veiller à ce que les personnes qui ont recours à une force excessive ou commettent d’autres atteintes aux droits humains soient amenées à rendre des comptes, quelle que soit l’importance de leurs fonctions. »

Après plus de deux mois de manifestations dans la région, le Comité de sécurité du gouvernement pour la province de Sulaymaniyah a prononcé une interdiction de toutes les manifestations sans autorisation dans cette province à partir du 19 avril.

« Les autorités de la région du Kurdistan doivent respecter le droit à la liberté de réunion et d’expression. Nous les appelons à permettre aux manifestations pacifiques de se poursuivre », a ajouté Malcolm Smart.

Les violences de lundi ont éclaté au cours de manifestations en faveur de réformes politiques et économiques et de la fin de la corruption au sein du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), qui forment ensemble le gouvernement régional du Kurdistan.

La police antiémeutes a fait usage de balles réelles et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Des membres des forces de sécurité figureraient parmi les blessés.

Depuis début février 2011, plusieurs milliers d’Irakiens sont descendus dans la rue pour protester contre le manque chronique de services essentiels, la hausse des prix, le fort taux de chômage et la corruption endémique, ainsi que pour réclamer plus de droits civils et politiques.

Dans la région du Kurdistan, des personnes manifestent également contre les deux principaux partis qui dominent la politique locale depuis des décennies et accaparent les ressources publiques.

Au moins six personnes sont mortes à la suite du recours à une force excessive de la part des forces de sécurité au cours des manifestations qui ont eu lieu dans cette région depuis mi-février, et des dizaines d’autres ont été blessées. Plusieurs personnes ont été brièvement détenues ; certaines ont été torturées ou soumises à d’autres formes de mauvais traitements.

Un certain nombre de manifestants, de journalistes indépendants et de militants de l’opposition ont été menacés, et des étudiants et des universitaires ont été victimes d’actes répressifs.

Les forces de sécurité répondent fréquemment par une force excessive pour disperser des manifestants pacifiques.

Amnesty International exhorte les autorités à réprimer le recours à une force excessive et à la torture par leurs forces de sécurité, et non le droit des personnes à manifester pacifiquement.

Pour en savoir plus


Irak : les autorités doivent faire cesser les agressions contre des manifestants
(rapport, 12 avril 2011)

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