Une gréviste de la faim palestinienne proche de la mort appelle l’attention sur le caractère injuste de la détention administrative

Les autorités israéliennes doivent libérer immédiatement une détenue palestinienne ou l’inculper d’une infraction dûment reconnue par la loi et la juger dans les meilleurs délais, a déclaré Amnesty International qui craint que la jeune femme ne meure en détention après 37 jours de grève de la faim.

Hana Shalabi, 30 ans, originaire du village de Burqin, dans le nord-ouest de la Cisjordanie, serait membre du mouvement Djihad islamique. Pourtant, elle n’a jamais été inculpée d’une infraction prévue par la loi.

Elle a été transférée le 20 mars au soir à l’hôpital Meir, dans la ville de Kfar Saba, dans le centre d’Israël, mais demeure en détention aux mains des autorités israéliennes, sous la surveillance constante de gardes armés.

" Lorsqu’elle a pu rencontrer ses avocats et des médecins indépendants, Hana Shalabi leur a raconté que les agents du Service pénitentiaire d’Israël l’avaient manipulée avec violence lors de son transfert à l’hôpital et devant le tribunal militaire, et avaient constamment fait pression sur elle pour qu’elle mette un terme à sa grève de la faim", a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Amnesty International a à maintes reprises demandé aux autorités israéliennes de libérer Hana Shalabi et tous les Palestiniens maintenus en détention administrative, à moins qu’ils ne soient inculpés dans les meilleurs délais d’infractions prévues par le droit international et jugés dans le respect des normes internationales d’équité des procès. »

Au titre de la détention administrative, les ordonnances militaires israéliennes permettent aux autorités de détenir sans jugement pour une période indéterminée des Palestiniens originaires de la Cisjordanie occupée, s’ils sont considérés comme une « menace pour la sécurité ».

Hana Shalabi a entamé sa grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements qui lui ont été infligés lors de son arrestation, le 16 février dernier, et la poursuit en signe de contestation de sa détention sans inculpation ni jugement, après qu’elle a reçu cinq jours plus tard une ordonnance de placement en détention administrative.

Un médecin de Médecins pour les droits de l’homme – Israël (PHR), qui l’a vue lundi 19 mars, a rapporté qu’elle risquait de mourir, car son cœur pouvait s’arrêter à tout moment, et a requis son hospitalisation immédiate.

Selon ce médecin, elle a perdu 14 kilos depuis son arrestation et souffre de problèmes de thyroïde, de fortes douleurs, de dépé¬ris¬sement et de vertiges.

« Si elle est maintenue en détention, elle doit – tout comme les prisonniers palestiniens qui se sont joints à sa grève de la faim pour protester contre le régime de la détention administrative – être traitée avec humanité en toutes circonstances et bénéficier régulièrement de soins médicaux prodigués par un médecin indépendant, dans un endroit qui respecte l’intimité du médecin et du patient », a estimé Ann Harrison.

Un juge militaire doit encore rendre son verdict concernant l’appel qu’elle a interjeté de son ordre de détention pour une durée de quatre mois, lors même que la Cour d’appel militaire a tenu sa première audience il y a plus de deux semaines, le 7 mars.

Hana Shalabi comptait parmi les 1 027 prisonniers palestiniens libérés des geôles israéliennes dans le cadre de l’accord visant à libérer le soldat israélien capturé Gilad Shalit en octobre et décembre 2011. Avant qu’elle ne soit de nouveau arrêtée en février, elle prévoyait d’entreprendre des études d’infirmière à l’université Al Rawda de Naplouse.

Avant sa libération en octobre 2011, elle avait été incarcérée sans inculpation ni jugement à la prison de HaSharon pendant 25 mois, en vertu d’ordonnances de détention administrative renouvelées à plusieurs reprises.

Selon certaines informations, les autorités israéliennes envisageraient de l’alimenter de force, ce qui pourrait constituer un traitement cruel et inhumain. En règle générale, les grévistes de la faim ne doivent pas être contraints de se nourrir.

Sa famille n’a pas encore obtenu de permis pour lui rendre visite, malgré des demandes répétées d’organisations locales et internationales. Ses proches ne l’ont pas vue depuis qu’elle a été arrêtée le 16 février.

Plus de 20 autres prisonniers palestiniens détenus dans diverses prisons israéliennes ont entamé des grèves de la faim à durée illimitée pour dénoncer la pratique de la détention administrative, parfois depuis plus de trois semaines.

À la connaissance d’Amnesty International, ils n’ont pas été autorisés à se faire examiner par des médecins indépendants, ni, pour certains, à consulter un avocat ; certains ont été placés à l’isolement ou ont subi d’autres sanctions parce qu’ils avaient décidé d’observer une grève de la faim.

« Aucun détenu ne doit être sanctionné d’aucune manière parce qu’il décide d’entamer une grève de la faim. Les autorités israéliennes doivent veiller à ce que tous les grévistes soient traités avec humanité et aient la possibilité de consulter un avocat et d’être examinés par un médecin indépendant », a conclu Ann Harrison.

Plus de 300 Palestiniens, dont plus de 20 membres du Conseil législatif palestinien, sont actuellement incarcérés sous le statut de la détention administrative.

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