Une militante yéménite en danger tandis que le nombre de morts ne cesse d’augmenter

20 avril 2011

Mercredi 20 avril, Amnesty International a exhorté les autorités yéménites à assurer la sécurité d’une éminente défenseure des droits humains, après que celle-ci a été prévenue anonymement qu’elle était soupçonnée d’avoir transmis des informations au Conseil de sécurité des Nations unies.

Amal Basha, présidente du Forum arabe des sœurs pour les droits humains, a reçu mercredi matin par l’intermédiaire de son bureau un appel téléphonique au cours duquel on lui a vivement conseillé de ne pas quitter son domicile et de prendre des précautions supplémentaires.

Son interlocuteur anonyme lui a indiqué que les forces de sécurité yéménites pensaient qu’elle avait mis le Conseil de sécurité au courant de la situation actuelle au Yémen, « internationalisant » de ce fait les problèmes du pays. Amal Basha affirme qu’elle n’a pas fourni de telles informations aux Nations unies.

« Les autorités yéménites doivent sans délai enquêter sur cette menace visant une éminente défenseure des droits humains et prendre des mesures pour que les personnes qui prévoiraient une action contre la vie d’Amal Basha soient rapidement identifiées et conduites devant la justice, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les défenseurs des droits humains doivent pouvoir mener leurs activités légitimes sans faire l’objet de menaces ou de manœuvres d’intimidation. »

Les membres du Conseil de sécurité ont été informés de la situation au Yémen par des représentants des Nations unies dans le cadre d’une séance à huis clos mardi 19 avril. Ils ont appelé à la retenue et au dialogue au Yémen, mais n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une déclaration commune.

Le jour où ils se sont réunis, au moins trois nouvelles personnes ont été tuées au cours des manifestations qui se poursuivent dans la capitale du Yémen, Sanaa. Un membre du personnel du Forum arabe des sœurs pour les droits humains se trouvait parmi les victimes.

Les Forces centrales de sécurité du Yémen ont attaqué les manifestants avec des canons à eau, du gaz lacrymogène, des matraques et des tirs à balles réelles.

Selon certaines sources, les manifestants auraient jeté des pierres en réponse à l’usage de la force par les forces de sécurité.

Parmi les personnes abattues par les forces de sécurité figure Anis Ahmed Abdu Saeed al Usaydi, un employé du Forum arabe des sœurs pour les droits humains âgé de 32 ans. Les autres qui ont trouvé la mort sont Nasser Muhammed Hizam et Abdul Latif Muhammad Abdullah Muhammad Omar.

Entre 50 et 60 autres manifestants auraient été blessés, dont beaucoup par balle, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un cortège de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à Sanaa.

D’après l’agence de presse de l’État, le président Ali Abdullah Saleh a diligenté une enquête sur ces faits et ordonné au ministère de l’Intérieur d’arrêter et de traduire en justice les personnes impliquées.

« Il est grand temps que le gouvernement yéménite empêche ses forces de sécurité d’avoir recours à une force excessive contre les manifestants pacifiques. Il faut mettre fin à la violence – dans la réalité, et pas seulement dans les discours », a ajouté Malcolm Smart.

Au moins 120 personnes ont été tuées ces derniers mois au cours des manifestations antigouvernementales au Yémen.

Mardi 19 avril, quatre femmes médecins qui allaient soigner les blessés dans un hôpital de campagne à Sanaa ont été arrêtées par des membres des forces de sécurité yéménites.

Ces quatre femmes (Lamis Muhammad Saeed Dhafer, Tasnim Ali al Wafi, Hiyam al Qadesi et Iman al Amisi) ont été libérées vers minuit, après que des organisations de la société civile ont menacé de défiler jusqu’au palais présidentiel si elles n’étaient pas relâchées.

Dans un rapport intitulé Moment of Truth for Yemen, publié le 6 avril 2011, Amnesty International a appelé la communauté internationale à jouer un rôle plus actif pour que les Yéménites puissent établir les responsabilités des homicides sanglants commis dans le pays.

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