Communiqué de presse

Une vague d’indignation souligne la nécessité de la mise en place en Ukraine d’un organe indépendant chargé d’enquêter sur les crimes commis par des agents de l’État

De récents événements survenus dans le sud de l’Ukraine ont une fois de plus souligné la nécessité pour ce pays de s’attaquer au problème de l’impunité pour les crimes perpétrés par des agents de l’État. Une foule en colère forte de quelque 200 personnes s’en est prise à un poste de police dans le sud de l’Ukraine dans la nuit du 1er juillet à la suite d’informations signalant qu’une jeune femme de 29 ans, Irina Krachko, avait été violée par deux policiers et un chauffeur de taxi. La foule a brisé les fenêtres du poste de police, a réussi à y entrer et a demandé que lui soient livrés les deux policiers en question. La police antiémeute est arrivée sur les lieux à deux heures du matin le 2 juillet et a dispersé la foule.

Amnesty International a écrit ce jour au président Victor Ianoukovitch pour lui demander d’accélérer la création d’un Bureau national d’enquête, prévue par le nouveau Code de procédure pénale, afin de garantir que toutes les allégations de crimes, y compris les actes de torture et les autres formes de mauvais traitement, commis par des agents de l’État fassent rapidement l’objet d’enquêtes impartiales et effectives.

Les manifestations qui ont eu lieu à Vradiyivka expriment très clairement la colère de la population et le fait qu’elle ne fait pas confiance au système actuel pour les enquêtes sur les crimes commis par des agents de l’État. Pour établir la confiance du public, il est nécessaire de modifier le système actuel d’enquête sur les crimes perpétrés par des agents de l’État.

Le 27 juin 2013, Irina Krachko a été hospitalisée avec trois fractures crâniennes et de graves lacérations et contusions sur tout le corps. Depuis, elle a subi trois interventions chirurgicales pour extraire de son cerveau des fragments d’os du crâne et pour réparer les lacérations sur son corps, y compris pour recoudre une de ses lèvres qui a été à moitié arrachée lors de l’agression. Les médecins ont dit aux journalistes qu’elle va avoir besoin de subir d’autres interventions chirurgicales pour fixer des plaques de métal sur son crâne et pour une reconstruction faciale. Elle est toujours à l’hôpital.

Irina Krachko a raconté aux reporters qu’elle revenait d’une boîte de nuit et rentrait chez elle dans la soirée du 26 juin quand elle a été poussée dans une voiture par trois hommes, parmi lesquels elle a reconnu deux policiers, qui n’étaient alors pas en service, du poste de police de Vradiyivka. Ils l’ont emmenée dans une forêt non loin de là, et l’ont frappée pendant tout le trajet.

Quand ils sont arrivés dans la forêt, dit-elle, ils l’ont traînée hors de la voiture tout en continuant de la frapper. Les deux policiers l’ont alors violée tour à tour. Pendant le viol, le troisième homme lui a asséné plusieurs coups de poing au visage. Ils ont continué de la frapper après le viol puis se sont éloignés, alors qu’elle gisait par terre dans la forêt. Elle dit les avoir entendus revenir un peu plus tard mais elle a réussi à ramper jusqu’à des herbes hautes où elle a pu se cacher, car elle était persuadée qu’ils revenaient pour la tuer. Dans la matinée elle est parvenue à rejoindre un moulin à proximité, et elle a alors pu être emmenée à l’hôpital.

Le 2 juillet, à la suite de l’attaque du poste de police, le ministère de l’Intérieur a annoncé que le représentant du ministère de l’Intérieur dans la région de Mykolaïv et le responsable du poste de police du district de Vradiyivka avaient tous deux été démis de leurs fonctions. Le parquet a en outre annoncé que le procureur du district de Vradiyivka avait été remplacé. Une enquête pénale ouverte sur l’agression est en cours et les trois hommes sont maintenant en détention.

Le fait que les autorités ukrainiennes se soient abstenues par le passé d’enquêter sur des allégations de tels agissements et d’engager une procédure disciplinaire et des poursuites pénales contre les responsables a créé un climat d’impunité et sapé le principe selon lequel nul, y compris nul policier, n’est au-dessus des lois, et privé les victimes d’un recours utile et d’une réparation. C’est seulement quand toutes les allégations de torture, de mauvais traitements et d’autres crimes commis par des agents de l’État seront suivies d’une réaction rapide et effective que l’actuelle culture d’impunité pourra être vaincue et que la population pourra avoir confiance dans le système.

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