Ces derniers jours, plus de 150 000 Palestinien·ne·s ont été déplacés de force de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tandis qu’Israël intensifie ses opérations terrestres et aériennes dans cette zone, mettant en péril des milliers de vies et bloquant l’accès à une aide humanitaire cruciale. La plupart des personnes ayant fui ont déjà été déplacées à plusieurs reprises, en raison de l’assaut implacable mené par Israël contre la bande de Gaza depuis sept mois.
« Des générations de Palestinien·ne·s des territoires occupés sont profondément marquées par le traumatisme qu’ont causé de multiples déracinements et spoliations, sans aucune perspective de retour chez eux. Il est déchirant de voir les scènes effrayantes de la Nakba (catastrophe) de 1948, ainsi que l’appellent les Palestinien·ne·s, se répéter alors qu’un si grand nombre de Palestinien·ne·s de Gaza sont contraints de fuir leur maison à pied en quête de sécurité, et que l’armée israélienne et des colons soutenus par l’État expulsent les Palestinien·ne·s de Cisjordanie de chez eux », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice générale chargée de la recherche, du plaidoyer, de la politique et des campagnes d’Amnesty International.
À la suite du conflit de 1947-1949, des Palestinien·ne·s ont été chassés de chez eux et dépossédés de leurs terres ; ils ont été déplacés et expulsés, sans perspective de retour pour eux ni leurs descendant·e·s. Le même sort a été réservé aux plus de 350 000 Palestinien·ne·s ayant fui la guerre de juin 1967 et l’occupation par Israël de Gaza et de la Cisjordanie, notamment Jérusalem-Est. Le rapport publié par Amnesty International en 2022 montre que la dépossession discriminatoire des terres et des biens des Palestinien·ne·s les empêche d’exercer leurs droits, notamment le droit au retour, et qu’elle constitue un des principaux éléments du système d’apartheid israélien.
« Le déni du droit au retour des Palestinien·ne·s par Israël depuis des décennies est l’une des causes profondes du conflit, et l’escalade de la violence au cours des sept derniers mois montre qu’il ne faut plus l’ignorer. »
« En cette Journée de la Nakba, le sort des Palestinien·ne·s est plus périlleux que jamais : spoliés et soumis à des violations systématiques des droits fondamentaux dans le cadre d’une occupation brutale, les habitant·e·s de Gaza sont également confrontés au risque imminent de génocide et sont aux prises avec la famine. C’est pourquoi il est plus important que jamais, ce mercredi 15 mai, de lancer un appel retentissant en faveur du droit au retour des Palestinien·ne·s et de rappeler au monde qu’Israël leur refuse ce droit légitime, en violation flagrante du droit international, depuis plus de 76 ans », a déclaré Erika Guevara Rosas.
« Le déni du droit au retour des Palestinien·ne·s par Israël depuis des décennies est l’une des causes profondes du conflit, et l’escalade de la violence au cours des sept derniers mois montre qu’il ne faut plus l’ignorer. Une solution durable et juste à ce conflit doit respecter les droits humains, notamment le droit au retour des Palestinien·ne·s, et garantir la justice et des réparations pour les victimes de violations du droit international. »
L’Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations unies engagent systématiquement Israël à favoriser le retour des Palestinien·ne·s. Pourtant, et malgré les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies, Israël ne reconnaît même pas le droit au retour des Palestinien·ne·s.
« Tous les États doivent respecter les droits des personnes cherchant à exprimer leur solidarité avec les Palestinien·ne·s en organisant des manifestations pacifiques pour commémorer le Jour de la Nakba »
La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher de nouveaux transferts forcés de Palestinien·ne·s et mettre un terme à la situation de déplacement permanent de tous les Palestinien·ne·s, en permettant le plein exercice de leur droit au retour. Un cessez-le-feu immédiat et durable doit également être instauré par toutes les parties à Gaza.
« Ces derniers mois, de nombreux États, dont des alliés d’Israël, ont intensifié leur répression à l’égard des manifestant·e·s pro-palestiniens, niant les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique de celles et ceux qui soutiennent les droits des Palestinien·ne·s. Tous les États doivent respecter les droits des personnes cherchant à exprimer leur solidarité avec les Palestinien·ne·s en organisant des manifestations pacifiques pour commémorer le Jour de la Nakba », a déclaré Erika Guevara Rosas.
L’instrumentalisation de l’antisémitisme dans le but de discréditer les manifestant·e·s ou de criminaliser la critique des politiques de l’État d’Israël, ainsi que l’amalgame entre l’antisémitisme et la critique des violations du droit international commises par Israël, sont particulièrement problématiques et compromettent les efforts déployés par les autorités pour lutter contre le fléau réel et durable de l’antisémitisme. Les autorités doivent obliger à rendre des comptes les auteurs présumés de crimes de haine et de tout appel à la haine constituant une incitation à l’hostilité, à la discrimination ou à la violence, qu’ils visent des personnes juives ou palestiniennes, musulmanes ou issues d’autres groupes.