Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent faire preuve de retenue face aux manifestations afin de veiller à ne pas alimenter les tensions dans le pays, et mener dans les meilleurs délais des enquêtes approfondies, impartiales et transparentes sur les homicides et violences perpétrés lors de rassemblements de l’opposition à Kinshasa lundi 19 septembre, a déclaré Amnesty International le 20 septembre.
Le gouvernement a indiqué que 17 personnes, dont trois policiers, ont été tuées lors de rassemblements réclamant que la commission électorale annonce la date de la prochaine élection présidentielle, tandis que les partis d’opposition affirment que plus de 50 manifestants ont perdu la vie. Des informations crédibles fournies par la société civile évoquent 25 morts, parmi lesquels les trois policiers.
« Ces homicides illégaux sont l’illustration la plus récente de la répression inquiétante visant l’opposition depuis qu’il est devenu manifeste que l’élection présidentielle n’aura peut-être pas lieu dans les temps. Les autorités doivent faire en sorte que les responsables présumés soient traduits en justice », a déclaré Christian Rumu, chargé d’action sur la RDC à Amnesty International.
« Recourir à une force excessive face à des personnes qui exercent leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion ne fait qu’alimenter les troubles. Les autorités de la RDC doivent immédiatement prendre des mesures pour mettre un terme à l’escalade des tensions, et toutes les parties doivent s’abstenir d’employer la violence. »
Quatorze personnes ont également été blessées par balle durant les manifestations, et les locaux de trois partis d’opposition ont été incendiés à Kinshasa le matin du 20 septembre.
Amnesty International a indiqué dans son rapport le plus récent sur la RDC que la répression croissante menée par les autorités contre la liberté d’expression était susceptible de déclencher des violences dans un climat politique déjà tendu.
Complément d’information
Lundi 19 septembre était la date limite fixée par la Constitution pour l’annonce par la Commission électorale nationale indépendante de la date de l’élection présidentielle.
Les partis d’opposition souhaitent que des élections se tiennent afin que le président Joseph Kabila puisse être remplacé lorsque son second mandat expirera le 19 décembre, mais la commission électorale n’a pas convoqué d’élection, citant comme raisons un manque de fonds et un délai insuffisant pour mettre à jour la liste électorale.
La Cour constitutionnelle a estimé en mai que le président en exercice est habilité à rester en fonction jusqu’à ce que son successeur soit en place, une décision que l’opposition refuse.
Un processus convoqué par le gouvernement pour sortir de l’impasse, connu sous le nom de Dialogue national, a été rejeté par les groupes d’opposition, qui y voient un subterfuge visant à maintenir la présence au pouvoir de Joseph Kabila.