Une bougie dans les mains, les participant·es se sont réparti·es de part et d’autre d’une bannière géante (5 m X 2 m) représentant Mahsa (Zhina) Amini. Celle-ci était flanquée de deux autres bannières (3 m X 1 m), l’une appelant à la fin de l’impunité dont jouissent les autorités iraniennes et l’autre réclamant la protection du droit de manifester. Des femmes iraniennes ont par ailleurs pris la parole, notamment Yalda Parsajoo, qui a soutenu sans relâche son mari Hamid Babaei quand ce dernier était emprisonné dans son pays d’origine en raison de son refus d’espionner d’autres Iranien·nes en Belgique.
« En plus de cette solidarité qu’il est important d’exprimer, nous voulons aussi et surtout appeler la communauté internationale, et la Belgique en particulier, à exercer une pression maximale sur les autorités iraniennes pour que cessent les crimes et violations des droits humains dont elles se rendent coupables, explique François Graas, coordinateur des campagnes et du plaidoyer de la section belge francophone d’Amnesty International. Pour cela, il est fondamental qu’un terme soit mis à la crise d’impunité systémique qui permet à ces mêmes autorités de continuer de se livrer à des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires et autres homicides illégaux, aussi bien derrière les murs des prisons que durant les manifestations. »
Dans cette optique, Amnesty International appelle les États membres des Nations unies, dont la Belgique, à soutenir de toute urgence soutenir la mise en place par le Conseil des droits de l’homme d’un mécanisme indépendant d’enquête et d’obligation de rendre des comptes pour les plus graves crimes de droit international commis par les autorités iraniennes.
« Il est fondamental qu’un terme soit mis à la crise d’impunité systémique qui permet à ces mêmes autorités de continuer de se livrer à des actes de torture, des exécutions extrajudiciaires et autres homicides illégaux, aussi bien derrière les murs des prisons que durant les manifestations »
Dans une récente analyse basée sur des document officiels ayant fuité, Amnesty International a pu mettre en évidence la volonté des autorités iraniennes d’écraser brutalement les manifestations, notamment en déployant les gardiens de la révolution, la force paramilitaire des bassidjis, la Force de l’ordre de la République islamique d’Iran, la police antiémeutes et des membres des forces de sécurité en civil. Des preuves ont également pu être avancées par l’organisation de défense des droits humains quant à l’usage généralisé de la force meurtrière et des armes à feu par les forces de sécurité iraniennes, en plus de l’utilisation illégale de grenailles et autres plombs métalliques, de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de coups de matraque.
Amnesty International a par ailleurs constaté une pratique généralisée de cas de torture et de mauvais traitements imputables aux forces de sécurité, notamment des passages à tabac de manifestant·es et de passant·es. Des informations sur des agressions sexuelles et d’autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre ont également été recueillies, notamment des cas où des femmes se sont fait agripper les seins ou tirer violemment les cheveux après avoir enlevé leur foulard en signe de contestation.
« La volonté des autorités est clairement de réprimer dans des flots de sang et la souffrance un mouvement de colère né de décennies de répression et d’injustice. Cette réponse criminelle a déjà coûté la vie à des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants, et en a blessé des centaines d’autres. Il est urgent que des comptes soient rendus, faute de quoi nombreux·euses sont celles et ceux qui risquent d’être tué·es, mutilé·es, torturé·es, agressé·es sexuellement ou jeté·es derrière les barreaux uniquement pour avoir participé à des manifestations », conclut François Graas.