L’une des pires menaces à l’état de droit au Venezuela depuis des décennies risque de se concrétiser si les différentes forces politiques ne s’engagent pas à respecter pleinement les droits humains, selon un nouveau rapport d’Amnesty International sur la crise que connaît actuellement ce pays.
Ce rapport, intitulé Venezuela : Human Rights at risk amid protests , fait état d’allégations selon lesquelles des violations des droits humains ont été commises dans le contexte des manifestations publiques de masse ayant lieu au Venezuela depuis début février.
« Le pays risque de sombrer dans la violence à moins que des mesures ne soient prises afin d’amener les parties en conflit à négocier. Cela ne peut se concrétiser que si les deux camps respectent pleinement les droits humains et l’état de droit. Sans cela, le nombre de victimes continuera à augmenter, et ce sont les personnes ordinaires qui seront le plus durement touchées », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
Jusqu’à présent, 37 personnes ont perdu la vie et plus de 550 autres ont été blessées, dont au moins 120 par des armes à feu. Selon des chiffres rendus publics par le parquet général le 27 mars 2014, 2 157 personnes ont été arrêtées pendant les manifestations. La grande majorité d’entre elles ont été libérées mais sont toujours poursuivies.
Selon des informations reçues par Amnesty International, les forces de sécurité du pays recourent à une force excessive, notamment en tirant à balles réelles, et même à la torture contre les manifestants.
Le rapport rend par ailleurs compte de violations des droits humains commises par des groupes progouvernementaux, des manifestants et des personnes non identifiées.
« Toutes les allégations d’atteintes aux droits humains doivent donner lieu dans les meilleurs délais à des enquêtes approfondies, et les suspects doivent être traduits en justice », a déclaré Erika Guevara Rosas.
« La crise politique actuelle risque de compromettre toutes les avancées obtenues ces dernières années en matière de défense des droits des personnes les plus marginalisées du pays. »
Amnesty International demande au gouvernement vénézuélien de s’engager en faveur d’un plan national pour les droits humains. Ce plan doit être le fruit d’un dialogue national et faire participer toutes les parties concernées et la société civile.
« Le gouvernement et l’opposition doivent s’engager à trouver des solutions pacifiques à cette crise politique, en faisant comprendre à leurs partisans que la violence et les discours belliqueux susceptibles d’inciter à la violence ne seront pas tolérés. La communauté internationale, notamment les États voisins, doivent encourager l’établissement d’un dialogue constructif dans le pays », a déclaré Erika Guevara Rosas.
Complément d’information
Le 19 février, Geraldine Moreno, une étudiante âgée de 23 ans, a pris part à une manifestation dans la ville de Valencia. Un membre de la garde nationale lui aurait tiré des balles en caoutchouc dans le visage à une distance de seulement 30 cm. Geraldine est morte à l’hôpital trois jours plus tard.
Daniel Quintero, un étudiant de 21 ans, a été arrêté par des membres de la garde nationale après avoir participé à une manifestation contre le gouvernement dans la ville de Maracaibo le 21 février. Il a été roué de coups à plusieurs reprises et affirme qu’un haut gradé de la garde nationale l’a menacé de le brûler vif.