VÉNÉZUÉLA : Il faut sortir du gouffre : appel urgent à la société vénézuélienne et à la communauté internationale

Index AI : AMR 53/023/02

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Les jours qui viennent vont être décisifs pour l’État de droit au Vénézuéla, a prévenu aujourd’hui (mardi 24 décembre 2002) Amnesty International. L’organisation a souligné que, en ces heures cruciales, le soutien de la communauté internationale était fondamental pour résoudre la crise qui frappe le pays.

« Plus de deux semaines après le début d’une grève générale des citoyens, le pays court une nouvelle fois le risque d’un effondrement politique et d’une rupture de l’ordre constitutionnel, dont dépend le plein respect des droits humains », a ajouté Amnesty International.

« La gravité de la situation à laquelle la société vénézuélienne doit aujourd’hui faire face nécessite une réaction concertée de tous les secteurs de la société. Ceux-ci sont confrontés au dilemme suivant : soit ils continuent sur la voie de la confrontation, perpétuant le cycle de la violence, du harcèlement et de la division, soit ils s’engagent dans la recherche de solutions négociées pacifiquement dans le cadre constitutionnel et conformément aux normes internationales relatives aux droits humains », a-t-elle poursuivi.

L’organisation exhorte donc tous les secteurs de la société et toutes les institutions à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour défendre l’État de droit et rendre de nouveau le pays gouvernable. En particulier :

Amnesty International engage instamment les forces de sécurité, dans leur gestion des manifestations et des mouvements de mobilisation actuels et prévus, à agir dans le strict respect des normes qui régissent l’utilisation de la force. Depuis les événements tragiques d’avril 2002, Amnesty International a dénoncé à maintes reprises l’usage abusif de la force par la police et la Garde nationale, qui a entraîné des morts et des blessés. Tout acte ne respectant pas ces normes devrait faire l’objet d’une enquête rigoureuse et être puni.

Par ailleurs, les attaques contre des journalistes et d’autres personnes travaillant pour la presse devraient cesser immédiatement. En temps de crise, il est encore plus crucial de garantir la liberté d’expression, qui est la clé de voûte de l’État de droit. De même, le travail indispensable mené par les défenseurs des droits humains ne devrait pas faire l’objet de restrictions injustifiées, et ces défenseurs devraient pouvoir compter sur la protection impartiale de la loi. De son côté, dans l’exercice de son droit légitime à la liberté de réunion, d’association et d’expression, l’opposition devrait prendre la responsabilité de choisir des méthodes et des tactiques de protestation qui ne portent pas atteinte aux garanties constitutionnelles. En effet, sans ces garanties, les droits de tous sont compromis. Enfin, étant donné le rôle joué par les médias dans l’évolution de la crise, Amnesty International prie instamment les journalistes et les responsables de la communication vénézuéliens de veiller à rendre compte de la situation avec sérieux et impartialité, afin d’éviter d’exacerber les divisions.

Les deux parties devraient s’engager à rechercher des solutions négociées et pacifiques, par le biais d’un dialogue privilégiant la nécessité de renforcer l’État de droit et le respect des droits humains. Les objectifs fondamentaux de ce processus devraient être de mettre fin à l’impunité, de dépolitiser les forces armées et les forces de sécurité, et de rétablir la crédibilité de l’administration de la justice.

Parallèlement, la communauté internationale, et en particulier les organisations régionales et internationales de défense des droits humains, doivent redoubler d’efforts pour favoriser un règlement pacifique de la crise, et pour fournir des mécanismes et des moyens appropriés pour surveiller la situation des droits humains dans le pays et l’empêcher de se détériorer davantage.

« À cette fin, nous soutenons la demande de la Commission des droits de l’homme des Nations unies, qui réclame l’autorisation d’effectuer une visite de contrôle dans le pays, et nous exhortons le gouvernement à adresser une invitation aux autres mécanismes intergouvernementaux de surveillance des droits humains », a déclaré Amnesty International.

Complément d’information
Tout au long de cette année, les divisions politiques au Vénézuéla ont menacé de dégénérer en des violences de grande ampleur. Actuellement, la tension est particulièrement forte en raison d’une grève nationale illimitée, qui en est déjà à son douzième jour, lancée par l’opposition pour renverser le président Hugo Chávez. Dans ce contexte, de nombreux actes de violence ont été commis, tels que l’homicide de trois personnes pendant une manifestation de l’opposition le 6 décembre sur la Plaza Francia, à Caracas. Cette grève paralyse de nombreux secteurs de l’économie.
Le 11 avril 2002, une grève générale similaire avait entraîné des violences qui avaient fait 20 morts. Ces violences avaient à leur tour entraîné un coup d’État manqué et l’incarcération temporaire du président Chávez. Le 13 avril, ce dernier était revenu au pouvoir après de vives protestations nationales et internationales contre cette violation de l’ordre constitutionnel. Depuis, plusieurs tentatives ont été menées pour trouver une solution négociée. César Gaviria, président de l’Organisation des États américains (OEA), joue actuellement le rôle de médiateur dans les négociations entre le gouvernement et l’opposition.

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