« Le Venezuela a traversé ces dernières années l’une des périodes les plus sombres de l’histoire du pays en matière de droits humains. Les autorités qui tiennent les rênes de l’État depuis au moins 2014 ont commis des violations graves et massives des droits humains [1], y compris de possibles crimes contre l’humanité, et ont plongé le pays dans une situation d’urgence humanitaire complexe qui a poussé plus de 25 % de la population à quitter le Venezuela, laissant derrière eux leurs foyers et familles. Ce contexte de répression, de nécessité et de recherche d’une vie digne définit et caractérise l’élection présidentielle imminente, a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
« Les mois qui ont précédé cette élection ont été marqués par des attaques incessantes contre l’espace [2] , des dizaines de cas de détention [3] arbitraire, des disparitions forcées, le recours à la torture [4], des représailles visant des commerçants et des prestataires de services pour des personnes de l’opposition, ainsi que des mesures administratives arbitraires et abusives. Dans le contexte actuel de discours menaçants, de censure et de persécution, nous appelons les autorités à garantir et respecter sans équivoque les droits de toutes les personnes au Venezuela pendant et après l’élection du 28 juillet.
« L’enquête en cours du bureau du procureur de la Cour pénale internationale aurait la possibilité de porter sur les responsables des arrestations, tortures, violences »
« Nous demandons dans les termes les plus fermes la libération
[5] immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues arbitrairement pour des motifs politiques dans le pays, notamment Rocío San Miguel, Javier Tarazona et Carlos Julio Rojas. Nous demandons également aux autorités de ne pas soumettre à des arrestations arbitraires, des disparitions forcées et des actes de torture les personnes qui ne pensent pas comme elles et celles qui défendent les droits humains. La politique de répression du gouvernement doit immédiatement cesser. »
Ana Piquer a également rappelé que « dans le contexte actuel d’escalade de la répression, l’enquête en cours du bureau du procureur de la Cour pénale internationale aurait la possibilité de porter sur les responsables des arrestations, tortures, violences fondées sur le genre et persécutions qui seraient commises dans le contexte des élections. Toutes les autorités responsables de tels actes, y compris la chaîne hiérarchique, peuvent et doivent être déférées devant des tribunaux indépendants [6] et impartiaux, avec toutes les garanties d’une procédure régulière.
« La communauté internationale doit soutenir de façon résolue les défenseur·e·s des droits humains qui accomplissent une tâche titanesque avec la protection des personnes en situation de grande vulnérabilité au Venezuela. Nous espérons également qu’elle continuera à prêter attention et à lancer des appels à l’action aux autorités vénézuéliennes, afin de soutenir les initiatives des victimes, des proches de ces dernières et des défenseur·e·s des droits humains visant à obtenir la vérité, la justice et des réparations pour les crimes commis dans le pays. Il est donc essentiel que cet engagement se traduise par le renouvellement des mandats de la mission d’établissement des faits sur le Venezuela des Nations unies et du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. »