VIÊT-NAM : Condamner un homme parce qu’il a exprimé son opinion est une violation des droits humains

Index AI : ASA 41/010/02

Amnesty International a exprimé sa consternation devant la condamnation de Le Chi Quang, qui a été condamné aujourd’hui (vendredi 8 novembre 2002) à quatre ans d’emprisonnement par un tribunal de Hanoï, à l’issue d’un procès qui n’aurait duré que quelques heures.

" Cette condamnation montre que les autorités vietnamiennes sont déterminées à étouffer la liberté d’expression en faisant appel à la législation relative à la sûreté nationale ", a déclaré Amnesty International.

L’organisation de défense des droits humains considère Le Chi Quang, un avocat de trente-deux ans, comme un prisonnier d’opinion.

" Le Chi Quang purge désormais une lourde peine d’emprisonnement pour avoir seulement voulu exercer de façon non violente ses droits fondamentaux à la liberté d’expression et d’association ", a souligné Amnesty International, en appelant à sa libération immédiate et inconditionnelle.

" Nous demandons aux autorités vietnamiennes de respecter le droit fondamental des citoyens d’exprimer pacifiquement leurs opinions politiques ", a ajouté l’organisation.
Arrêté le 21 février 2002 dans un cybercafé de Hanoï, Le Chi Quang était accusé d’ " infractions contre l’État et la République socialiste du Viêt-Nam ", pour avoir diffusé sur Internet des informations condamnant l’accord frontalier récemment conclu avec la Chine. Cet accord constitue une question sensible au Viêt-Nam et fait l’objet, à l’intérieur du pays, de critiques sans précédent.

Depuis le début de l’année, les autorités vietnamiennes ont procédé à plusieurs arrestations, dans le souci de faire taire les voix dissidentes. Le docteur Pham Hong Son, le journaliste Nguyen Vu Binh, l’ancien militaire Nguyen Khac Toan et le professeur de chimie Vu Ngoc Binh sont actuellement en détention pour s’être prononcés, notamment sur Internet, en faveur de réformes politiques non violentes et pour avoir critiqué la politique du gouvernement.

D’autres dissidents, comme le journaliste Bui Minh Quoc ou l’universitaire et écrivain Tran Khue, ont été officiellement placés en résidence surveillée, en vertu de mandats de détention administrative. D’autres encore sont soumis par les pouvoirs publics à une surveillance et à des harcèlements de tous les instants.

Contexte
La nouvelle réglementation, qui limite l’accès à Internet et l’usage qui peut en être fait, ne fait qu’accentuer l’inquiétude d’Amnesty International concernant le climat de répression qui prévaut actuellement au Viêt-Nam. Récemment, lors de l’examen de la manière dont le Viêt-Nam s’acquittait des obligations qui sont les siennes au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) (auquel ce pays a adhéré), le Comité des droits de l’homme des Nations unies a vivement critiqué, entre autres, les restrictions apportées à la liberté d’expression et a demandé que la législation nationale vietnamienne soit mise en conformité avec les normes juridiques internationales.
Le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire et sa vulnérabilité aux pressions politiques, ainsi que le recours à la détention administrative, permettant de placer les personnes en résidence surveillée pendant deux ans, sans la moindre intervention d’un juge ou d’un quelconque officier judiciaire, suscitent également une certaine inquiétude.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit