Communiqué de presse

Yémen : des dizaines d’adolescents en grève de la faim dans une prison après la condamnation à mort de l’un d’entre eux

Le désespoir et l’impuissance sont omniprésents dans cette prison yéménite où des dizaines de détenus mineurs se sont mis en grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention et la condamnation récente d’un des leurs à la peine capitale, ont indiqué des militants à Amnesty International.

Depuis le dimanche 27 janvier 2013, à la prison centrale de la capitale yéménite, Sanaa, 77 mineurs délinquants présumés ont décidé de refuser leurs repas tant que les autorités n’auraient pas satisfait à une liste de revendications rédigée et signée de leur main.

Ils ont lancé cette grève de la faim en réaction à la condamnation à mort de Nadim al Azaazi le 26 janvier pour un crime qu’il aurait commis alors qu’il n’avait que 15 ans.

« L’exécution de mineurs délinquants est expressément interdite par le Code pénal yéménite et le droit international relatif aux droits humains – les autorités yéménites doivent respecter leurs obligations et annuler immédiatement cette condamnation à mort », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les témoignages que nous avons reçus de l’intérieur de la prison centrale de Sanaa font état de conditions de détention réellement effroyables pour les mineurs délinquants, et nous exhortons les autorités à agir immédiatement pour que les mineurs soient traités humainement et ne soient pas maintenus derrière les barreaux au-delà de la durée de leur peine. »

Certains des adolescents détenus à la prison centrale de Sanaa ont semble-t-il purgé leur peine mais restent en détention car ils n’ont pas les moyens de payer les amendes infligées par le tribunal.

Les revendications des grévistes de la faim ont été remises aux autorités sous la forme d’un document manuscrit rédigé en arabe et signé de leur main, qu’Amnesty International a pu voir.

Outre l’annulation des condamnations à mort de Nadim al Azaazi et de tous les mineurs délinquants, les adolescents demandent que les mineurs soient systématiquement jugés par des tribunaux pour mineurs selon des procédures rapides.

Il arrive en effet que des procès de mineurs délinquants présumés durent plus de trois ans, et certains ont même été emprisonnés pendant de longues années avant que le tribunal ne reconnaisse finalement leur innocence.

Les grévistes de la faim réclament aussi la mise en place d’une commission médicale professionnelle qualifiée, reconnue par les tribunaux, qui s’appuie sur des méthodes scientifiques pour vérifier l’âge des mineurs délinquants présumés.

Ils veulent que les autorités réexaminent les peines qu’ils jugent injustes ou trop longues infligées pour des infractions de moindre gravité, et qu’elles respectent et reconnaissent le rôle des avocats et le droit des mineurs d’être représentés par l’avocat de leur choix.

Ils contestent également les conditions de détention, notamment le manque d’espace et l’absence de fenêtres, voire même de lits dans certains cas. Ils réclament l’arrêt immédiat des exercices ou des punitions physiquement humiliants que leur infligent les autorités pénitentiaires.

Ils sont aussi révoltés par la corruption du système judiciaire – notamment la falsification présumée de documents.

Plus de la moitié des adolescents qui ont signé la déclaration – 42 sur 66 – n’ont pas pu voir leur famille une seule fois depuis leur incarcération car ils viennent de régions éloignées de la capitale. Ils demandent à purger le reste de leur peine dans des établissements pour mineurs plus proches de leur domicile.

« Cet appel au secours fait apparaître les nombreuses violations des droits fondamentaux des détenus mineurs commises par les autorités yéménites, et doit être l’occasion d’appeler à l’adoption de mesures pour que les garanties d’une procédure légale soient respectées et les conditions de détention améliorées pour tous les mineurs délinquants du pays », a souligné Philip Luther.

Le droit international interdit la condamnation à mort ou à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle des personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés.

Amnesty International est opposée à la peine de mort en toutes circonstances, sans aucune exception.

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