« Justice doit être rendue aux victimes de cet événement terrible mais prévisible, qui a coûté la vie à tant de personnes, dont beaucoup d’enfants semble-t-il, a déclaré Grazia Careccia, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
« Les autorités houthies de facto doivent diligenter dans les plus brefs délais une enquête approfondie, indépendante, impartiale, transparente et efficace pour déterminer comment une action caritative a pu dégénérer en une catastrophe ayant fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. Les responsables présumés doivent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables. Les victimes et leurs familles doivent avoir accès à la justice et à des recours utiles. Les autorités doivent immédiatement cesser toute forme d’ingérence dans la distribution de l’aide humanitaire aux civil·e·s.
« C’est un nouveau coup dur pour la population du Yémen, qui subit déjà les lourdes conséquences de huit années de conflit armé ; plus des deux tiers de la population ont besoin d’aide humanitaire, et les taux de malnutrition chez les enfants sont alarmants. La communauté internationale ne peut pas continuer de fermer les yeux sur l’absence d’obligation de rendre des comptes pour les graves violations du droit international commises par toutes les parties au conflit. »
Complément d’information
Le soir du mercredi 19 avril 2023, des centaines de personnes se sont rassemblées pour une action caritative à l’école Maeen, dans le quartier de Bal al Yemen, à Sanaa, où était prévue une distribution d’argent pour les habitant·e·s. Il s’agissait de dons de 5 000 rials yéménites (environ huit dollars des États-Unis) distribués par des commerçants locaux pendant les derniers jours du ramadan. Deux organisateurs de cet événement ont été placés en détention et une enquête a été ouverte, d’après une déclaration du ministère de l’Intérieur houthi.
Des médias ont affirmé que le mouvement de panique avait été provoqué par des coups de feu tirés en l’air par des membres armés des autorités houthies de facto, qui auraient touché un câble électrique et provoqué une explosion. Le ministère de l’Intérieur houthi a quant à lui attribué cette bousculade à « une distribution aléatoire de sommes d’argent par des individus sans coordination avec le ministère de l’Intérieur et sans organisation. »
Sanaa est sous le contrôle des rebelles houthis depuis 2015 et les parties au conflit continuent de restreindre les déplacements et la distribution de l’aide humanitaire. En 2022, les attaques contre des travailleuses et travailleurs humanitaires et les actes de violence contre le personnel, les biens et les installations humanitaires commis par les parties au conflit se sont multipliés de manière alarmante.