YEMEN. Les autorités yéménites accusées de complicité dans une exécution extrajudiciaire

Index AI : PRE 01/264/2010

ÉFAI - 2 août 2010

Amnesty International a demandé instamment aux autorités yéménites d’ouvrir sans délai une enquête indépendante sur l’exécution extrajudiciaire d’un homme accusé d’avoir tué un cheikh tribal.

Ali Abdullah Muhsin al Rajhi était accusé du meurtre du cheikh, mais au lieu d’être arrêté et conduit devant la justice par les autorités, il a été livré à la famille de la victime et sommairement exécuté.

Il aurait été abattu par un proche du cheikh le 18 juillet 2010 devant une foule au pied d’une mosquée dans le village d’al Hajfa, au sud-est de la capitale, Sanaa.

Amnesty International croit savoir que les autorités, notamment la police, étaient conscientes de ce qui se passait mais ne sont pas intervenues et n’ont pris aucune mesure à l’égard des auteurs présumés de ce crime.
« Cet homicide n’était rien moins qu’une “loi du lynchage”, vraisemblablement appliquée d’un commun accord entre les familles du cheikh et de son meurtrier présumé et avec la complicité de la police et des autorités locales, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« On ne doit pas permettre qu’il reste impuni. Les autorités yéménites doivent veiller à ce que les personnes qui ont commis cet homicide illégal soient déférées sans attendre à la justice. »

D‘après les informations recueillies, Ali Abdullah Muhsin al Rajhi n’a pas été livré aux autorités parce que sa famille et celle du cheikh assassiné ont décidé que la procédure prendrait trop de temps et serait coûteuse pour elles.

Ali Abdullah Muhsin al Rajhi a donc été forcé à s’asseoir face au mur de la mosquée du village d’al Haifa, puis un membre de la famille de la victime lui a tiré dans le dos à bout portant.

Cet homicide se serait déroulé devant une vaste foule de villageois. Ali Abdullah Muhsin al Rajhi a reçu trois balles dans le dos, puis d’autres dans la poitrine. Son corps a ensuite été emmené par ses proches et inhumé.

« Les personnes accusées de crimes doivent être traitées conformément à la loi et leurs droits humains doivent être respectés, quels que soient les faits qui leur sont reprochés, a souligné Malcolm Smart.

« Elles doivent être arrêtées, inculpées et jugées dans le cadre d’un procès équitable par les autorités judiciaires du Yémen et, si elles sont reconnues coupables, elles doivent pouvoir faire appel et ne doivent pas encourir la peine capitale. »

Après le meurtre du cheikh, Ali Abdullah Muhsin al Rajhi se serait réfugié dans la région voisine de Hawlan mais il aurait été livré par des chefs tribaux locaux à sa famille et aux chefs tribaux de son village.
S’en sont suivies des négociations entre sa famille et celle du cheikh, qui ont des liens de parenté, au sujet de la possibilité d’obtenir un pardon et une réconciliation, mais les proches du cheikh auraient exigé qu’il soit exécuté immédiatement.

« Ce cas est d’autant plus choquant que la police et les autres autorités locales semblent être complices, a ajouté Malcolm Smart.

« Leur rôle doit également faire l’objet d’une enquête et ces responsables doivent aussi être amenés à rendre des comptes s’il s’avère qu’ils ont autorisé, et de fait cautionné, ce crime. »

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