YÉMEN Les homicides de civils doivent donner lieu à des enquêtes

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a écrit au ministre de l’Intérieur yéménite pour lui
demander l’ouverture d’enquêtes sur les homicides dont sont victimes en
nombre grandissant les civils dans le nord du pays.

L’organisation a aussi insisté pour que le Dr Rashad Muhammad Al Alimi
veille à ce que les détenus ne soient pas torturés et garantisse le strict
respect des normes internationales relatives à l’application de la loi et à
l’utilisation de la force.

L’appel d’Amnesty International intervient à la suite d’accrochages entre
les forces de sécurité et les partisans de Hussein Badr Al Din Al Huthi, un
religieux de la communauté chiite Zaïdi dans la province de Sada, à environ
250 kilomètres de la capitale, Sanna.

Le nombre exact de victimes depuis le 21 juin 2004, date du début des
accrochages, n’est pas connu. La semaine dernière, le ministre de
l’Intérieur aurait communiqué au Parlement le nombre de 118 personnes tuées.
Mais selon d’autres sources, ce nombre pourrait s’élever à 500 personnes. La
plupart des homicides résulteraient de l’utilisation d’armement lourd par
les forces de sécurité gouvernementales, notamment des hélicoptères
d’attaque. Dans au moins un cas, un hélicoptère aurait visé des cibles
civiles, tuant plusieurs personnes. Amnesty International craint que
l’utilisation d’une force excessive et des exécutions extrajudiciaires ne
soient l’une des causes ou même la cause principale de ces homicides en
nombre croissant.

Dans sa lettre, l’organisation demandait des détails sur toute enquête
concernant ces homicides. Si ces enquêtes n’avaient pas eu lieu, Amnesty
International insistait auprès du gouvernement pour qu’elles aient lieu sans
délai, que ses conclusions soient rendues publiques et que les suspects
soient traduits en justice.

L’organisation a également demandé des assurances quant au strict respect
des normes internationales par les forces de sécurité, notamment les
Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et
l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois
et le Code de conduite des Nations unies pour les responsables de
l’application des lois.

Ces normes internationales fixent clairement les limites qui s’appliquent à
l’emploi de la force par les responsables de l’application des lois,
notamment l’interdiction de l’utilisation d’armes à feu, sauf si des vies
sont en danger et en l’absence de tout autre moyen. Selon le principe numéro
9, « Quoiqu’il en soit, ils [les responsables de l’application des lois] ne
recourront intentionnellement à l’usage meurtrier d’armes à feu que si cela
est absolument inévitable pour protéger des vies humaines. » et le principe
numéro 8 précise : « Aucune circonstance exceptionnelle, comme l’instabilité
de la situation poli-tique intérieure ou un état d’urgence, ne peut être
invoquée pour justifier une déro-gation à ces principes de base. »

Les forces de sécurité auraient procédé à des arrestations de masse dans la
province de Sada et ailleurs, notamment à Sanaa. Parmi les personnes
arrêtées se trouveraient des partisans de Hussein Badr Al Din Al Huthi et
des religieux qui ont exprimé leur opposition aux accrochages continuels
dans la province de Sada. Les personnes qui n’ont pas été libérées seraient
maintenues au secret et risqueraient la torture.

Amnesty International a cherché à obtenir l’assurance que les détenus ne
risquent pas d’être torturés ou d’être victimes de mauvais traitements et a
demandé instamment la libération immédiate de toute personne détenue
uniquement pour avoir exprimé pacifiquement son opinion. Toute personne
retenue en raison d’une infraction pénale manifeste doit pouvoir rencontrer
un avocat et bénéficier d’un procès équitable en conformité avec les normes
internationales.

Contexte

La tension entre le gouvernement et les partisans de Hussein Badr Al Din Al
Huthi, un religieux de la communauté Zaïdi, s’avive depuis l’invasion
américaine en Irak en 2003. Des centaines de ses partisans sont arrêtés
chaque semaine pour avoir crié des slogans antiaméricains et anti-israéliens
après la prière du vendredi. La tension est encore montée avec les
accrochages de fin juin 2004, après le refus de Hussein Badr Al Din Al Huthi
de se rendre aux forces de sécurité, comme le lui avait demandé le
gouvernement.

Index AI : MDE 31/008/2004

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