Le 22 mars, la cour d’appel de Sanaa a confirmé la condamnation prononcée contre Hamid Haydara en janvier 2018 à l’issue d’un procès interminable et manifestement inique qui a duré près de cinq ans. Hamid Haydara, qui n’a pas été autorisé à assister à cette audience, a été jugé pour des allégations infondées d’espionnage, une infraction passible de la peine de mort.
« Cette décision, rendue en l’absence d’Hamid Haydara, n’est que le dernier épisode d’un procès marqué par des irrégularités flagrantes. Elle montre jusqu’où les Houthis sont prêts à aller pour renforcer leur contrôle, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Il ne fait aucun doute qu’Hamid Haydara est condamné à mort uniquement en raison de ses croyances et convictions et de ses activités pacifiques. Nous demandons aux autorités houthies d’annuler sa condamnation à mort et de le libérer immédiatement et sans condition. »
Le 22 mars, la cour d’appel a également validé la décision prise de confisquer tous les avoirs d’Hamid Haydara, de fermer toutes les institutions baha’ies et de saisir tous leurs avoirs.
Pour faire appel de cette décision auprès de la Cour suprême dans le délai imparti de deux semaines, Hamid Haydara doit signer des formulaires afin que son avocat puisse déposer un recours. Cependant, les autorités houthies lui interdisent pour l’instant toute visite et toute possibilité de communiquer avec ses avocats.
Complément d’information
Depuis qu’Hamid Haydara a été arrêté en décembre 2013, Amnesty International a fait part aux autorités houthies de facto de ses préoccupations concernant les motifs de sa détention et la procédure judiciaire entachée de graves irrégularités dans son affaire, notamment sa détention provisoire excessive, les retards injustifiés pour son procès, ses allégations d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, et le fait qu’il n’a pas bénéficié des services d’un avocat pendant ses interrogatoires.
Amnesty International a recensé les cas de 66 personnes, en grande majorité des hommes, faisant toutes actuellement l’objet de poursuites judiciaires, sauf une. Ces personnes ont comparu devant le Tribunal pénal spécial siégeant à Sanaa, entre 2015 et 2020. Des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains, des opposant·e·s politiques et des membres de minorités religieuses comptent parmi les personnes jugées dans le cadre de procès iniques par ce tribunal pour des accusations fallacieuses ou forgées de toutes pièces. Elles sont jugées pour des accusations d’espionnage, une infraction obligatoirement punie de la peine capitale au titre du droit yéménite.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances et sans aucune exception, indépendamment de la nature et des circonstances de l’infraction commise, de la situation du condamné, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit