Communiqué de presse

Zambie. Un tribunal reporte le jugement dans le procès de deux hommes accusés d’avoir eu des relations homosexuelles

La détention prolongée de deux Zambiens accusés d’avoir eu des relations homosexuelles est un affront pour tous ceux qui défendent les droits fondamentaux, l’égalité et la non-discrimination, et les autorités doivent les libérer immédiatement, a déclaré Amnesty International le 30 mai.

Le tribunal de première instance de Kapiri Mposhi devait rendre son verdict le 30 mai dans l’affaire James Mwape et Philip Mubiana. Ces deux hommes sont détenus depuis plus d’un an, accusés d’avoir eu des relations sexuelles « contre-nature ». Mais en raison des retards du procureur, l’affaire a été repoussée à une date inconnue.

« Ces hommes ont déjà passé plus d’un an derrière les barreaux, puisqu’ils se sont vus refuser la libération sous caution, alors qu’ils sont accusés de quelque chose qui ne devrait pas constituer un crime. Enfermer des gens en raison de leur orientation sexuelle réelle ou présumée est répréhensible et bafoue clairement le droit international et la justice, a déclaré Simeon Mawanza, chercheur sur la Zambie à Amnesty International.

« La justice fait preuve d’une grande lenteur envers ces deux hommes. Tout d’abord leur incarcération, puis les retards inexcusables de la procédure, ternissent grandement le système judiciaire zambien. Amnesty International considère ces deux hommes comme des prisonniers d’opinion et demande leur libération immédiate et inconditionnelle. »

Aux termes du Code pénal zambien, l’homosexualité est considérée comme un crime et, s’ils sont déclarés coupables, les deux hommes encourent au moins 14 ans de prison. Cette affaire intervient alors que de hauts responsables du gouvernement ont fait des déclarations incendiaires, invitant la population à signaler toute personne soupçonnée d’être homosexuelle ou de « promouvoir l’homosexualité ».

« Dans un climat de peur croissante en Zambie, Amnesty International demande aux autorités de remplir leurs obligations : respecter et protéger tous les droits humains, et mettre fin à la persécution fondée sur l’orientation sexuelle réelle ou présumée ou l’identité de genre, a déclaré Simeon Mawanza.

« Nous sommes inquiets, car l’espace pour les droits humains en Zambie se rétrécit sous le gouvernement actuel. Les libertés fondamentales sont menacées, les opposants politiques, la société civile et les minorités sexuelles étant systématiquement réduits au silence. »

Amnesty International demande la libération immédiate de James Mwape et Philip Mubiana, et l’abrogation des lois qui érige en infraction les relations entre personnes de même sexe.

Complément d’information

Les deux hommes, âgés de 22 ans, ont été arrêtés le 25 avril 2013 et détenus jusqu’au 2 mai, avant d’être libérés sous caution. Ils ont de nouveau été arrêtés le 6 mai et ont subi de force des examens rectaux effectués par des médecins du service public afin de « prouver » qu’ils ont bien eu des rapports sexuels. Ces examens équivalent à des actes de torture.

Ils sont inculpés d’avoir eu des relations sexuelles « contre-nature », au titre de l’article 155 du Code pénal zambien.

James Mwape et Philip Mubiana nient les accusations portées contre eux.

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