Job Sikhala a été condamné à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis, avec la possibilité de payer une amende d’un montant de 600 dollars des États-Unis au lieu de passer six mois derrière les barreaux. Le procès de Job Sikhala était lié à une vidéo rendue publique sur Internet, dans laquelle il est accusé d’avoir dit que le parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), avait tué Moreblessing Ali, une militante de la CCC. Job Sikhala, qui est en détention depuis juin l’an dernier, a nié avoir filmé cette vidéo et un expert ayant témoigné devant le tribunal a affirmé que la séquence en question avait été falsifiée.
« La déclaration de culpabilité et la condamnation de Job Sikhala est une parodie de justice et une illustration choquante de la répression croissante contre la contestation pacifique, en particulier contre des responsables et des membres de partis d’opposition au Zimbabwe », a déclaré Flavia Mwangovya, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
« La déclaration de culpabilité et la condamnation de Job Sikhala, ainsi que d’autres personnes ayant critiqué le gouvernement ces dernières semaines, notamment Fadzayi Mahere, elle aussi membre de la CCC, et Jacob Ngarivhume, dirigeant de Transform Zimbabwe, s’inscrivent dans un schéma répressif visant à persécuter les militant·e·s et les politiciens de l’opposition, et à étouffer les opinions dissidentes avant les élections générales qui auront lieu plus tard cette année. »
« On observe actuellement une restriction inquiétante de l’espace civique au Zimbabwe, assortie d’une multiplication des manœuvres de persécution visant quiconque ose s’exprimer librement, en particulier les personnes demandant aux autorités de faire preuve de transparence et de rendre des comptes. »
Le 28 avril, Jacob Ngarivhume a été déclaré coupable et condamné à 48 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, sur la base de charges d’incitation à la violence, pour avoir simplement exercé son droit à la liberté d’expression. Il avait été arrêté, puis inculpé, après avoir mené et organisé des manifestations contre la corruption le 31 juillet 2020.
Le 5 avril 2023, Fadzayi Mahere, porte-parole nationale de la CCC, a été déclarée coupable de « publication ou communication de fausses déclarations portant préjudice à l’État » et condamnée à payer une amende de 500 dollars des États-Unis, après avoir diffusé sur Twitter une vidéo affirmant qu’un policier avait tué un bébé, même si la loi en vertu de laquelle elle a été condamnée n’existe pas.
Tsitsi Dangarembga, autrice et militante zimbabwéenne, et Julie Barnes ont chacune été condamnée à une peine de six mois de prison avec sursis en 2022 pour « incitation à la violence », après avoir participé aux manifestations du 31 juillet 2020.
« Les autorités utilisent les tribunaux pour réduire au silence les membres de l’opposition qui demandent de la transparence, que des comptes soient rendus et les droits humains protégés », a déclaré Flavia Mwangovya.
« Les autorités doivent cesser de museler et criminaliser l’opposition, et d’essayer de réduire au silence quiconque demande justice et respect pour les droits humains, et permettre au lieu de cela à chaque personne d’exercer librement son droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »
Contexte
Job Sikhala a été arrêté le 14 juin 2022 après avoir assisté aux funérailles de Moreblessing Ali, portée disparue pendant trois semaines avant que son corps mutilé ne soit découvert le 11 juin 2022. Job Sikhala a été arrêté en même temps que Godfrey Sithole, un autre député de l’opposition, et 14 autres militants de la CCC, et est incarcéré à la prison de sécurité maximum de Chikurubi, dans la capitale, Harare. Le jugement devait être rendu le 28 avril mais a été reporté au 3 mai 2023.
Job Sikhala restera en détention même s’il paie l’amende à laquelle il a été condamné le 3 mai, dans l’attente de l’ouverture de son procès pour deux autres charges d’incitation à la violence et de troubles à l’ordre public.