« Nous déplorons que cette élection ait dégénéré en bain de sang, ce qui aurait pu être évité si les forces de sécurité avaient fait preuve de retenue face aux manifestants. La conduite de l’armée doit rapidement faire l’objet d’investigations et les responsables présumés doivent être traduits en justice, a déclaré Colm Ó Cuanacháin, secrétaire général par intérim d’Amnesty International.
« En tirant à balles réelles sur des manifestants non armés, l’armée a enfreint la loi qu’elle est censée protéger. La militarisation de l’environnement post-électoral bâillonne la liberté d’expression, d’association et de réunion. Le droit des citoyens de manifester doit être garanti. »
La police a confirmé que trois personnes ont été tuées après que les soldats ont tiré à balles réelles sur des manifestants qui s’enfuyaient lors des manifestations post-électorales organisées à Harare. Certaines victimes ont reçu des balles dans le dos.
En outre, l’armée a ordonné aux journalistes couvrant les rassemblements d’éteindre leurs équipements d’enregistrement vidéo et leurs caméras.
Les manifestants demandaient que la Commission électorale du Zimbabwe accélère la publication des résultats de l’élection présidentielle au lendemain du scrutin du 30 juillet.
Les armes à feu ne doivent jamais être utilisées comme un moyen de contenir les débordements des manifestants, mais uniquement pour se défendre d’une menace imminente de mort ou de blessure grave, afin de sauver la vie d’autrui.
« La mort de citoyens manifestant pour obtenir les résultats d’une élection était totalement inutile. Ils voulaient connaître le résultat du scrutin et les autorités zimbabwéennes avaient le devoir de faciliter ces rassemblements de manière pacifique, sans déployer l’armée dans les rues, a déclaré Colm Ó Cuanacháin.
« Par ailleurs, il importe de garantir et de respecter la liberté des médias en cette période post-électorale. Les journalistes ne devraient pas subir des actes d’intimidation parce qu’ils font leur travail. »
Complément d’information
Les violences post-électorales du 1er aout font suite au scrutin du 30 juillet, qui combinait élections présidentielle, législatives et locales.
L’élection du 30 juillet s’est déroulée dans un climat d’intimidation dans certaines zones rurales du Zimbabwe, des hommes en uniforme militaire et des agents du renseignement étant déployés dans des villages. Selon certaines informations, à l’approche des élections, les agents des services de renseignement frappaient à chaque porte, parfois la nuit, pour dire aux villageois de « bien voter », notamment dans des villages comme Mutoko et Domboshava dans la province du Mashonaland-Est.