L’organisation a signalé que l’article 35 du projet, tel qu’il se présente actuellement, pourrait mettre la santé des adolescentes encore plus en danger car il implique que toute personne de moins de 18 ans n’est pas en capacité juridique de consentir à recevoir des services et des informations de santé.
« Au Zimbabwe, les adolescentes subissent depuis trop longtemps les conséquences de lois incohérentes qui servent à les priver de leurs droits sexuels et reproductifs. À cela s’ajoute la honte et la stigmatisation associées aux services de santé sexuelle à destination des adolescentes. Au bout du compte, les jeunes filles courent un risque accru de grossesse non désirée et d’infection par le VIH », a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International.
« En réalité, la vie sexuelle de nombreux adolescents commence avant 18 ans et il faut que l’État prenne les mesures nécessaires afin que ceux-ci puissent bénéficier des services et recevoir les conseils dont ils ont besoin pour préserver leur santé et leur avenir. »
Le droit zimbabwéen fixe l’âge du consentement à une relation sexuelle à 16 ans mais de nombreux adolescents démarrent leur activité sexuelle plus tôt. Dans un récent , Amnesty International a révélé que la confusion découlant de l’incohérence des lois compliquait l’accès des adolescentes aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive, ce qui représentait souvent un grave danger pour leur santé.
Le fait que l’État tarde à relever l’âge légal du mariage à 18 ans dans les lois, conformément à la Constitution, a semé une confusion généralisée quant au droit d’accès aux services de santé, dans un contexte où la sexualité prénuptiale fait l’objet de tabous profondément ancrés. Par conséquent, il est rare que des adolescents aient accès aux services et aux informations de santé sexuelle et reproductive.
Des spécialistes de la santé publique et des droits humains ont appelé l’État zimbabwéen à supprimer la limite d’âge applicable à l’accès aux services et aux informations de santé sexuelle et reproductive, et à veiller à ce que cet accès ne soit pas soumis à l’autorisation d’un tiers.
Par ailleurs, les adolescentes zimbabwéennes sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination, au risque de mariage précoce, à des problèmes économiques et à la difficulté d’achever leurs études.
« Il faut que les législateurs saisissent cette occasion pour élaborer des lois qui protègent et respectent les droits humains de tous les Zimbabwéens, quels que soient leur âge et leur milieu », a déclaré Muleya Mwananyanda.
« En outre, l’égalité entre hommes et femmes doit être inscrite dans toute nouvelle loi de santé publique, ce qui constituera un premier pas vers l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination qui ont causé tant de tort. »
Amnesty International exhorte les législateurs à protéger le droit de chacun et chacune de bénéficier de services de santé sexuelle et reproductive, tel que le garantit la Constitution.
L’organisation demande aussi que la section 31 de la Loi relative à la santé publique soit modifiée de manière à consacrer l’égalité des genres et à prévenir les discriminations, notamment liées au genre, à l’âge, à l’état de santé, à l’orientation sexuelle ou à d’autres caractéristiques.
Complément d’information
La Commission parlementaire sur la santé et les soins aux enfants (PCHCC) et les députés dirigeront le débat sur le projet de loi concernant la santé publique durant la semaine du 7 mai 2018.
Le projet de modification de la Loi de 1924 relative à la santé publique a déjà fait l’objet de deux lectures cette année.