ZIMBABWE : Le gouvernement accentue la répression contre les défenseurs des droits humains

Index AI : AFR 46/048/02

Amnesty International condamne l’attitude du gouvernement zimbabwéen, qui cherche à faire taire les défenseurs des droits humains. Les récentes déclarations de certains ministres indiquent que les autorités sont décidées à renforcer leur surveillance des organisations non gouvernementales (ONG) qui dénoncent la détérioration de la situation des droits humains au Zimbabwe, et à intensifier les pressions sur elles.

" Les organisations de défense des droits humains qui dénoncent les violations de ces droits et sont perçues comme critiquant la politique gouvernementale sont sujettes à des attaques de plus en plus fréquentes ", a déclaré aujourd’hui (samedi 16 novembre 2002) Amnesty International.

L’organisation de défense des droits humains appelle le gouvernement zimbabwéen à respecter la Déclaration des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus. Elle lui demande de cesser immédiatement toute manœuvre d’intimidation et de harcèlement à l’égard des organisations et des personnes qui militent pour la défense des droits fondamentaux.

" Les autorités doivent permettre aux défenseurs des droits humains d’agir sans avoir à craindre les menaces ou les arrestations. Les pouvoirs publics du Zimbabwe et la communauté internationale doivent veiller à ce que des enquêtes publiques impartiales et indépendantes soient menées sur les atteintes aux droits humains et à ce que les responsables de tels actes soient traduits en justice ", a insisté Amnesty International.

Le 13 novembre, le gouvernement a publié une liste d’ONG qui, selon lui, menaceraient l’ordre et la sécurité du pays. Le même jour, le ministre de la Justice et des Affaires juridiques et parlementaires, Patrick Chinamasa, s’exprimant devant le Parlement, a accusé plusieurs associations, dont Amani Trust, organisation très active d’aide et de défense des droits humains, figurant sur la liste, de chercher à déstabiliser le Zimbabwe. Le ministre des Services publics, du Travail et de la Sécurité sociale, July Moyo, aurait pour sa part déclaré que les organisations qui, comme Amani Trust, ne sont pas enregistrées au titre de Loi relative aux organisations privées et bénévoles allaient être contraintes de cesser leurs activités, sous peine d’arrestation de leurs militants.

Le gouvernement aurait également cherché à jeter le discrédit sur les informations relatives à la violence politique diffusées par Amani Trust. Les conclusions des travaux menés par Amani Trust sur les atteintes aux droits humains perpétrées au Zimbabwe sont corroborées par les enquêtes effectuées par Amnesty International et un certain nombre d’autres organisations internationales d’aide humanitaire et de défense des droits humains. Amnesty International estime que les allégations du gouvernement s’inscrivent dans le cadre d’une tentative plus générale, visant à discréditer Amani Trust et à saper son action et sa réputation. Amani Trust semble avoir été plus particulièrement pris pour cible par les pouvoirs publics en raison de ses recherches méticuleuses sur les violations des droits humains.

" La récente décision du gouvernement de faire appliquer à la lettre la Loi relative aux organisations privées et bénévoles fait partie d’une campagne plus vaste, qui vise à faire fermer les organisations et à museler les média indépendants qui se penchent sur les atteintes perpétrées au Zimbabwe et n’hésitent pas à les dénoncer. Certaines de ces organisations, comme Amani Trust, fournissent des services absolument essentiels d’aide médicale et psychologique à des centaines de personnes victimes de la violence politique et de la torture. L’évolution actuelle, qui intervient alors que l’État mène déjà une politique d’intimidation et de harcèlement permanents à l’égard des journalistes et des avocats indépendants, crée un climat hostile, défavorable à l’action des défenseurs des droits humains ", a conclu Amnesty International

Complément d’information
Le gouvernement zimbabwéen a publié en septembre une note invitant toutes les ONG à se faire enregistrer auprès des pouvoirs publics, conformément à l’article 6 de la Loi relative aux organisations privées et bénévoles. Il indiquait dans cette note que les ONG qui refuseraient de se faire enregistrer s’exposeraient à des poursuites. Entrée en vigueur en 1997, la Loi relative aux organisations privées et bénévoles n’a jamais été totalement appliquée. Certains craignent en outre que de nouvelles dispositions juridiques soient adoptées, qui restreindraient encore davantage la liberté d’action des ONG.

Frances Lovemore, médecin et directrice médicale d’Amani Trust, a été arrêtée au mois d’août et inculpée de " publication ou divulgation de propos mensongers portant préjudice à l’État ". Cette inculpation était en fait inspirée par des informations parues dans la presse, concernant l’action d’Amani Trust auprès de victimes de la torture et de viols à motivation politique. Les bureaux d’Amani Trust ont été investis par la police, qui y a effectué une perquisition. Frances Lovemore a été remise en liberté le lendemain du jour de son arrestation et les poursuites engagées contre elle ont été abandonnées, faute de preuves suffisantes.

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