Communiqué de presse

Zimbabwe. Les autorités doivent libérer les défenseurs des droits humains détenus illégalement

Trois défenseurs des droits humains qui sont détenus illégalement par la police zimbabwéenne doivent être libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International jeudi 8 novembre.

Fidelis Mudimu, Zachariah Godi et Tafadzwa Geza ont été arrêtés arbitrairement après que la police a effectué une descente lundi 5 novembre dans leurs bureaux de Harare. Ils ont ensuite été transférés illégalement à plus de 400 kilomètres de là, à Bulawayo.

Ces trois hommes sont des cadres de l’Unité de soutien psychologique (CSU), dispensaire dûment enregistré qui prodigue une assistance médicale et psychologique aux victimes de la violence organisée et de la torture.

En vertu du droit zimbabwéen, les personnes arrêtées doivent être présentées à un magistrat et inculpées dans les 48 heures ou être libérées.

« Amnesty International considère ces trois hommes comme des prisonniers d’opinion, arrêtés uniquement en raison de leurs activités légitimes d’assistance aux victimes d’actes de torture », a déclaré Noel Kututwa, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

« Ces manœuvres d’intimidation et actes de harcèlement flagrants visant des défenseurs des droits humains au Zimbabwe doivent cesser. »

Amnesty International estime que la détention illégale de ces trois hommes relève d’une pratique bien établie des autorités, qui consiste à harceler et tenter d’intimider de façon systématique les membres de la société civile pour faire taire les voix dissidentes à l’approche des élections de 2013.

Une autre organisation non gouvernementale basée à Harare a fait l’objet d’un raid de la police il y a moins de trois mois. En août, la police s’est rendue à deux reprises dans les locaux de l’organisation Gays et lesbiennes du Zimbabwe (GALZ), dont plusieurs membres ont été arrêtés et placés en détention.

« Nous craignons que les hommes concernés, qui sont extrêmement respectés pour leur travail auprès de victimes d’atteintes aux droits humains, ne subissent eux-mêmes des actes de torture », a ajouté Noel Kututwa.

Lundi 5 novembre au matin, une dizaine de policiers sont arrivés à la CSU sans autorisation de perquisition. Environ deux heures plus tard, un camion de policiers antiémeutes est arrivé en renfort. Ceux-ci ont menacé de lancer du gaz lacrymogène dans le centre médical lorsque le personnel et les patients ont refusé de les laisser entrer.

La police a finalement présenté une autorisation de perquisition indiquant qu’elle avait pour mission de retrouver des « documents injurieux et subversifs ». Elle a saisi des dossiers médicaux confidentiels, un ordinateur et des documents non visés par l’autorisation, et arrêté les trois hommes.

Mercredi 7 novembre dans l’après-midi, aux environs de l’heure limite à laquelle ils auraient dû être inculpés ou libérés aux termes du droit zimbabwéen, Fidelis Mudimu, Zachariah Godi et Tafadzwa Geza ont été transférés à Bulawayo, à 464 kilomètres. On leur aurait dit qu’ils étaient recherchés par la police de la ville pour des infractions liées aux motifs figurant sur l’autorisation de perquisition. La CSU ne dispose pourtant d’aucun bureau ni local à Bulawayo.

« Pour être transférés illégalement, ces hommes ont été entassés sans ménagement dans un pick-up découvert, à la merci du soleil, et ce malgré la longueur du trajet et la température excédant les 30 °C », a indiqué Noel Kututwa.

« La police zimbabwéenne a eu recours une fois de plus à un modus operandi qui est loin de respecter les normes acceptables en matière de conduite policière et agit au mépris total du bien-être des personnes qu’elle détient », a-t-il déploré.

« La situation est symptomatique de l’incapacité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à faire appliquer au Zimbabwe la réforme des services de sécurité convenue dans le cadre de l’Accord politique global. La SADC doit prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour faire cesser le harcèlement et les manœuvres d’intimidation visant des organisations de la société civile dans ce pays. »

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