Liu Xiaobo : Amnesty au chevet des droits humains devant l’ambassade de Chine

Ce mercredi 12 juillet, des militants d’Amnesty International se sont rassemblés devant l’ambassade de Chine pour appeler les autorités à accorder à Liu Xiaobo et à Su Changlan les soins médicaux dont ils ont besoin. Vêtus de blouses blanches, de masques et de gants, ils ont rappelé que, en Chine, les droits humains sont gravement malades et qu’un grand nombre de défenseurs des droits humains se retrouvent emprisonnés du seul fait de leur engagement. Les signatures d’une pétition lancée il y a deux semaines en faveur de Liu Xiaobo ont également été remises à cette occasion.

« Parce qu’ils ont voulu défendre les droits fondamentaux dans leur pays, des avocats, des écrivains, des journalistes et des activistes sont condamnés à de lourdes peines de prison ; certains le paient de leur santé. À l’heure où un prix Nobel de la paix injustement incarcéré se meurt, il est essentiel de rappeler que les droits humains souffrent énormément en Chine, à son image », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Liu Xiaobo est en phase terminale d’un cancer du foie développé pendant son incarcération. Outre le fait que lui soit reconnu le droit effectif d’être soigné dans les conditions de son choix, l’organisation de défense des droits humains demande aux autorités chinoises qu’il soit libéré sans délai et sans condition - tout comme les autres prisonniers incarcérés uniquement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux - et que soit mis un terme à l’assignation à résidence illégale visant son épouse, Liu Xia. À l’occasion de cette mobilisation, les militants ont également mis en avant le cas de Su Changlan, défenseure des droits humains elle aussi incarcérée et dont l’état de santé est très préoccupant.

L’organisation de défense des droits humains a par ailleurs dénoncé la répression dont sont victimes depuis le 9 juillet 2015 les avocats et les militants qui défendent les des droits humains en Chine. En effet, près de 250 d’entre eux ont été depuis lors pris pour cible ; six ont été déclarés coupables de « subversion du pouvoir de l’État » ou d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Trois autres sont en instance de procès ou de jugement.

« Depuis deux ans, l’État chinois s’emploie méthodiquement à écarter les avocats et les militants qui défendent les droits humains. Cette répression brutale, qui se traduit par des arrestations arbitraires, des détentions au secret, des faux aveux, des actes de torture et d’autres mauvais traitements, doit cesser, a déclaré Nicholas Bequelin, directeur du programme Asie de l’Est à Amnesty International.

La répression visant les avocats spécialistes des droits humains participe d’une action délibérée des autorités chinoises pour bâillonner la société civile. Des projets de loi et des textes juridiques récents confèrent à celles-ci le pouvoir de prendre pour cible, pratiquement sans aucun contrôle, des personnes et des organisations qu’elles perçoivent comme des détracteurs du régime et de ses politiques.

« Les avocats et les défenseurs jouent un rôle crucial dans la protection des droits humains et de l’état de droit. Les souffrances qui continuent de leur être infligées, ainsi qu’à leur famille, contredisent le discours des autorités chinoises, qui prétendent faire respecter l’état de droit. »

Dans ce cadre, la torture des avocats détenus demeure une pratique systématique. Xi Yang, un avocat libéré sous caution en mai, a indiqué à ses propres avocats qu’il avait été battu, interrogé longuement et privé d’eau et de sommeil pendant ses 22 mois de détention. L’épouse de Li Heping, un autre avocat, a expliqué que son mari avait été forcé à prendre des médicaments et enchaîné jusqu’à 24 heures par jour pendant sa détention. Cet homme a été condamné à trois ans d’emprisonnement avec sursis en avril pour « subversion du pouvoir de l’État ».

La détention au secret est également courante. L’avocat Wang Quanzhang a ainsi été arrêté en août 2015. Sa famille ignore toujours où il se trouve, comment il va et même s’il est en vie. Un autre éminent avocat spécialiste des droits humains, Jiang Tianyong, a été emmené par la police en novembre 2016. Pendant des mois, les autorités ont refusé d’indiquer à sa famille où il se trouvait. En mai, la police a enfin informé ses proches qu’il avait été arrêté officiellement pour « subversion du pouvoir de l’État », une infraction passible de la réclusion à perpétuité. Il se trouve actuellement au centre de détention n° 1 de Changsha, mais ses avocats ont toujours l’interdiction de lui rendre visite.

« Il faut que l’État cesse de se comporter de manière impitoyable à l’égard des avocats et des militants qui défendent les droits humains. Ils doivent arrêter de les faire souffrir et libérer ceux qui sont détenus uniquement pour avoir mené leurs activités en faveur des droits fondamentaux », a déclaré Nicholas Bequelin.

Complément d’information

Liu Xiaobo a écrit et diffusé entre 2005 et 2007 six articles dans lesquels il critique la corruption, la censure, le régime de parti unique et plaide en faveur d’une démocratie pluraliste. Liu Xiaobo a également rédigé et publié la Charte 08, un manifeste réclamant une réforme démocratique et la protection effective des droits universels en Chine. Ses productions lui ont valu d’être condamné à 11 ans de prison le 25 décembre 2009 pour incitation à la subversion de l’État. Liu Xiaobo a reçu le prix Nobel de la paix en octobre 2010. Depuis, son épouse, Liu Xia, également activiste des droits humains, est assignée à résidence à son domicile et est surveillée en permanence par les forces de sécurités chinoises. En février 2014, les médecins lui ont diagnostiqué un trouble cardiaque, mais elle n’a pas accès aux soins nécessaires.

Après deux ans d’emprisonnement sans jugement, la défenseure chinoise des droits des femmes Su Changlan a été condamnée le 31 mars 2017 à une peine de trois ans d’emprisonnement pour pour avoir publié des commentaires en ligne en soutien aux manifestants pro-démocratie à Hong Kong en septembre 2014 et pour avoir milité en faveur des droits des femmes. En raison des conditions épouvantables de sa détention et de ses problèmes cardiaques, son état de santé s’est considérablement dégradé.

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