« L’une des priorités de la COP29 est de parvenir à un accord sur le financement climatique à destination des pays et communautés en première ligne face au changement climatique. Le projet concernant le nouvel objectif de financement climatique – publié seulement lors de l’avant-dernier jour du sommet – est un signe inquiétant car les pays à revenu élevé ne sont toujours pas prêts à respecter leurs obligations en matière de droits humains. Même à ce stade avancé des négociations, le texte ne précise toujours pas d’objectif annuel minimum pour le financement climatique et autorise des prêts qui risquent d’aggraver la crise de la dette dans les pays à faible revenu. Il s’agit là d’un affront aux droits humains, a déclaré Ann Harrison, conseillère sur les questions climatiques à Amnesty International.
« À Bakou, des représentant·es des communautés susmentionnées ont fait part de leurs réalités : déplacement, insécurité alimentaire, pollution atmosphérique et disparition de régions en raison de la montée des eaux. Alors que les négociateurs remettent l’ouvrage sur le métier, nous réitérons notre appel aux pays à revenu élevé à fournir au moins 1 000 milliards de dollars en subventions par an. Ils ont la responsabilité d’aider les pays à faible revenu à s’adapter aux effets néfastes du changement climatique, à se relever des dommages inévitables, ainsi que d’opérer des transitions justes vers l’abandon des combustibles fossiles. »
Amnesty International met également en évidence le fait qu’un projet de texte sur le genre et le changement climatique n’est pas adapté aux besoins, et appelle les États à veiller à ce que les engagements pris précédemment pour protéger les droits des femmes et des filles ne soient pas abandonnés. L’organisation s’inquiète également d’un manque de progrès en matière d’élimination des combustibles fossiles.
Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International, a ajouté :
« Lors de la COP28, les pays avaient finalement accepté de nommer l’éléphant dans la pièce en s’accordant sur un engagement historique de transition vers l’abandon des combustibles fossiles. Il est scandaleux qu’il ait fallu 28 COP pour y parvenir. Aujourd’hui, les parties ignorent de nouveau l’éléphant dans la pièce – les énergies fossiles, bien représentées pourtant par plus de 1700 lobbyistes présent·es à la COP – en échouant à aller de l’avant sur la base de la décision prise l’année dernière, voire en ne réitérant pas le même engagement.
Alors que les catastrophes non naturelles se multiplient dans le monde entier, les pays chicanent sur des questions de processus et s’acoquinent avec l’industrie fossile dans les salles de la COP. Ils font un pied de nez aux courageux·euses défenseur·es des droits humains et activistes climatiques qui réclament une action urgente pour contrer les effets néfastes du changement climatique. Si les négociateur·rices et la présidence de la COP s’attèlent à produire des révisions en profondeur des projets de texte publiés ce matin, cette COP peut encore se conclure de façon positive : en garantissant des financements sous forme de subventions aux pays à faible revenu ; en affirmant les droits des femmes et des filles dans toute leur diversité ; en envoyant un signal fort rappelant l’accord de la COP28 que la transition vers l’abandon des combustibles fossiles est impérative et urgente. »