Les Forces d’appui rapide ont attaqué Tamboul, Rufaa, Al Hilaliya, Al Seriha et Al Uzibah, dans l’est de l’État d’Al Djazirah
On ne compte plus le nombre de civil·es, de manifestant·es, de militant·es pour une transition démocratique du pouvoir qui ont été emprisonné·es, battu·es, blessé·es, déplacé·es et même tué·es. Les responsables ? Le régime impitoyable de l’ex-président Omar al-Bashir et les forces armées qui l’ont fait tomber et n’ont cessé de se battre pour le pouvoir.
Entre les deux, une population que la guerre a jeté dans la misère économique et une violence continuelle. Retrouvez ci-dessous notre dossier sur les origines du conflits et les solutions que proposent Amnesty International.
- Omar al-Bachir Président déchu du Soudan ©Amnesty International
Que se passe-t-il au Soudan ?
Le Soudan est plongé dans un conflit depuis le 15 avril opposant les deux forces militaires les plus puissantes et importantes du pays : les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF).
En décembre 2022, un accord-cadre avait été signé entre les dirigeants civils et militaires pour la création d’une nouvelle autorité de transition civile de deux ans. Mais très vite, une lutte de pouvoir entre les deux groupes armés a débuté après des désaccords sur la réforme des forces de sécurité lors des négociations pour la mise en place de ce nouveau gouvernement de transition. Le général Abdel Fattah al-Burhan, qui dirige les SAF depuis le coup d’État en octobre 2021, et le général Mohamed Hamdan Dagalo, également connu sous le nom de Hemedti, chef du RSF, sont à la tête de ces deux factions.
Ces deux groupes qui formaient le Conseil militaire de transition (CMT) avaient déjà renversé le gouvernement civil de transition en octobre 2021.
Les manifestations populaires de 2018 contre la hausse des prix et la mauvaise gestion économique avaient fini par aboutir au renversement du président Omar al-Bachir en avril 2019. Mais depuis lors, les forces armées n’ont eu de cesse de réprimer ces mouvements populaires et faire échouer les tentatives de transitions vers un gouvernement civil élu suite à des élections.
Des crimes de guerre au Soudan - Rapport Août 2023
Dans son nouveau rapport intitulé « La mort a frappé à notre porte. Crimes de guerre et souffrances des populations civiles au Soudan », Amnesty International constate que de nombreuses violations des droits humains ont été commises au Soudan dans le cadre de ce conflit armé non international.
Certaines des violations recensées – comme les attaques visant des civil·es et des infrastructures humanitaires, les viols et autres violences sexuelles et le pillage – constituent des crimes de guerre au regard du droit international humanitaire. Le rapport porte essentiellement sur des faits relevés à Khartoum et au Darfour occidental, et se base sur 181 entretiens réalisés entre le 15 avril et le 21 juillet 2023. L’organisation a également examiné de nombreux documents audiovisuels ainsi que des images satellites afin de corroborer les violations.
Soudan : une chronologie
Des forces militaires qui prennent les civils pour cibles
Tant les Forces armées soudanaises (SAF) que les Forces de soutien rapide (FSR) ont un passé de graves violations des droits humains au Soudan, et en particulier au Darfour. Les FSR sont particulièrement connues depuis leur création par l’ancien président Omar al-Bashir.
La Force de soutien rapide est issue des célèbres milices Janjaweed qui, dans les années 2000, ont aidé les forces armées soudanaises à écraser la rébellion dans la région occidentale du Darfour. Le FSR est devenu un groupe paramilitaire très riche et très puissant, qui s’est enrichi en acquérant des institutions financières et des réserves d’or soudanaises. On estime qu’il compte entre 70 000 et 150 000 combattants. Son chef, le général Hemedti, entretient d’importantes relations avec des gouvernements étrangers, notamment la Russie.
Il a conduit son groupe armé à s’associer au groupe mercenaire Wagner dans l’exploitation de l’or au Soudan, a déployé des combattants au Yémen pour servir les intérêts de l’Arabie saoudite et a également envoyé des combattants en Libye pour servir les intérêts des Émirats arabes unis. Les FAS ont également commis de graves violations des droits humains, notamment l’utilisation d’armes chimiques sur des civils au Darfour.
Que demande Amnesty International ?
Depuis le coup d’État d’octobre 2021, les principales revendications d’Amnesty International à l’égard du Soudan ont été que les autorités mettent fin à la répression violente des manifestants pacifiques, libèrent ceux qui ont été arrêtés arbitrairement et prennent des mesures significatives pour assurer l’impunité.
Nous avons également appelé les partenaires internationaux et régionaux du Soudan à veiller à ce que tout processus de transition garantisse des mesures de justice, de vérité et de réparation pour les abus passés et récents, y compris la remise des suspects recherchés par la Cour pénale internationale.
Toutes les parties au conflit doivent protéger les civils et les infrastructures civiles.
Toutes les parties au conflit doivent garantir un accès immédiat, illimité et durable aux acteurs humanitaires afin qu’ils puissent surveiller et évaluer les besoins des civils, et apporter une aide aux personnes touchées par le conflit.
La communauté internationale, en particulier les partenaires régionaux et internationaux du Soudan, doit veiller à ce que, dans ses engagements avec les parties au conflit, elle donne la priorité à la protection des droits humains des civils touchés par le conflit.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit convoquer une réunion d’urgence pour discuter de la situation au Soudan et veiller à ce que toutes les parties au conflit protègent les droits humains des civils touchés par le conflit.
Nos ressources pour en savoir plus sur le conflit et la crise des droits humains au Soudan : rapports, communiqués de presse et actions
Toutes nos infos sur le SoudanLe travail d’Amnesty International au Soudan
Amnesty International poursuit ses efforts pour documenter les atteintes aux droits de l’homme perpétrées contre les civils lors du conflit au Soudan, malgré les difficultés d’accès sur le terrain. Des recherches à distance sont en cours pour évaluer les besoins en aide humanitaire.
Amnesty se concentrera sur la protection des droits humains des civils affectés par la crise au Soudan. L’objectif étant de protéger le droit à la vie et les droits à l’alimentation, au logement et à la santé des civils touchés.
Rejoignez Amnesty International dans la protection des droits humains des civil·es soudanais·es
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