« Solafa, Hossam et Mohamed sont détenu·e·s uniquement parce qu’ils ont eu le tort d’exercer leur métier de journaliste et de faire usage de leur droit à la liberté d’expression, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Nous sommes par ailleurs très inquiet·e·s pour Solafa, dont nous sommes sans nouvelles depuis plus d’un mois, alors qu’elle reçoit aujourd’hui même le prix “Courage in journalism awards” [1] par la International Women Media Foundation. »
Amnesty International se préoccupe également de l’état de santé de Solafa Magdy, d’Hossam el Sayed et de Mohamed Salah en raison de la pandémie actuelle de coronavirus. En effet, les conditions de détention des prisons d’Égypte, caractérisées par la surpopulation, le manque de soins médicaux et de piètres conditions d’hygiène et sanitaires, augmentent singulièrement le risque de propagation du coronavirus.
Outre la libération immédiate et sans condition des trois journalistes, Amnesty International demande que, en attendant leur libération, ils·elles aient accès à leurs avocats, à leur famille et à des soins médicaux, et qu’ils·elles soient protégé·e·s contre la torture et les autres mauvais traitements.
Plus largement, l’organisation demande la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leur travail journalistique légitime et pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions. L’organisation appelle par ailleurs les autorités égyptiennes à mettre un terme à la répression visant les médias et à garantir la libre circulation de l’information, qui est particulièrement essentielle dans le contexte actuel d’urgence sanitaire liée au COVID-19.
Le pouvoir en Égypte s’attaque férocement à la liberté de la presse
Depuis que le président Abdel Fattah al Sissi est au pouvoir, les attaques contre les journalistes et les médias se sont multipliées. Ainsi, ces dernières années, au moins cinq organes de presse ont subi une descente de police ou une fermeture et des centaines de sites Internet, à la fois locaux et internationaux, ont été bloqués. Au moins 37 journalistes sont actuellement derrière les barreaux simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, dont 20 directement en lien avec leur travail journalistique.
L’Agence de sécurité nationale (NSA), une unité spéciale de la police, interroge régulièrement des journalistes accusés d’infractions liées au « terrorisme » au sujet de leurs publications, sources et financements, apportant la preuve que les autorités traitent toute forme de critique ou d’opposition pacifique comme des actions « terroristes ».