Les militant·es ont étendu devant le bâtiment un immense rideau de 10 mètres sur 3 constitué de longues bandes de tissu signées par de nombreuses personnes partout à Bruxelles et en Wallonie, à l’initiative des groupes locaux d’Amnesty International. Ils et elles ont complété cette installation par un tapis composé de bandes similaires et exposé une lettre géante (4 mètres sur 1) face à l’ambassade. Enfin, accompagné·es de la militante saoudienne des droits humains Lina al Hathloul (sœur de la célèbre Loujain al Hathloul), les militant·es ont remis une pétition qui a récolté près de 20 000 signatures en Belgique francophone en faveur de Selma al Shehab.
« Les autorités saoudiennes ont beau tenter d’améliorer leur image désastreuse à coups de “sportswashing” et autres campagnes de communication à plusieurs millions de dollars, elles ne duperont personne tant qu’elles ne mèneront pas de réelles réformes en matière de droits humains, explique François Graas, coordinateur des campagnes et du plaidoyer de la section belge francophone d’Amnesty International. En ce jour de Fête nationale saoudienne, nous voulons braquer les projecteurs sur le cas de Salma, dont la tragique situation n’est malheureusement pas un fait isolé tant le Royaume réprime avec férocité et cruauté toute personne faisant entendre une voix qui ne lui convient pas. »
Salma al Shehab, étudiante en doctorat à l’université de Leeds et mère de deux enfants, a été prise pour cible pour avoir utilisé X/Twitter afin de soutenir des défenseures des droits des femmes, parmi lesquelles Loujain al Hathloul, qui a été emprisonnée à l’issue d’un procès contraire aux règles d’équité les plus fondamentales. Loujain al Hathloul a bénéficié d’une libération conditionnelle en 2021, mais se trouve toujours sous le coup d’une interdiction arbitraire de voyager.
Après son arrestation en janvier 2021, Salma al Shehab a été maintenue en détention prolongée à l’isolement pendant 285 jours avant d’être conduite devant la justice. Elle a également été privée d’assistance juridique tout au long de sa détention provisoire, notamment durant ses interrogatoires.
« Il est grand temps que l’Arabie saoudite cesse sa répression impitoyable contre les défenseur·es des droits humains »
Condamnée à 34 ans de prison pour avoir « soutenu des personnes cherchant à perturber l’ordre public, à déstabiliser la sécurité et la stabilité de l’État » et avoir publié des tweets qui « troublent l’ordre public, déstabilisent la sécurité de la société et la stabilité de l’État », elle a finalement vu sa peine réduite en appel (le Tribunal pénal spécial a abandonné les charges de cybercriminalité, mais a confirmé les charges de terrorisme) à 27 ans de prison suivis de 27 ans d’interdiction de voyager.
« Il est grand temps que l’Arabie saoudite cesse sa répression impitoyable contre les défenseur·es des droits humains et tous les autres individus osant partager librement leur opinion. Les personnes courageuses telles que Salma al Shebab doivent être reconnues et protégées, et non pas prises pour cibles pour avoir exprimé leurs opinions. Que les autorités saoudiennes le veuillent ou non, la liberté d’expression n’est pas assimilable à du "terrorisme" – bien au contraire –, et nous continuerons de leur asséner le message tant qu’elles continueront à punir des personnes dont le seul tort est d’avoir fait usage de ce droit fondamental », conclut François Graas.