Inde, il faut rétablir les réseaux de communication au Jammu-et-Cachemire

Il est paradoxal qu’à l’heure où l’Inde commémore le 73e anniversaire de son indépendance, la population de l’État de Jammu-et-Cachemire subisse un couvre-feu strict depuis une dizaine de jours. Amnesty International demande à Narendra Modi, le Premier ministre indien, de lever les restrictions pesant sur les communications, d’écouter la population de l’État de Jammu-et-Cachemire, et de dialoguer avec elle.

Lors d’une interview accordée aux médias mercredi 14 août, Narendra Modi a déclaré : « Le peuple indien, toutes affiliations politiques confondues, soutient les mesures prises à Jammu, au Cachemire et au Ladakh. Cela concerne la nation, il ne s’agit pas de politique ».

« Si Narendra Modi pense que la population indienne soutient ses décisions concernant l’État de Jammu-et-Cachemire, alors il doit immédiatement lever les restrictions en matière de communications imposées sur place depuis 10 jours. Le Premier ministre doit écouter les habitant·e·s de la région, dialoguer avec eux et prendre en compte ce qu’ils pensent des décisions ayant un impact sur leur vie. Il n’a malheureusement rien fait de tout cela depuis le 5 août », a déclaré Aakar Patel, directeur d’Amnesty International Inde.

« En ce moment même, à l’heure où l’Inde célèbre sa liberté, les habitants de l’État de Jammu-et-Cachemire ne sont pas en mesure de contacter leurs proches ni d’exprimer librement leurs opinions. L’ampleur et la durée de ce type de restrictions doivent toujours être limitées, et il convient de démontrer qu’elles sont nécessaires et proportionnées à la réalisation d’un but légitime autorisé par le droit international », a déclaré Aakar Patel.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, et d’autres experts internationaux des droits fondamentaux ont déclaré que le fait de couper des pans entiers des systèmes de communication ne peut jamais être justifié en vertu du droit international relatif aux droits humains. L’exercice du droit de circuler librement et du droit à la liberté d’expression et d’opinion continue pourtant à être entravé dans l’État de Jammu-et-Cachemire. Ce verrouillage a assuré au gouvernement indien le contrôle quasi-total des informations sortant de la région. Le gouvernement continue à essayer de museler dirigeant·e·s et militant·e·s de l’opposition politique locale. On ne dispose d’aucune information sur les anciens Premiers ministres Farooq Abdullah, Omar Abdullah et Mehbooba Mufti, qui ont été arrêtés le 5 août. L’accès à l’éducation et aux soins de santé reste difficile.

« Le gouvernement indien doit se rendre compte que la répression actuelle des libertés civiles dans l’État de Jammu-et-Cachemire ne fera qu’exacerber les tensions, lui vaudra l’hostilité de la population et augmentera le risque de violations supplémentaires des droits humains », a déclaré Aakar Patel.

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