Indonésie : Elections et engagement en faveur des droits humains

Le prochain gouvernement indonésien devra placer les droits humains au cœur de sa politique, compte tenu des graves violences qui ont affecté le pays ces dernières années, a déclaré Amnesty International en amont du scrutin qui se déroulera le 17 avril.

Alors que près de 200 millions de personnes enregistrées sur les listes électorales sont appelées aux urnes en Indonésie pour les élections législatives et présidentielle, Amnesty International a publié un programme pour les droits humains à l’intention des 7 968 candidat·e·s aux législatives et des deux candidats à l’élection présidentielle.

« Notre programme présente un plan d’action concret que les prochains gouvernement et Parlement devront mettre en œuvre afin d’améliorer la situation des droits humains en Indonésie, compte tenu de l’aggravation de la situation dont ont pâti de si nombreuses personnes – en particulier les minorités et les groupes marginalisés – au cours des quatre ans et demi qui viennent de s’écouler, a déclaré Usman Hamid, directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie. Le prochain gouvernement a la possibilité d’inverser la tendance et d’empêcher l’Indonésie de gâcher les avancées cruciales qui ont été réalisées depuis 1998. »

« Le prochain gouvernement a la possibilité d’inverser la tendance et d’empêcher l’Indonésie de gâcher les avancées cruciales qui ont été réalisées depuis 1998. »

L’Indonésie a subi ces dernières années une grave dégradation de la situation des droits humains, avec notamment une augmentation du nombre d’attaques ciblant des minorités religieuses, notamment des incendies volontaires de lieux de culte et de logements par des foules, provoquant dans certains cas l’expulsion forcée de certaines communautés.

Depuis le début de 2016, on a enregistré un nombre croissant d’actes orchestrés et persistants d’intimidation, de discrimination et de marginalisation visant des personnes LGBTI, y compris des actes de stigmatisation publique commis par les forces de sécurité et des remarques menaçantes prononcées à l’encontre de personnes LGBTI par des représentants de l’État.

Le programme met en avant neuf points majeurs liés aux droits humains que tous les candidats doivent prendre en compte de façon prioritaire, notamment la protection des droits à la liberté d’expression, de pensée, d’opinion, de religion et de conviction ; la reddition de comptes pour les atteintes aux droits humains et les violations de ces droits commises par les forces de sécurité par le passé ; les droits des femmes et des filles ; la situation des droits humains en Papouasie ; la reddition de comptes pour les atteintes aux droits humains commises par des entreprises du secteur de l’huile de palme ; l’abolition de la peine de mort ; et la protection des droits des personnes LGBTI.

Ces priorités ne représentent pas une liste exhaustive des motifs de préoccupation d’Amnesty International en ce qui concerne l’Indonésie. Ils sont basés sur les recherches qu’Amnesty International continue de mener dans le pays et sur les contacts qu’elle a quotidiennement avec des organisations non gouvernementales (ONG) locales et internationales, des victimes d’atteintes aux droits humains et leurs proches, des avocats, des représentants du gouvernement et des journalistes, entre autres.

« Il est essentiel que les nouveaux gouvernement et Parlement fassent davantage pour défendre et protéger le droit à la liberté d’expression et pour renforcer l’espace civique dans lequel les défenseur-e-s des droits humains accomplissent leur travail qui permet de sauver des vies »

« Il est essentiel que les nouveaux gouvernement et Parlement fassent davantage pour défendre et protéger le droit à la liberté d’expression et pour renforcer l’espace civique dans lequel les défenseur-e-s des droits humains accomplissent leur travail qui permet de sauver des vies, a déclaré Usman Hamid. Dans cette optique, les autorités doivent de toute urgence modifier les lois fréquemment utilisées pour museler la liberté d’expression, notamment les articles du Code pénal relatifs à la diffamation, ainsi que les autres dispositions de la législation utilisées pour réprimer l’expression légitime et pacifique d’opinions politiques. »

En octobre 2018, par exemple, le défenseur de l’environnement Heri Budiawan a été condamné à quatre ans d’emprisonnement par la Cour suprême pour avoir violé l’article 107-a du Code pénal indonésien relatif aux « atteintes à la sûreté de l’État » parce qu’il aurait brandi les symboles du communisme, la faucille et le marteau, pendant une manifestation, ce qu’il nie.

Ces dernières années, Amnesty International a rassemblé des informations sur plusieurs cas de manœuvres d’intimidation, d’attaques et de poursuites judiciaires injustes visant des défenseur·e·s des droits humains en raison de leurs activités légitimes. Citons notamment l’attaque à l’acide contre Novel Baswedan, éminent enquêteur de la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK), une instance indépendante de lutte contre la corruption. Après deux ans d’enquête, la police n’a identifié aucun suspect.

« Les droits humains ont subi d’innombrables attaques et revers depuis quatre ans et demi, et de très nombreux Indonésiens ont inutilement souffert. Il est temps de mettre un terme à ce déclin et de donner un nouvel élan aux droits humains », a déclaré Usman Hamid.

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