Réagissant à ces informations, Roseann Rife, directrice des recherches sur l’Asie de l’Est à Amnesty International, a déclaré :
« Ces exécutions témoignent du mépris choquant des autorités japonaises pour la vie humaine. Alors que le reste du monde se détourne de plus en plus de la peine capitale, le Japon stagne dans le passé en continuant d’appliquer ce châtiment irréversible et le plus cruel qui soit. »
« Il est déplorable que les autorités continuent de procéder à des exécutions. Dans un contexte où le Japon se prépare à accueillir le prochain Congrès des Nations unies pour la prévention du crime, en avril 2020, il est grand temps que son système judiciaire fasse l’objet d’une refonte de sorte qu’il soit pleinement conforme au droit international relatif aux droits humains et aux normes en la matière. Nous demandons aux autorités japonaises d’instaurer immédiatement un moratoire sur toutes les exécutions et de lancer un débat éclairé sur la peine capitale, à titre de premier pas vers l’abolition de ce châtiment. »
Complément d’information
Koichi Shoji (64 ans) et Yasunori Suzuki (50 ans) sont les deux personnes qui ont été exécutées vendredi 2 août, à l’aube, le premier au centre de détention de Tokyo et le second au centre de détention de Fukuoka. Ils avaient tous les deux été reconnus coupables de meurtre.
Il s’agit des deux premières exécutions pratiquées au Japon depuis le début de l’année 2019, ce qui porte à 38 le nombre total d’exécutions sous le gouvernement du Premier ministre Shinzo Abe. À l’heure actuelle, on dénombre 110 condamnés à mort dans les prisons japonaises.
Au Japon, les exécutions sont entourées de secret, les prisonniers n’étant le plus souvent informés de cette échéance que quelques heures auparavant ; il arrive également qu’ils ne soient pas prévenus du tout. En général, les familles ne sont averties qu’après l’exécution.
En avril 2020 se tiendra à Kyoto le quatorzième Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui sera l’occasion pour des universitaires et des experts de ce domaine, qu’il s’agisse de représentants gouvernementaux, d’institutions intergouvernementales ou d’organisations non gouvernementales, de confronter leur expérience et de recenser les solutions aux problèmes liés à la prévention du crime et à la justice pénale. Plusieurs groupes de travail s’emploieront à lutter contre l’application de la peine de mort au Japon et dans le reste du monde.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, la personnalité de son auteur ou la méthode d’exécution utilisée par l’État. Elle fait campagne pour son abolition depuis plus de 40 ans.