« Les autorités mexicaines devraient traiter les migrants et leurs familles avec humanité, au lieu de les chasser et de les abattre », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Le 31 juillet, une dizaine de migrants ont quitté le foyer pour migrants « Casa de Migrante Saltillo », dans l’État septentrional de Coahuila, pour rejoindre la voie ferrée empruntée par des trains de marchandises à destination des États-Unis. Selon une déclaration d’un employé de ce foyer, ce groupe comprenait des femmes, des enfants et des bébés.
Dans la soirée, la police de l’État de Coahuila a ouvert le feu, tuant un homme originaire d’Amérique centrale devant sa petite fille de huit ans. Des informations rendues publiques basées sur les déclarations de témoins indiquent que la police fédérale et des agents de l’Institut national des migrations pourraient également être impliqués dans ces violences, ce que nient toutefois les autorités fédérales.
Les autorités de l’État ont fait savoir à la presse qu’un homme faisant partie de ce groupe avait sur lui une arme à feu, et que les agents des forces de l’ordre ont « contré une agression ». Or, pour pouvoir entrer dans le foyer pour migrants de Saltillo, les migrants sont contrôlés de façon rigoureuse pour vérifier qu’ils n’ont ni armes, ni stupéfiants, ni téléphones portables, et ils doivent respecter des règles de discipline très strictes.
Tout cas de mort imputable aux autorités doit faire l’objet d’une enquête conforme au Protocole type pour les enquêtes judiciaires concernant les exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires (Protocole de Minnesota, 2016), qui comprend un ensemble de lignes directrices internationales pour les enquêtes portant sur des cas de mort suspecte mettant peut-être en cause la responsabilité des autorités publiques. Les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois prévoient que le recours à la force meurtrière n’est légal que s’il répond à une menace imminente de mort ou de grave blessure. Elle doit être utilisée en dernier recours, quand aucune autre mesure n’est possible.
« Les autorités de l’État de Coahuila, ainsi que les autorités fédérales en charge de la sécurité et des migrations, vont devoir fournir des explications au sujet de cet homme qui a été abattu, si elles ne peuvent pas prouver que le policier qui a tiré a réagi à une menace imminente de mort ou de blessure grave, a déclaré Erika Guevara-Rosas.
« Les autorités mexicaines doivent mener dans les meilleurs délais une enquête indépendante et impartiale sur ces faits et déférer à la justice dans le cadre d’un procès équitable toute personne présumée responsable de ce crime. »