Réagissant à l’ouverture de ce procès, Nicholas Bequelin, directeur pour l’Asie de l’Est et du Sud-Ouest à Amnesty International, a déclaré :
« Min Htin Ko Ko Gyi est le dernier en date d’une longue liste de militants à avoir été pris pour cible au Myanmar parce qu’il a critiqué l’armée du pays. L’expression d’opinions pacifiques sur Facebook ne constitue pas une infraction, même quand les critiques visent de hauts responsables, et il s’agit d’un nouveau procès motivé par des considérations politiques. Les autorités doivent abandonner ces accusations vindicatives, et Min Htin Ko Ko Gyi doit être libéré immédiatement et sans condition.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par son état de santé, sachant qu’il est en convalescence après son combat contre un cancer du foie. Min Htin Ko Ko Gyi devrait être loué pour son travail en faveur des droits humains, au lieu de croupir en détention sans pouvoir recevoir les soins médicaux que son état requiert.
« Alors qu’approchent les élections de 2020, il ne reste plus beaucoup de temps au gouvernement dirigé par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) pour abroger les dispositions législatives abusives utilisées de façon répétée contre des détracteurs pacifiques comme Min Htin Ko Ko Gyi. »
Complément d’information
Min Htin Ko Ko Gyi est un cinéaste de premier plan et l’un des fondateurs du Human Dignity Film Institute (HDFI) et du festival international du film Human Rights, Human Dignity (Droits humains, dignité humaine) au Myanmar. Il a été arrêté le 12 avril 2019, après qu’un officier de l’armée du Myanmar l’a accusé d’avoir diffamé celle-ci dans une série de publications sur Facebook critiquant la Constitution de 2008 rédigée par l’armée et le rôle de l’armée dans la vie politique.
Dans un premier temps, il a été accusé de « diffamation en ligne » au titre de l’article 66(d) de la Loi de 2013 relative aux télécommunications. Quelques jours plus tard, ce même militaire a déposé une deuxième plainte au titre de l’article 505(a) du Code pénal du Myanmar, qui interdit la circulation de déclarations ou d’informations susceptibles d’inciter un soldat ou d’autres membres de l’armée du Myanmar « à la mutinerie ou à manquer à son devoir d’une autre manière ». S’il est déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés au titre de l’article 505(a), Min Htin Ko Ko Gyi risque d’être condamné à une peine maximale de deux ans d’emprisonnement. La procédure liée à la plainte déposée au titre de l’article 66(d) – qui prévoit également une peine maximale de deux ans d’emprisonnement – est toujours en instance.
Min Htin Ko Ko Gyi est détenu à la prison d’Insein, à Yangon, depuis son arrestation, il y a trois mois. Les autorités ont refusé de lui accorder une mise en liberté sous caution alors qu’il se bat contre un cancer du foie et qu’il a subi une lourde intervention chirurgicale cette année.
Les autorités du Myanmar continuent d’arrêter et de maintenir en détention de façon arbitraire, et de soumettre à des poursuites judiciaires des militants et des défenseurs des droits humains qui n’ont pourtant fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Amnesty International continue de demander l’abrogation de plusieurs dispositions de la législation qui restreignent de façon arbitraire et qui incriminent l’exercice du droit à la liberté d’expression, notamment l’article 505 du Code pénal et l’article 66(d) de la Loi de 2013 relative aux télécommunications.