En réaction à ces décès, Seun Bakare, responsable de programme à Amnesty International Nigeria, a déclaré :
« Selon des témoins, la police nigériane a fait un usage inconsidéré de la force meurtrière contre des sympathisant·e·s sans armes du Mouvement islamique du Nigeria (MIN) le 22 juillet 2019 et a abattu six personnes. Cette nouvelle vague de répression relève d’une pratique bien établie et choquante : les forces de sécurité utilisent des munitions réelles pour disperser les sympathisant·e·s du MIN qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression.
« Les images de sympathisant·e·s du MIN chassés des rues d’Abuja par des coups de feu montrent une fois encore que les autorités nigérianes sont déterminées à recourir à la force meurtrière au mépris de l’état de droit face aux revendications du MIN.
« Il faut que les pouvoirs publics diligentent rapidement des enquêtes indépendantes et impartiales sur les tirs de la police et traduisent en justice, dans le cadre de procès équitables, toutes les personnes soupçonnées de porter une responsabilité pénale. La police doit faire preuve de retenue en toutes circonstances et n’avoir recours à la force qu’en cas d’absolue nécessité. »
Complément d’information
Le MIN est une organisation religieuse et politique chiite dont le leader, Ibraheem Yaqub El Zakzaky, est un fervent défenseur de l’islam chiite au Nigeria depuis les années 1980. En décembre 2016, un tribunal fédéral a estimé que la détention de cet homme était illégale et inconstitutionnelle.
En octobre 2018, une enquête d’Amnesty International a établi que le recours à une force excessive de la part de militaires et de policiers avait conduit à la mort d’au moins 45 sympathisant·e·s du MIN en deux jours. D’après des recherches effectuées par l’organisation, plus de 350 membres du MIN ont été tués par les forces de sécurité entre le 12 et le 14 décembre 2015 à Zaria (État de Kaduna).