Belgique, Rencontre avec le Premier ministre contre le viol

Alexander De Croo Amnesty

Ce lundi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, des représentant·e·s d’Amnesty International ont rencontré le Premier ministre, Alexander De Croo, à qui il·elle·s ont remis plus de 50 000 signatures d’une pétition demandant à la Belgique de mieux lutter contre contre les violences sexuelles, qui touchent en premier lieu les filles et les femmes.

« Le Premier ministre s’est montré attentif aux différents points que nous avons mis en avant et nous a assuré que le gouvernement s’engageait fermement à lutter contre les violences sexuelles, qu’il a comparées à une pandémie, nécessitant une réponse forte, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Monsieur De Croo nous a ainsi affirmé que des budgets suffisants et spécifiques allaient être mis en place et a confirmé l’ouverture de nouveaux Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) dans les mois à venir. Il a également assuré qu’une attention particulière serait portée à la question des poursuites judiciaires, qui seraient améliorées, notamment la collecte de preuves. Nous demeurerons bien entendu attentif·ve·s à ce que ces engagements soient suivis de mesures concrètes, qui nous permettront d’évaluer la manière dont le gouvernement lutte dans les faits contre les violences sexuelles, au-delà des intentions. »

La pétition dont les signatures ont été remises à Alexander De Croo a été lancée il y a un an, à l’occasion de la publication, le 5 mars 2020, d’un sondage commandé par Amnesty International et SOS Viol, réalisé par l’Institut Dedicated, révélant des résultats alarmants sur le viol et les violences sexuelles en Belgique.

« Il y a un an, notre sondage jetait une lumière crue sur une réalité dont peu de personnes mesuraient l’extrême gravité, en indiquant notamment que, en Belgique, une femme sur cinq avait été victime de viol, que la catégorie des 15-24 ans était la plus touchée par les violences sexuelles et que seules 14 % des femmes qui avaient porté plainte pour des faits de violence sexuelle se déclaraient satisfaites de cette démarche. Face à la gravité de la situation, nous avons lancé une grande campagne, visant notamment à ce que la Belgique fasse plus et mieux pour lutter contre ce fléau. Un an plus tard, si des avancées peuvent être constatées, de sérieux efforts restent toutefois à fournir », expliquent Stéphanie Jacquet-Parienté et Philippe Hensmans, respectivement juriste à SOS Viol et directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Des efforts encore nécessaires

Amnesty International et SOS Viol saluent ainsi l’ouverture annoncée de nouveaux Centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) en 2021 et l’annonce de la mise en place d’un CPVS opérationnel par province d’ici 2023. Les organisations se réjouissent également de la promulgation d’une loi rendant obligatoire la formation aux problématiques des violences sexuelles et intrafamiliales pour les magistrat·e·s, et approuvent par ailleurs les engagements pris par la secrétaire d’État à l’Égalité des genres, Sarah Schlitz, par le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, et par la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden, dans leurs notes de politiques générales.

« Si des avancées peuvent être constatées, de sérieux efforts restent toutefois à fournir »

« Nous rappelons cependant que, pour lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles, il est primordial de mettre en place un budget spécifique, suffisant, transparent et pérenne, ce qui n’est pas encore le cas. Nous continuons d’appeler également à la collecte et la publication de données adéquates, ainsi qu’au renforcement de la formation de base et continue des acteur·rice·s de première ligne, y compris la police. Enfin, dans un souci de protection et d’éducation des jeunes, une prévention solide sur la question des violences sexuelles demeure capitale, ce qui n’est pas encore garanti », indiquent Stéphanie Jacquet-Parienté et Philippe Hensmans.

Un Plan d’action national très attendu

Dans le cadre de la préparation du nouveau Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre (PAN), Amnesty International et SOS Viol rappellent que les violences sexuelles sont subies en premier lieu par les femmes et demandent dès lors que la Belgique se dote d’un PAN et de lois qui soient le reflet de cette réalité.

« Pour lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles, il est primordial de mettre en place un budget spécifique, suffisant, transparent et pérenne »

« Nous attendons de pied ferme le nouveau PAN, qui doit fixer un cadre clair et efficace contre les violences faites aux femmes. Afin de lutter contre ce fléau, il est essentiel que le PAN se base sur le dernier rapport du comité GREVIO, qui a souligné en septembre 2020 la neutralité des lois et des plans d’action en Belgique, et l’invisibilisation des violences faites aux femmes qui en résulte. Un financement clair et adéquat doit par ailleurs être prévu pour chaque mesure », expliquent encore Stéphanie Jacquet-Parienté et Philippe Hensmans.

La campagne d’Amnesty et de SOS Viol se poursuit

La campagne d’Amnesty International et de SOS Viol contre le viol et les violences sexuelles se poursuivra après la remise des signatures au Premier ministre. Les organisations continueront ainsi de promouvoir la pétition, qui pourra être signée jusqu’à la fin de l’année 2021, et poursuivront leurs activités de sensibilisation et de plaidoyer (notamment auprès des gouvernements fédérés).

« La campagne #JDIWI, dont le but est de sensibiliser en priorité les garçons et les jeunes hommes de 15 à 25 ans à la notion de consentement, demeurera prioritaire, précisent Stéphanie Jacquet-Parienté et Philippe Hensmans. Nous appelons d’ailleurs le gouvernement fédéral et les gouvernement fédérés à mener des campagnes de sensibilisation sur plusieurs années, qui luttent contre les stéréotypes et les représentations sexistes, mais aussi des campagnes plus spécifiques à destination des jeunes sur la notion de consentement, et sur les mythes et stéréotypes liés au viol. »

Le numéro vert créé par SOS Viol sur les violences sexuelles 0800 98 100 continuera également de fonctionner. Il importe par ailleurs de noter que la visibilité accrue de ce service induit des prises en charge toujours plus nombreuses au niveau psychologique, ce qui nécessite l’augmentation du personnel qualifié en charge de l’accueil et du suivi des victimes.

Enfin, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Amnesty International et SOS Viol se joindront à la Marche mondiale des femmes, à Bruxelles, le 8 mars.

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