Pour faire entendre leur message, les militant·es ont déployé une grande bannière mettant en lumière le cas de trois personnes condamnées à plusieurs années de prison pour avoir exprimé leur opposition à la guerre d’agression menée par la Russie vis-à-vis de l’Ukraine et informant les autorités russes que quelque 330 000 personnes dans le monde ont signé une pétition demandant la fin de ces lois de censure liberticides. Les militant·es ont par ailleurs tenté de remettre les signatures récoltées en Belgique, mais les grilles du bâtiment leur sont demeurées closes.
« En Belgique, ce sont plus de 17 000 personnes qui ont adressé ce message ferme aux autorités russes en signant notre pétition. Et le fait que leurs représentant·es se soient piteusement caché·es derrière les grilles de la Mission au lieu de venir chercher ces signatures n’altère en rien la puissance de ce message que la Russie ne peut ignorer. Nous continuons de réclamer la fin de ces lois de censure et la libération des personnes qui en font cruellement les frais », explique Carine Thibaut, directrice de la section belge francophone d’Amnesty International.
Parmi les personnes visées par la répression russe figurent Alexeï Gorinov, Maria Ponomarenko et Vladimir Rumyantsev, dont les portraits garnissaient la bannière qui a été brandie devant la Mission de la Russie auprès de l’Union européenne.
Alexeï Gorinov, conseiller municipal de Moscou, a été arrêté en avril 2022 et condamné à sept ans d’emprisonnement pour avoir critiqué la guerre que mène la Russie en Ukraine lors d’une réunion du conseil municipal. Maria Ponomarenko est une journaliste accusée de « diffusion publique délibérée de fausses informations au sujet des forces armées de la Fédération de Russie » en raison d’une publication sur Telegram portant sur le bombardement du centre d’art dramatique régional de Donetsk à Marioupol en mars 2022. Vladimir Rumyantsev est un mécanicien-chauffagiste condamné à trois ans de prison pour avoir diffusé de « fausses informations » par le biais d’un petit studio de radio qu’il a construit pour informer ses auditeur·rices des violations du droit international commis par les forces russes.
En Russie, les lois de censure portant sur la guerre, entrées en vigueur en mars 2022, érigent en infraction les critiques à l’égard de l’agression contre l’Ukraine et des crimes de guerre commis par les forces russes, qui sont systématiquement qualifiées de « fausses nouvelles » et de « dénigrement » de l’armée (articles 207.3 et 280.3 du Code pénal), et les rendent passibles de peines pouvant aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. Ces lois ont entraîné un exode des médias indépendants et des militant·es, ainsi qu’une répression de toute forme de dissidence anti-guerre. Le fait même d’utiliser le terme « guerre » au lieu de l’expression « opération militaire spéciale » peut être considéré comme une infraction.
L’action qui s’est tenue à Bruxelles a eu lieu dans le cadre d’une journée spéciale de mobilisation d’Amnesty International à l’échelle mondiale. Ainsi, plusieurs sections de l’organisation ont procédé à des actions similaires, notamment à Londres, afin d’accentuer la pression sur les autorités russes.