Qui participe à cette conférence sur les changements climatiques (COP29) ?
Entre 40 000 et 50 000 délégué·e·s [1] sont attendus à la COP29. Cela comprend des représentant·e·s gouvernementaux de tous les États membres de l’ONU, ainsi que de l’État de Palestine, du Saint-Siège, de Niué, des Îles Cook et de l’Union européenne. Tous ces États sont parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de 1992, et la plupart ont également adhéré à l’Accord de Paris sur le climat de 2015. La COP29 accueillera également des diplomates, des fonctionnaires de l’ONU, des journalistes, des climatologues, des dirigeant·e·s syndicaux et des spécialistes de la politique. Des ONG, des militant·e·s et des dirigeant·e·s autochtones prévoient également d’y participer ; la participation de professionnel·le·s des médias indépendants et de défenseur·e·s des droits humains azerbaïdjanais a cependant été freinée par la répression gouvernementale en cours.
Quel est l’objectif de la COP29 ?
L’objectif général de la COP29 est d’amener les États à accepter, élaborer et partager des plans permettant de faire face au changement climatique. Cela vise à empêcher une aggravation du réchauffement climatique, ainsi qu’à aider les personnes qui ont été les plus touchées jusqu’à présent à s’adapter ou à reconstruire leur vie.
En 2015, l’Accord de Paris a imposé à tous les États l’obligation juridique de fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, afin de limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Depuis lors, cependant, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a souligné que les effets les plus catastrophiques du changement climatique ne pourront être évités que si nous limitons le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin de ce siècle.
Lors de la COP29, les progrès des pays dans la lutte contre le changement climatique seront mesurés à l’aune de cet objectif de 1,5 °C. Il est important de noter que même 1,5 °C de réchauffement entraînera des déplacements massifs, des dommages causés aux moyens de subsistance et des morts, les pays à faible revenu étant les plus touchés [2]. À l’heure actuelle, le monde s’oriente vers [3] une augmentation de 2,6 à 3,1 °C au cours de ce siècle.
Qu’y a-t-il à l’ordre du jour cette année ?
La COP29 a été baptisée « la COP des finances », en raison de l’accent mis sur l’accroissement du financement climatique. Le financement climatique fait référence au financement nécessaire pour aider les pays à faible revenu à effectuer la transition vers des économies neutres en carbone et pour aider les communautés les plus touchées à s’adapter aux effets du changement climatique. L’une des ambitions majeures de la COP29 vise à augmenter ce financement et à produire un nouvel objectif pour le financement climatique futur.
D’où viendra l’argent pour le financement climatique ?
En vertu de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, le financement doit provenir des pays à revenu élevé qui historiquement portent la plus grande part de responsabilité pour le changement climatique. En outre, en vertu du droit international relatif aux droits humains, tous les États en mesure de le faire doivent également contribuer.
En plus de fixer un objectif financier, les négociations lors de la COP29 devront également fixer des calendriers clairs pour la fourniture de fonds aux pays à faible revenu. L’argent devra être donné sous la forme de subventions, et non de prêts, afin d’éviter d’aggraver les actuelles crises de la dette.
À quoi doivent servir les fonds ?
Cet objectif devra également contenir des sous-objectifs indiquant clairement où l’argent devra aller. Par exemple, Amnesty International demande également que cet objectif comprenne le financement des pertes et préjudices. Il s’agit pour l’essentiel d’une indemnisation versée par les pays à revenu élevé aux pays à faible revenu afin de les aider à se remettre des effets actuels du changement climatique et des autres conséquences auxquelles ils seront inévitablement confrontés à l’avenir.
L’une des initiatives les plus positives de la présidence azerbaïdjanaise a été de faire de l’adaptation, longtemps mise à l’écart des négociations sur le climat, une priorité pour les pourparlers. Bien qu’il soit essentiel d’empêcher une aggravation du changement climatique grâce à l’abandon total, rapide, équitable et financé des combustibles fossiles, la réalité est que le changement climatique est déjà là. Aider les gens à s’adapter aux effets actuels et futurs du réchauffement de la planète constitue un élément crucial de la justice climatique.
Quelles sont les sommes nécessaires pour une justice climatique ?
Des milliers de milliards de dollars sont requis pour aider les États à faible revenu à mener à bien l’action climatique nécessaire, notamment en abandonnant les combustibles fossiles d’une manière qui protège les droits des populations. Amnesty International et d’autres acteurs et actrices du mouvement pour la justice climatique réclament [4] un objectif d’au moins 1 000 milliards de dollars des États-Unis par an.
Quelles sont les préoccupations d’Amnesty International en matière de droits humains concernant l’Azerbaïdjan ?
L’Azerbaïdjan présente un bilan alarmant en matière de droits humains [5], avec des restrictions de longue date des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les manifestations pacifiques, y compris celles organisées par des groupes de défense de l’environnement, se heurtent régulièrement à une répression violente et selon des ONG locales, plus de 300 personnes sont actuellement emprisonnées pour des motifs politiques. Le travail des médias indépendants en Azerbaïdjan est gravement entravé par des lois draconiennes et la menace constante de représailles pour toute critique réelle ou supposée des autorités. La plupart des médias indépendants ont été réduits à néant, tout comme de vastes pans de la société civile azerbaïdjanaise. La torture et les autres mauvais traitements sont monnaie courante dans les lieux de détention en Azerbaïdjan, et l’impunité est bien établie.
Y a-t-il eu des améliorations depuis que l’Azerbaïdjan s’est vu octroyer la présidence de la COP29 ?
Non. En réalité, la situation des droits humains en Azerbaïdjan s’est encore aggravée depuis qu’il a été annoncé, en décembre 2023, que le pays allait accueillir la COP29. Les autorités affirment qu’elles vont « veiller à ce que la voix de chaque personne soit entendue » lors du sommet, mais elles ont poursuivi plus d’une dizaine de militant·e·s et de journalistes cette année et réduit au silence des voix clés concernant la crise climatique.
En avril, par exemple, les autorités azerbaïdjanaises ont arrêté le militant des droits humains et de la justice climatique Anar Mammadli sur la base de fausses accusations de « trafic » et l’ont placé en détention provisoire, où il se trouve toujours. Anar Mammadli figure parmi les premiers militant·e·s en Azerbaïdjan à avoir parlé du lien entre les droits humains et la justice climatique, et il a participé au plaidoyer international au niveau de l’UE et des Nations unies. En prison, il a été privé des soins médicaux dont il a besoin en raison de plusieurs problèmes de santé qui s’aggravent, et il risque d’être condamné à une longue peine d’emprisonnement.
De quelle manière la situation des droits humains en Azerbaïdjan affecte-t-elle la COP29 ?
Il est essentiel que la société civile puisse participer aux négociations sur le climat. Les militant·e·s, les dirigeant·e·s syndicaux et les défenseur·e·s des droits humains contribuent au plaidoyer en faveur d’objectifs ambitieux et jouent un rôle essentiel pour ce qui est de garantir que les plans élaborés lors de la COP29 soient conformes aux obligations des gouvernements en matière de droits humains, et réellement mis en œuvre. Mais la participation de la société civile azerbaïdjanaise est susceptible d’être extrêmement limitée. Les menaces et le harcèlement ont forcé de nombreux militant·e·s locaux à quitter le pays, et d’autres sont détenus arbitrairement pour des motifs politiques. Les quelques voix indépendantes qui subsistent risquent de faire l’objet de poursuites et de représailles si elles osent exprimer des critiques lors de la COP29.
Le vide laissé par les organisations locales de la société civile a été comblé en partie par des organisations connues sous le nom de GONGO (organisations non gouvernementales organisées par le gouvernement). Ces groupes soutenus par l’État ne présentent pas les garanties d’indépendance nécessaires, et leur présence permet aux autorités azerbaïdjanaises de projeter une fausse image de respect de la liberté d’expression et d’association.
Amnesty International surveille la répression en Azerbaïdjan et continuera de recueillir des informations sur les violations, tant pendant qu’après le sommet.
Qu’en est-il du bilan de l’Azerbaïdjan concernant le changement climatique ?
Les combustibles fossiles représentent environ la moitié de l’économie de l’Azerbaïdjan et la grande majorité de ses recettes d’exportation. La compagnie pétrolière et gazière d’État, la SOCAR, représente une source majeure de revenus pour le gouvernement du président Ilham Aliev.
Néanmoins, l’Azerbaïdjan doit également assumer sa juste part pour parvenir à un abandon rapide et équitable des énergies fossiles ; cela implique qu’il ne peut plus y avoir nulle part de nouveau projet d’exploitation d’énergies fossiles. Or, cette année, le président Ilham Aliev a annoncé des projets d’augmentation de la production de gaz qui sont manifestement incompatibles avec les engagements de l’Azerbaïdjan au titre de l’Accord de Paris.
Comme les précédents sommets sur le climat, la COP29 accueillera de nombreux participant·e·s dont les priorités sont en nette contradiction avec la justice climatique. Des milliers de lobbyistes des combustibles fossiles ainsi que les dirigeant·e·s de géants du pétrole comme Shell et BP devraient être présents. Ces participant·e·s ont utilisé les sommets précédents [6] pour favoriser leurs propres intérêts, s’opposant à des mesures essentielles visant à abandonner progressivement les combustibles fossiles, et faisant pression pour de fausses solutions telles que la compensation carbone [7]. Amnesty International demande l’adoption d’une politique rigoureuse en matière de conflits d’intérêts afin d’empêcher les lobbyistes des combustibles fossiles de saper les objectifs des traités mondiaux sur le climat.
Comment le changement climatique a-t-il impacté les populations en 2024 ?
Le changement climatique provoque une augmentation spectaculaire de la fréquence des températures extrêmes, et 2024 pourrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Partout dans le monde, des personnes ont été déplacées par des inondations, des ouragans, des sécheresses et d’autres catastrophes non naturelles, toutes aggravées par le réchauffement climatique. Dans le monde entier, des peuples autochtones et des communautés tributaires de la terre continuent de subir les conséquences les plus lourdes de la perte de biodiversité.
Des vies ont été perdues, des moyens de subsistance, des langues et des cultures entières sont en péril, et la maladie, la faim et les déplacements forcés causent des souffrances extrêmes. Le coût de ces pertes s’élève à des milliers de milliards de dollars, ce qui éclipse les investissements actuels dans les énergies renouvelables et menace la capacité des gouvernements à financer des politiques de protection des droits humains.
Que demande Amnesty International à la COP29 ?
• Les droits humains doivent être au cœur de toute prise de décision en matière d’action climatique ;
• les États en mesure de le faire doivent augmenter massivement le financement climatique et le financement des pertes et préjudices ;
• tous les États doivent s’engager à éliminer complètement les combustibles fossiles, rapidement et équitablement ;
• les participant·e·s à la COP29 ne doivent pas se concentrer sur des technologies dangereuses telles que le captage, le stockage et l’élimination du carbone ni pousser à l’utilisation du gaz en tant que « carburant de transition » dans le but de détourner l’attention du besoin urgent d’abandonner progressivement les combustibles fossiles ;
• le Secrétariat de la CCNUCC, le gouvernement azerbaïdjanais et les autres gouvernements doivent protéger l’espace civique et garantir les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.