Inde. Relâchez Soni Sori à l’occasion de la Journée internationale de la femme

Les autorités indiennes doivent libérer Soni Sori, militante et enseignante qui est actuellement emprisonnée et aurait été torturée pour avoir dénoncé des atteintes aux droits fondamentaux, a déclaré Amnesty International dans un appel lancé à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars.

Cette femme, considérée comme une prisonnière d’opinion par l’organisation, a été arrêtée après avoir accusé les maoïstes et les forces de l’État d’avoir commis des violations des droits humains lors de l’insurrection armée menée dans le centre de l’Inde.

Le père de Soni Sori a été blessé à la jambe par un tir des maoïstes, et son époux, inculpé de collaboration avec le groupe de gauche, est derrière les barreaux depuis un an.

« Lors de la Journée internationale de la femme, les pouvoirs publics indiens devraient rendre hommage à l’action de femmes courageuses, comme Soni Sori, qui osent prendre la défense des droits humains », a expliqué Ramesh Gopalakrishnan, chargé de recherches sur l’Inde à Amnesty International.

Des militants indiens ont critiqué le traitement réservé à Soni Sori par les autorités et, en collaboration avec l’organisation, ont lancé une campagne vidéo où l’on peut voir certains d’entre eux arborant des guirlandes symboliques et des pancartes où est inscrit le mot « Honteux ».

« Les militants indiens envoient un message clair au gouvernement, a déclaré Ramesh Gopalakrishnan : “Le traitement réservé à Soni Sori est honteux, c’est pourquoi nous arborons ces guirlandes de la honte”. »

Interpellée le 4 octobre 2011 à New Delhi, Soni Sori a été inculpée par la police de l’État du Chhattisgarh d’avoir servi d’intermédiaire et transféré 1,5 million de roupies indiennes (un peu plus de 22 500 euros) entre une société minière, Essar, et les maoïstes, cette somme ayant été versée par Essar pour que les maoïstes n’entravent pas les opérations d’exploitation minière de la société. Elle doit être jugée le 13 mars avec cinq autres prévenus, dont son neveu Lingaram Kodopi.

Après avoir été arrêtée, Soni Sori a été placée en garde à vue pendant deux jours, les 8 et 9 octobre, au cours desquels elle a été soumise à un interrogatoire intensif. Dans une lettre adressée à la Cour suprême d’Inde, Soni Sori a affirmé qu’elle avait été torturée.

Elle a indiqué qu’un policier l’avait sortie par la force de sa cellule, l’avait déshabillée et lui avait infligé des décharges électriques, responsables de douleurs aigües dans toutes les parties de son corps, notamment la tête et la colonne vertébrale.

Lorsqu’elle a comparu devant le tribunal de Dantewada le 10 octobre, elle ne pouvait pas marcher.

Le 29 octobre, elle a été examinée à l’hôpital universitaire public de Kolkata sur décision judiciaire. Le rapport médical remis le 14 novembre a révélé que deux pierres avaient été introduites dans son vagin et une autre dans son rectum et qu’elle présentait des déchirures annulaires au niveau de la colonne vertébrale.

Le 2 décembre, le tribunal a demandé aux autorités du Chhattisgarh de répondre des accusations de torture et a ordonné que Soni Sori quitte l’établissement pénitentiaire de Jagdalpur pour être transférée à la prison centrale de Raipur, où elle est toujours détenue.

« Soni Sori doit être remise en liberté sans condition, et une enquête indépendante doit être ouverte sur ces allégations de torture. Il faut que les policiers à l’origine de ces sévices, y compris ceux au plus haut niveau de la chaîne de commandement, soient poursuivis en justice, conformément au droit international », a affirmé Ramesh Gopalakrishnan.

Pendant ce temps, un haut gradé de la police du Chhattisgarh, accusé par Soni Sori d’avoir ordonné les actes de torture qu’elle aurait subies pendant son interrogatoire, a été décoré pour bravoure par les autorités.

« Décerner une décoration pour bravoure à des personnes qui devraient faire l’objet d’une enquête est offensant », a déclaré Ramesh Gopalakrishnan.

Soni Sori appartient aux adivasis (aborigènes) et soutient la contestation pacifique, prônée par Ghandi. L’affaire la concernant sera de nouveau examinée fin mars 2012.

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