Communiqué de presse

Les forces de sécurité des Maldives emploient la violence contre des manifestants pacifiques

La police et les forces armées des Maldives ont réagi avec violence à un rassemblement pacifique de soutien au Parti démocratique maldivien (PDM), a constaté Amnesty International aux Maldives mercredi 7 mars. Les forces de l’ordre ont bafoué les normes internationales prohibant le recours à une force excessive.

Au moins six manifestants ont été blessés, certains grièvement, lorsque des policiers et des soldats s’en sont pris à 300 sympathisants du PDM dans le quartier de Lonuziyaarai Kolhu, à Malé. Ces violences s’inscrivent dans une politique gouvernementale - dont Amnesty International a fait état - prenant pour cible les sympathisants du parti politique de l’ancien président Mohamed Nasheed, qui a été chassé du pouvoir.

Ces manifestants participaient à un rassemblement nocturne à Malé, la capitale, en faveur de Mohamed Nasheed, qui a été forcé à quitter ses fonctions le 7 février, avant d’être remplacé par le vice-président, Mohamed Waheed.

« Des personnes qui exerçaient pacifiquement leur droit de manifester ont reçu des coups de matraque à la tête et des coups de pied, et ont été aspergées de gaz poivre. Ce recours à une force excessive constitue une violation des normes relatives aux droits humains », a déclaré Abbas Faiz, d’Amnesty International, qui recueille des informations sur la situation des droits fondamentaux aux Maldives.

Un des blessés est un garçon de 16 ans. Il est détenu par l’unité de protection des mineurs. Le délégué d’Amnesty International à Malé n’a pas été autorisé à lui rendre visite.

L’attaque des forces de sécurité contre les manifestants à Lonuziyaarai Kolhu était semble-t-il en représailles contre des affrontements ayant eu lieu plus tôt dans la ville, lorsque des jets de pierres ont brisé les vitres d’un poste de police. La police accuse les manifestants du PDM d’être derrière cette agression, mais le PDM nie toute responsabilité.

« Les autorités des Maldives doivent clairement annoncer et prouver qu’elles ne tolèrent pas les descentes effectuées par la police en représailles contre des manifestants. La police et l’armée ne doivent pas agir en dehors du cadre de la loi », a rappelé Abbas Faiz.

Amnesty International a demandé aux autorités policières de rendre public le nombre de personnes qui ont été appréhendées et de celles qui ont dû être soignées à la suite de leur arrestation. La police n’a pour l’instant pas diffusé ces informations.

Certaines sources crédibles ont indiqué à Amnesty International que la police et l’armée ont arrêté plus d’une dizaine de personnes lors de leur opération contre le rassemblement du PDM mercredi.

Elles ont appréhendé à l’hôpital d’autres personnes qui s’y étaient présentées pour faire soigner leurs blessures.

Toutes ces personnes ont été conduites dans divers centres de détention à Malé, et ont plus tard été transférées à Dhoonidhoo, une île proche de Malé où se trouve le principal établissement carcéral.

Les victimes ont déclaré à Amnesty International que des soldats et des policiers ont hurlé des insultes contre le PDM lorsqu’ils ont commencé à s’en prendre au cortège.

Une des victimes a expliqué : « Ils m’ont attrapé les cheveux, me forçant à me lever, et m’ont crié qu’ils allaient me donner une leçon pour avoir manifesté contre le nouveau président. »

« Quand des policiers agissent comme des adversaires politiques envers des manifestants, ils mettent à mal le respect de l’état de droit et font douter de leur impartialité en tant qu’auxiliaires de justice », a déploré Abbas Faiz.

Mohamed Nasheed a affirmé le lendemain de sa démission qu’il avait été forcé à quitter ses fonctions par des membres de la police et de l’armée.

Ses partisans sont descendus dans la rue le 8 février dans les villes de Malé et d’Addu, et se sont heurtés à la violence de la police et de l’armée, qui s’étaient ralliés au nouveau gouvernement.

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