Une menace existentielle pour les droits humains

Comme jamais, le droit international et les droits humains sont menacés. Une menace existentielle.

Les coups de boutoir sont de plus en plus décomplexés, un choix qui préfère la force, l’autoritaire comme mode de gestion du monde. On a la sensation d’un retour aux empires du 19ème siècle. Ce serait le retour de la force et de l’appât du gain qui dominent tout. Pourtant, les droits humains et le droit international ont été créés sur les cendres de la seconde guerre mondiale et de la Shoah. L’idée centrale à l’époque, la lame de fond qui crée l’architecture du droit international était que nous, personnes humaines vivant sur une planète, avions des droits essentiels, inaliénables que nous pouvions opposer aux gouvernements. Nous n’étions pas juste des citoyennes et citoyens d’un état nation tout puissant, état nation qui faisait de nous de la « chair à canon » ou, comme dans le cadre du régime nazi, pour le peuple juif, les individus n’étaient qu’un objectif d’extermination.

Le droit international a défini des règles, a défini des crimes : les crimnes les plus odieux : ceux de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide. Une fois les règles écrites, il encore fallu longtemps - fort longtemps- pour que l’on obtienne que l’impunité de ne puisse prévaloir. Pour que les victimes obtiennent justice. Ce fut fait avec la création et la mise sur pied de la Cour pénale internationale en 2002.

Les droits humains et le droit international sont sous menace existentielle.

Une Cour pénale internationale, qui est maintenant la cible d’attaques en règle. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir aux Etats Unis pour son second mandat, des sanctions ont été décrétées contre le procureur Karim Khan et sa famille. C’est le monde à l’envers, celles et ceux qui cherchent la justice pour les crimes les plus graves sont poursuivis et victimes de sanctions.

Et si cela ne suffisait pas, les mandats d’arrêt délivrés contre Netanyahou et son ex-ministre de la défense Yoav Gallant ne pourraient pas être appliqués par certains États membres de des Statuts de Rome, qui ont eux même été les artisans de la création de la Cour pénale internationale. Un “double standard” inacceptable, qui mine le droit international. Le mandat d’arrêt de Netanyahou équivaut le mandat d’arrêt de Poutine. Un “double standard” appliqué par les pays architectes de la justice internationale. Un “double standard” repris entre autres par notre premier Ministre Bart De Wever, recadrée entretemps par la Ministre de la Justice et le Ministre des Affaires Étrangères.

Rappelons pourquoi Mr Netanyahou est sous mandat d’arrêt ? Crime de guerre et crime contre l’humanité, dont celui d’affamer une population à Gaza. Un mandat d’arrêt d’autant plus d’actualité qu’il vise l’acte d’affamer la population gazaouie. Une famine qui s’est aggravée et qui tue, une famine décidée par le gouvernement israélien, depuis la rupture le 2 mars du cessez-le-feu. Pour Amnesty, il n’y a aucun doute. A Gaza, nous assistons à un génocide.

Heureusement, le droit international n’est pas tout-à-fait abandonné. Il est entre autres mobilisé par de nombreux pays du Sud Global, de l’Afrique du Sud dans sa plainte à Israël, la Gambie contre le Myanmar. C’est une coalition de pays du sud qui s’est levée contre les sanctions américaines contre la Cour pénale internationale.

Notre prochain rapport annuel couvrant 150 pays est sorti. Depuis l’avènement de Donald Trump à la présence des États Unis, les gouvernements autoritaires ont le vent en poupe, balayent le droit international, attaquent les droits humains, détruisent les contre pouvoirs et ciblent les communautés les plus fragiles, celles qui peuvent moins facilement se défendre.

L’effet Trump est partout, un véritable rouleau compresseur et un désastre

Aux USA, il ne fait pas bon pas être un migrant, les expulsions massives s’enchaînent aux mépris du droit, et si la justice s’y oppose, alors le gouvernement des USA arrêtera la juge. C’est ainsi ce qui s’est produit à Milwaukee où le FBI a arrêté en pleine cour une juge qui s’était opposée à l’ordre d’exclusion et d’arrestation d’un migrant. La séparation des pouvoirs est court-circuitée, c’est le rapport de force qui domine pour faire plier la magistrature.

Il ne fait pas bon non plus d’être femme ou personne LGBTQIA+ dans le monde. Aux États Unis, on fait disparaître les mots pensant faire disparaître les réalités. J’en veux pour exemple la liste de mots interdits -f emme, équité, discrimination,...- pour obtenir des financements de recherche. Par peur des représailles - financières- universités, associations, courbent le dos. Pas toutes, heureusement.

Face à ce rouleau compresseur, d’autres gouvernements autoritaires, se sentent pousser des ailes. Pour la première fois dans l’Union Européennes, un état membre - la Hongrie de Victor Orban - a décidé d’interdire la Pride. Dans un pays de l’Union Européenne, celles et ceux qui veulent dans la rue montrer leur amour ne pourront plus le faire. Les risques sont élevés : peine de prison pour les organisateurs, amendes pour les participantes et participants.

Montée de l’extrême droite en Europe, Orbán, Erdogan, Milei, Meloni, Netanyahou, Poutine. Ils sont nombreux à tailler en pièce dans l’État de droit, les droits humains et le droit international. Ils font la courte échelle aux pratiques autoritaires. Ce qui règne, c’est le retour des empires comme au 19ème siècle.

L’histoire ne se répète pas mais elle bégaie sérieusement.

La Grande question : “Nous, qu’allons-nous faire ?” Les droits humains n’existent pas, ne se sont pas mis en branle sans des humains pour les défendre. Comment résister ? D’abord, l’histoire n’est pas écrite, nous avons la capacité de l’écrire : indifférence, apathie, sidération, nous devons en sortir ensemble. Gaza, Congo, Ukraine, nous ne voulons pas accepter un monde où l’appât de territoires, de gains redevient la norme.

Pour résister, nous avons des outils que nous pouvons utiliser : notre voix, notre parole. Utilisons le fait que les êtres humains sont des animaux sociaux, et s’influencent les uns les autres. Une étude a démontré que la plupart des personnes font confiance aux informations transmises par leurs proches, utilisons cela pour discuter largement. Cela nous demande évidemment de nous informer, de lire, de recouper, de ne pas laisser notre opinion aux algorithmes détenus par 10 milliardaires décider de notre capacité de penser.

Ensemble.

Face au désordre mondial, ensemble résistons !

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