Des femmes témoignent contre la stérilisation forcées

Témoignage recueilli par Amnesty International

21 mars 2013

© Mugur V ?rzariu

La stérilisation forcée de femmes roms est l’une des violations des droits humains et l’une des formes de discrimination les plus terribles qu’ont subies les Roms en Europe depuis leur persécution et leur mise à mort par les Nazis durant la Deuxième guerre mondiale.

Selon le médiateur de la République tchèque, pas moins de 90 000 femmes ont été stérilisées sur tout le territoire de l’ex-Tchécoslovaquie depuis les années 1980. Bien que la plupart de ces actes remontent aux années 1970 et 1980, le cas le plus récent aurait eu lieu en 2007.

Elena Gorolova est une militante déterminée qui réclame justice pour les femmes roms stérilisées de force en République tchèque. Elle a parlé de ce qu’elle a vécu à des militants et des responsables du travail de pression d’Amnesty International à Bruxelles :

« Durant de nombreuses années, en République tchèque et en Slovaquie, des femmes roms ont été stérilisées de force après avoir donné naissance à un enfant à l’hôpital. La stérilisation forcée suppose un acte chirurgical effectué sans le consentement de la femme et qui l’empêche de retomber enceinte, ses trompes de Fallope étant ligaturées. Les médecins ont soumis des femmes roms à cet acte – souvent lors de césariennes ou d’avortements – sans obtenir leur consentement éclairé avant d’opérer ».

« J’ai rejoint un groupe de militantes à Ostrava, où je vis. Elles font partie d’une association appelée Vivre ensemble ( Vzajemne Soužiti ), qui lutte contre la stérilisation forcée ».

« Je les ai rejointes parce que j’ai moi-même été stérilisée de force lorsque j’avais 21 ans, tout de suite après avoir donné naissance à mon deuxième fils. Une infirmière m’a présenté un formulaire o ù je devais remplir le nom de l’enfant, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille. Puis elle m’a présenté un autre document et m’a demandé de le signer pour la stérilisation. À ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait. Je souffrais énormément, alors j’ai signé le papier. Lorsque je me suis réveillée après l’opération, on m’a appris que j’avais donné naissance à un garçon, mais que je ne pourrais plus jamais avoir d’enfants car j’avais été stérilis ée. J’ai éclaté en sanglots. Mon mari et moi-même avions toujours voulu avoir une petite fille. C’est ainsi que nous avons appris que nous ne pourrions jamais en avoir ».

« Je souhaitais être une femme normale et avoir une famille normale, mais après cette stérilisation forcée, je me sentais tronquée ».

« Nous avons réussi sur certains points, notamment à faire évoluer l’attitude du personnel médical – et ce en devenant visibles, en nous montrant dans les médias à travers la région, et en prenant la parole ».

« Nous avons délivré notre message dans de nombreux endroits, je me suis rendue à des colloques des Nations unies à Genève pour témoigner de ce qui se passe et je me suis exprimée lors d’autres forums officiels pour faire passer le message ».

« Nous avons obtenu des excuses publiques du gouvernement tchèque en 2009, mais ce n’est pas suffisant – nous voulons que ces femmes reçoivent des réparations pour ce qu’elles ont subi ».

« Je dois remercier les femmes avec lesquelles je travaille, leur contribution à ce combat est cruciale. Et même si d’aucuns affirment que nous n’avons pas changé grand-chose, pour moi, les excuses officielles du gouvernement – qui a reconnu le caractère tout à fait illégal de ces stérilisations – représentent un grand pas en avant. »

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