Des vacances en Israël... ou en Territoires occupés ? Par Jean-Jules Docquir, coordinateur Israël et Territoires Palestiniens Occupés pour Amnesty International Belgique francophone et Nathalie Janne d’Othée, chargée de Programmes Moyen-Orient et Afrique du Nord au CNCD-11.11.11

« Tous ceux qui font du tourisme en Israël doivent vraiment visiter ce site. Cela permet de se faire une meilleure idée du pays. Un endroit super ! » — Avis publié sur TripAdvisor au sujet d’un site archéologique situé dans la colonie de Susya.

« En Israël » ? Vraiment ?

Non, pas vraiment.

Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor, qui proposent en ligne un choix de lieux de séjour et d’attractions touristiques partout dans le monde, le font aussi... dans les colonies de peuplement israéliennes dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Or, la colonisation du territoire occupé est illégale selon le droit international humanitaire. Par ailleurs, les colonies contribuent à des violations massives des droits humains, comme l’a démontré le rapport de la mission indépendante des Nations Unies publié en 2013. Ce rapport relevait également la responsabilité des entreprises établies dans les colonies israéliennes qui tirent des bénéfices d’une situation illégale.

Il ne faudrait également pas perdre de vue que mise en valeur touristique de ces colonies israéliennes a pour effet de « normaliser » et de légitimer une situation reconnue clairement comme illégale au regard du droit international.

Ainsi, ces entreprises, qui affirment toutes être en accord avec la légalité et des valeurs éthiques, sont en totale contradiction avec les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, qui les contraignent à respecter le droit international humanitaire, ainsi que les droits humains.

Dans les faits, il y a, par exemple, Kfar Adumim, une colonie israélienne renseignée comme centre touristique prospère par Airbnb. Ce que le site ne dit pas, c’est qu’elle se situe à deux kilomètres du village bédouin de Khan al Ahmar, sous la menace d’un ordre de démolition et dont la population est expulsée de force par l’armée israélienne.

Dans les faits, il y a, par exemple, Kfar Adumim, une colonie israélienne renseignée comme centre touristique prospère par Airbnb. Ce que le site ne dit pas, c’est qu’elle se situe à deux kilomètres du village bédouin de Khan al Ahmar, sous la menace d’un ordre de démolition et dont la population est expulsée de force par l’armée israélienne. Airbnb ne dit pas non plus que la colonie a empiété sur quasiment toutes les terres que les Bédouins exploitaient, ce qui a eu pour effet de gravement limiter leurs moyens de subsistance et de les jeter dans la précarité.

Dans le cadre d’une campagne lancée à l’occasion du 50e anniversaire de l’occupation, Amnesty International a examiné de près les agissements du secteur du tourisme numérique et a notamment lancé une pétition demandant à TripAdvisor de cesser ses activités dans les colonies illégales. Dans la même optique, la campagne « Made in Illegality » coordonnée par le CNCD-11.11.11 vise à mettre fin à toutes les relations économiques de la Belgique et de l’Union européenne avec la colonisation israélienne.

Afin de respecter leurs obligations à l’égard du droit international humanitaire et des droits humains, il faut que Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor cessent de proposer des hébergements, des activités et des attractions touristiques dans les colonies ou les espaces gérés par des colons dans les Territoires Palestiniens Occupés, y compris à Jérusalem-Est.

Il leur incombe aussi de mettre en place un mécanisme permettant d’établir précisément la situation géographique des lieux et activités présentés ; les hébergements, activités ou attractions situés dans une colonie israélienne doivent être refusés. Enfin, ces entreprises doivent prendre des mesures pour remédier aux violations auxquelles elles ont contribué, comme le prescrivent les Principes directeurs des Nations unies.

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