Six moyens de contrer le racisme et le sectarisme dont vous êtes témoin

Les deux dernières semaines nous ont montré que nous devons avoir, aujourd’hui plus que jamais, le courage de nous battre pour ce qui est juste. Il nous faut trouver le courage nécessaire pour parler ouvertement, soutenir les minorités menacées, bâtir une société fondée sur l’égalité, la compassion et l’unité.

Voir ces dernières semaines le nombre de personnes qui ont dirigé leur amour et leur espoir vers nos whānau (communautés) musulmanes endeuillées a été une grande source d’inspiration. Les Néo-Zélandais ont rejeté catégoriquement l’idéologie haineuse du tireur de Christchurch. Cependant, quelle que soit la puissance de cette vague nationale de solidarité, elle ne suffit pas à elle seule.

Les attentats de Christchurch ne sont pas sortis de nulle part. Cette atrocité, qui résulte en partie d’une terrifiante normalisation de l’idéologie suprématiste blanche et de la montée en puissance des dirigeants mondiaux ouvertement islamophobes, vient rappeler tragiquement que le sectarisme couve encore. Si nous voulons sincèrement faire preuve de solidarité, nous devons redoubler d’efforts pour combattre le racisme et le sectarisme dont nous sommes témoins. Voici quelques actions que vous pouvez faire :

Écoutez les personnes qui sont victimes de racisme

La discrimination n’est pas toujours évidente – elle peut être subtile et insidieuse, déguisée sous la forme de plaisanteries ou d’opinions politiques. Parler avec les personnes qui sont victimes de racisme est le meilleur moyen de mieux comprendre le problème. Même si nous ne pouvons pas nous mettre vraiment à la place de quelqu’un d’autre, nous pouvons certainement écouter davantage. Plus nous écouterons, plus notre cadre de référence évoluera, et nous commencerons à remarquer toutes ces choses qui, ensemble, font que des personnes se sentent exclues.

Intervenez dans les conversations difficiles

Répondre à des opinions erronées, qu’elles viennent d’amis, de membres de la famille ou d’inconnus, peut être extrêmement délicat. Reprendre quelqu’un sur ses opinions est au mieux difficile et au pire effrayant. Vous aimeriez dire quelque chose, mais le faire pourrait entraîner une dispute, sans réellement convaincre votre interlocuteur de quoi que ce soit.

Néanmoins, il est possible de faire évoluer les mentalités, surtout si on est doué pour la communication. Les attaques de Christchurch nous invitent à entrer dans les conversations gênantes concernant les questions raciales et religieuses que nous aurions dû avoir depuis longtemps – participez à celles-ci.

Gardez votre calme

Il est difficile d’être poli face à quelqu’un qui lance des commentaires offensants, mais demandez-vous ce que vous réussirez à faire en vous mettant en colère. Si vous mettez votre interlocuteur mal à l’aise en le réprimandant ou en formulant des accusations avec virulence, il y a de fortes chances qu’il soit sur la défensive et coupe court à la conversation. Gardez votre calme – au besoin, respirez profondément et parlez-lui en privé ultérieurement. Vous arriverez plus facilement à convaincre des personnes si vous leur dites ce que leurs paroles vous font ressentir. Dire « ce que tu as dit tout à l’heure m’a vraiment dérangé » aura probablement plus d’effet que de crier sur elles.

Parlez de personnes plutôt que de chiffres

Les opinions racistes reposent en grande partie sur la désinformation et il est important de lutter contre celle-ci. En évoquant des cas de personnes réelles, vous obtiendrez plus probablement une réaction empathique que si vous débitez des faits et chiffres pour argumenter. Si quelqu’un se plaint de l’immigration, par exemple, ne le bombardez pas simplement de statistiques sur le nombre de réfugiés dans le monde et les quotas. Demandez-lui plutôt ce qu’il ferait s’il se trouvait dans une situation dangereuse ou désespérée – ne ferait-il pas tout ce qu’il peut pour mettre ses proches en sécurité ? Ne tenterait-il pas d’aller dans un pays où ils pourraient vivre librement ?

Pensez au langage que vous utilisez

Le langage peut déshumaniser. Ainsi, il est courant d’entendre parler des « migrants » et des « réfugiés » comme si ces millions de personnes n’étaient qu’une masse indifférenciée. Les appellations collectives contribuent aux stéréotypes et masquent les histoires personnelles qui aident à ressentir de la compassion. Par conséquent, au lieu de dire « réfugiés », parlez de « personnes qui ont dû partir de chez elles ». Racontez les histoires personnelles dont vous avez eu connaissance et ne définissez pas ces personnes par leur situation juridique ou leur religion.

Parlez autant de ce à quoi vous êtes favorable que de ce à quoi vous vous opposez

Amnesty International n’est pas seulement contre le racisme, mais aussi pour une société qui respecte et protège les droits humains de toutes les personnes, qui se nourrit du multiculturalisme et s’enrichit de la diversité de ses communautés.

Les recherches pointent de plus en plus le fait que la peur et le pessimisme activent un biais de confirmation qui augmente, à son tour, la peur et le pessimisme. À l’inverse, l’espoir et l’optimisme déclenchent des émotions positives et convainquent les publics ouverts à différents points de vue. Un grand nombre de victoires pour les droits humains ces dernières années ont fait suite à des campagnes qui communiquaient une vision optimiste pour l’avenir, plutôt que de déplorer le statu quo. C’est notamment le cas de la campagne Together for Yes en faveur de la légalisation de l’avortement en Irlande, ou de celles en faveur du mariage pour tous en Nouvelle-Zélande et ailleurs dans le monde, qui étaient centrées sur l’amour, la liberté et la famille.

On peut voir les choses ainsi : l’histoire de Christchurch comporte deux parties. La première est l’horrible meurtre de 50 personnes qui auraient dû être en sécurité ici, par un assaillant radicalisé par l’idéologie suprématiste blanche. La seconde est la réaction majoritairement compatissante de Néo-Zélandais de tous horizons, qui a attiré l’attention et les éloges de la communauté internationale.

Nous avons de quoi être inspirés à la suite de cette tragédie. Alors, essayez de faire appel à cette empathie et de vous adresser à ce que les gens ont de meilleur en eux. Rappelez-leur que ce pays peut devenir un exemple mondial de la réaction à avoir face au terrorisme raciste – mais uniquement si nous participons tous.

L’humanité, ce sont des personnes qui vivent librement et sans crainte. L’humanité est notre engagement commun les uns envers les autres. Soyons du côté de l’humanité.

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