Un gâteau à l’ambassade du Maroc pour Ali Aarrass

Par Zoé Spriet, campaigner pour la section belge francophone d’Amnesty International.

Nous fêtions ce 14 décembre un anniversaire très spécial : celui des cinq ans de l’extradition illégale d’Ali Aarrass de l’Espagne vers le Maroc. Afin de marquer cette date, nous avions décidé d’envoyer un gâteau à l’ambassadeur du Maroc, accompagné d’une pétition de plus de 10 000 signatures, afin de lui rappeler toute notre inquiétude vis-à-vis de la situation inhumaine dans laquelle se trouve Ali Aarrass à l’heure actuelle.

Nous avons donc envoyé un livreur à vélo pour apporter le gâteau et les signatures à l’ambassade du Maroc. Nous espérions qu’il puisse au moins rencontrer une personne de l’ambassade à l’extérieur pour les lui remettre. Le livreur a sonné, et la porte s’est ouverte toute seule. Il est alors entré et a attendu dans le hall principal plusieurs minutes, sans qu’on lui demande quoi que ce soit. L’ambassadeur lui-même, SE Samir Addahre, est finalement descendu à sa rencontre. Il n’a pas voulu prendre le gâteau ni l’enveloppe (qui a été déposée par la suite dans la boîte aux lettres). Il a indiqué au livreur qu’il connaissait bien le cas d’Ali Aarrass et n’était pas d’accord avec la position d’Amnesty International, bien qu’il la respecte.

Une belle réussite pour cette action

Ali Aarrass est détenu depuis le 14 décembre 2010, date à laquelle il a été renvoyé de force au Maroc par les autorités espagnoles. Il a déclaré avoir été torturé dans un centre de détention secret géré par la Direction générale de la surveillance du territoire (DST) à Témarra. Il purge actuellement une peine de 12 ans d’emprisonnement après avoir été déclaré coupable d’appartenir à un groupe criminel appelé le réseau « Belliraj » et d’avoir fourni des armes à celui-ci. Cette condamnation a été prononcée sur la foi « d’aveux » qui, selon ses dires, lui ont été extorqués sous la torture.

À plusieurs reprises, les Nations unies ont condamné les agissements du Maroc dans le cas d’Ali Aarrass et ont exhorté les autorités à ouvrir une enquête sur ses allégations de tortures et à traiter humainement Ali Aarrass.

Cependant, cinq années après son extradition, nous ne pouvons que constater le statu quo de la situation d’Ali Aarrass au Maroc. Bien qu’il détienne la nationalité belge, Ali Aarrass n’a reçu aucune aide du consulat belge au Maroc. Il demande aux autorités belges de lui accorder une aide consulaire, qui lui a été refusée jusqu’à présent en prétextant sa double nationalité belgo-marocaine. En septembre 2014, la cour d’appel de Bruxelles a ordonné à l’État belge de prendre des mesures en ce sens. Celui-ci a saisi la Cour de cassation.

Dans une pétition lancée en octobre, Amnesty International exhorte les autorités marocaines à veiller à ce qu’Ali Aarrass soit protégé de tout nouveau mauvais traitement ; qu’il soit traité avec humanité et qu’une enquête indépendante et impartiale sur ces allégations de mauvais traitements soit ouverte ; que soit traduite dans les faits la décision prise en 2013 par le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire qui appelait à libérer immédiatement Ali Aarrass et à lui accorder des réparations satisfaisantes.

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