La réalité et la fiction : tout ce qu’il est utile de savoir sur la caravane de migrants qui se dirige vers les États-Unis

Fiction : Si le Mexique ou les États-Unis ne les refoulent pas ou ne les arrêtent pas, d’autres encore arriveront.

Réalité : Rien ne prouve réellement que le durcissement des restrictions frontalières ait un quelconque effet sur la décision de quitter ou non son pays.

 
Dans de nombreux cas, il s’agit de personnes qui n’ont d’autre choix que de partir de chez elles et de personnes qui continuent de chercher un endroit où elles puissent vivre en sécurité, malgré les politiques mises en place par le Mexique, les États-Unis ou tout autre pays qui peut être plus sûr que le leur.
 
Parmi les conditions qui conduisent des personnes à s’enfuir ou à quitter leur pays, on peut citer :

• la violence ;
• l’extorsion exercée par le crime organisé ;
• le manque de protection de la part de leurs gouvernements ;
• des conditions de vie précaires.

La seule vraie manière de freiner le déplacement de milliers de personnes qui partent contre leur volonté, c’est d’appeler leurs gouvernements, et ceux qui collaborent avec eux, à trouver des solutions pour protéger les droits humains de leur population. Dans le cas du Honduras, ce pays présente l’un des taux de meurtres les plus élevés de toute l’Amérique latine et du monde. Le taux de meurtres y est 800 % plus élevé qu’aux États-Unis.

Amnesty International ne s’oppose pas au fait que les gouvernements mettent en place des contrôles frontaliers, mais ces contrôles doivent être légaux et doivent respecter les droits humains, y compris le droit de demander l’asile. Les contrôles frontaliers radicaux mis en place par plusieurs gouvernements des États-Unis au cours des 30 dernières années n’ont manifestement pas permis de réduire l’immigration et n’ont fait que contraindre des personnes à emprunter des chemins toujours plus précaires et dangereux qui mettent des vies en danger et alimentent les réseaux de trafic illicite.
 

Fiction : Les personnes de la caravane veulent uniquement gagner plus d’argent et prendre les emplois des citoyens des pays où ils arrivent.

Réalité : Si la pauvreté est un problème majeur et un facteur qui peut intervenir dans la décision de quitter le Honduras, les raisons qui poussent ces personnes à quitter leur pays sont souvent plus graves que de simples motifs économiques et ils ont trait à des questions de vie ou de mort.

 
Un grand nombre des personnes qui ont quitté le Honduras récemment veulent trouver un endroit où elles pourront vivre en sécurité. Car leur vie est peut-être en danger en raison de menaces de mort qu’elles ont directement reçues ou parce qu’elles ont été attaquées pour avoir dit « non » à des groupes criminels violents qui rackettent des commerçants, des conducteurs de bus et des vendeurs de journaux, ou qui pratiquent le recrutement forcé d’enfants.

Le Honduras est un pays qui a plus ou moins la taille de l’État d’Arizona. Quand une personne est en danger, il lui faut trouver un moyen de s’échapper car ces groupes criminels violents ont la capacité de la retrouver, où qu’elle se trouve dans ce petit pays. Amnesty International a rassemblé des informations sur de nombreux cas de personnes seules et de familles fuyant leur pays dans la région du Triangle du nord, qui ont fait l’objet de menaces ou de violences ciblées en raison de leur appartenance à un groupe social particulier et qui ont besoin d’une protection internationale.
 

Fiction : Ceux qui font partie de la caravane représentent une menace pour la sécurité du Mexique ou des États-Unis.

Réalité : Rien ne prouve que l’arrivée de familles, de caravanes, de demandeurs d’asile ou de réfugiés soit liée à une hausse de la criminalité, que ce soit au Mexique ou aux États-Unis.

 
Au contraire, de nombreuses études menées aux États-Unis montrent que les zones qui ont reçu le plus grand nombre de migrants et de réfugiés sont généralement liées aux plus faibles taux de criminalité relevés dans le pays. Dans le cas du Mexique, aucune information n’a été publiée prouvant qu’il existerait un lien entre l’arrivée de personnes venant d’Amérique latine et une modification des taux de criminalité dans le pays.

De plus, la caravane comprend plusieurs centaines d’enfants voyageant avec leur famille. Il ne s’agit pas de groupes puissants ou de menaces pour la sécurité, mais de personnes ayant de vrais besoins : des chauffeurs de bus, des étudiants, des adolescents, des commerçants, des vendeurs de produits d’alimentation.
 

Fiction : Il ne faut pas laisser entrer les gens qui espèrent pouvoir demander l’asile une fois qu’ils auront atteint la frontière sud des États-Unis.

Réalité : C’est totalement faux. La législation des États-Unis et le droit international prévoient l’une comme l’autre que toute personne qui veut demander l’asile à un point d’entrée sur le territoire des États-Unis doit être reçue, autorisée à déposer une demande d’asile et dirigée vers un agent des services de l’asile qui examinera sa demande.

 
En renvoyant ces personnes à la frontière, les autorités des États-Unis violeraient alors la loi. Le fait de renvoyer des personnes là où leur vie ou leur sécurité sont en danger est non seulement cruel mais aussi illégal.
 
Alors que la caravane continue de traverser le Mexique, les autorités mexicaines doivent protéger les personnes qui fuient un danger, et protéger les droits des personnes qui font partie de cette caravane, ce qui inclut le fait de ne pas maintenir en détention les enfants qui demandent l’asile et de ne pas séparer les familles. Les autorités des États-Unis auront les mêmes obligations quand la caravane atteindra la frontière américaine.

Cette caravane ne représente en rien une menace pour la sécurité : il s’agit de véritables personnes et familles, avec leurs peurs, leurs espoirs et leurs rêves, qui se déplacent et qui ont toutes droit à la sécurité.

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