Le sport, vecteur de progrès en droits humains

Les Jeux Olympiques de Paris n’ont pas seulement été une occasion de mettre en lumière une ville, des pratiques sportives ou l’« esprit olympique ». Ils ont aussi permis de mettre en avant la question des droits humains. Dès le départ avec l’annonce par le comité organisateur de la parité homme-femme au niveau des atlhètes qualifié·es. Mais les droits humains se sont aussi illustrés sur d’autres terrains et lors d’autres jeux olympiques. On pense au geste des athlètes noirs américains Tommie Smith et John Carlos lors des Jeux de Mexico en 1968. Ce dossier parcourt les différentes manières dont le sport peut devenir un vecteur de progrès en droits humains.

Sommaire

L’égalité de genre

Le droit de participer aux épreuves sportives

Les premiers combats féminins de l’histoire moderne, notamment depuis le retour des Jeux Olympiques au début du siècle dernier, se concentrent sur la démonstration que les femmes sont capables de performances sportives égales à celles des hommes. Ce droit de participer aux différentes épreuves s’est affirmé à travers la démonstration dans d’autres disciplines de leur capacité à réussir, ainsi que par des exploits marquants, réalisés en bravant les interdits. Autrefois jugées inaptes pour le sport – Pierre de Coubertin déclarait que les femmes risquent de perdre leur féminité, de devenir infertiles et devaient laisser ce domaine aux hommes – certaines ont décidé de mener des carrières sportives riches, prouvant ainsi leur aptitude à accomplir de brillants exploits.
Il est également important de rappeler qu’aux Jeux Olympiques de Paris en 1900, seules 22 femmes ont participé, sur près de 1000 athlètes. Bien que seules quelques disciplines leur aient été ouvertes, certaines athlètes ont su se démarquer.

Charlotte Cooper est devenue la première championne olympique dans une épreuve individuelle. En tant que joueuse de tennis, elle a remporté plusieurs titres de Grand Chelem, inspirant ainsi d’autres femmes à suivre ses traces.

De nombreuses autres athlètes ont également prouvé leur capacité à accomplir des efforts autrefois considérés comme réservés aux hommes. Par exemple, après avoir remporté trois médailles aux Jeux Olympiques de 1924, Trudy Ederle a traversé la Manche à la nage deux ans plus tard, devenant ainsi la première femme à accomplir cet exploit et battant le précédent record masculin détenu par Sebastian Tiraboschi.

Près de 40 ans plus tard, en 1967, Kathrine Switzer a bravé les interdits pour courir le marathon de Boston, devenant la première femme à s’inscrire à ce prestigieux événement. Pendant la course, les organisateurs ont tenté de lui arracher son dossard, mais Kathrine a persévéré, finissant la course et devenant une pionnière. Le marathon de Boston a finalement ouvert ses portes aux femmes en 1972, suivi par les Jeux Olympiques en 1984, où près de la moitié des coureurs sont désormais des femmes.

Historique des luttes pour l’inclusion

Les Jeux Olympiques

  • Paris 1900 :
    Les Jeux Olympiques de Paris en 1900 ont marqué la première inclusion des femmes, mais de manière limitée. Seules 22 femmes ont participé, sur un total de près de 1000 athlètes, et dans seulement cinq sports : tennis, voile, croquet, équitation et golf.
    Charlotte Cooper est devenue la première championne olympique dans une épreuve individuelle, remportant la médaille d’or en tennis.
  • Amsterdam 1928 :
    Les Jeux Olympiques d’Amsterdam ont été un tournant majeur avec l’inclusion des épreuves d’athlétisme pour les femmes. Cependant, cette décision a été controversée et les femmes n’ont été autorisées à concourir que dans cinq disciplines.
    Les performances des femmes lors de ces Jeux ont prouvé leur capacité à rivaliser sur la scène internationale, malgré les résistances.
  • Helsinki 1952 :
    Les Jeux d’Helsinki ont vu une augmentation significative de la participation féminine, avec des athlètes féminines concourant dans plusieurs disciplines nouvelles, y compris le saut en longueur et le lancer du poids.
  • Los Angeles 1984 :
    Les Jeux Olympiques de Los Angeles ont été un moment historique pour les femmes en athlétisme avec l’introduction du marathon féminin. Joan Benoit Samuelson a remporté la première médaille d’or olympique dans cette épreuve, symbolisant l’acceptation croissante des femmes dans les sports d’endurance.
  • Paris 2024 :
    Aux Jeux Olympiques de Paris, la stricte parité est enfin de mise ! De nouvelles épreuves mixtes voient également le jour comme en athlétisme, ou encore une nouvelle catégorie de poids chez les femmes.

Le Tour de France Féminin

  • Les débuts :
    Le Tour de France Féminin a été organisé pour la première fois en 1984, parallèlement au Tour de France masculin. Cette première édition a marqué un jalon pour le cyclisme féminin, mais n’a pas eu la continuité escomptée.
  • Les années d’interruption :
    Pendant des années, le Tour de France Féminin a connu des interruptions et des changements de format, en raison de divers défis financiers et organisationnels. Les femmes cyclistes ont continué à lutter pour une reconnaissance équivalente à celle de leurs homologues masculins.
  • La renaissance en 2022 :
    En 2022, le Tour de France Féminin a été relancé sous le nom de "Tour de France Femmes avec Zwift". Cette nouvelle édition a reçu un soutien significatif et a permis de mettre en lumière les compétences et les exploits des cyclistes féminines.
    Annemiek van Vleuten a remporté la première édition de ce renouveau, démontrant le haut niveau de compétition et l’intérêt croissant pour le cyclisme féminin.

L’égalité salariale

Cependant, l’absence d’une politique claire de rémunération égale de la part des fédérations à travers le monde empêche les athlètes professionnelles de pleinement s’épanouir dans le sport et peut être un frein pour les jeunes filles qui souhaiteraient s’engager dans cette voie.

Deux exemples frappants illusttant les combats nécessaires à mener pour cette égalité.
L’équipe nationale féminine des États-Unis est la plus couronnée de succès dans le football féminin et a été classée comme la meilleure équipe du monde pendant la plus grande partie de la carrière internationale de Rapinoe. Mais malgré leur énorme succès, les membres de l’équipe féminine étaient nettement moins bien payés que leurs homologues masculins jusqu’à très récemment.
En 2019, l’équipe nationale a engagé un procès à l’US Soccer pour obtenir 67 millions de dollars d’arriérés de salaire, soit à peu près le montant que l’équipe aurait reçu pour ses deux victoires en Coupe du monde si les joueuses avaient eu les mêmes contrats que l’équipe masculine.
Après une lutte juridique de trois ans, un accord historique a été conclu en 2022, selon lequel toutes les primes de la FIFA pour les deux équipes seraient combinées, puis divisées à parts égales entre les deux équipes. Ce fut un moment historique, non seulement pour les joueuses états-uniennes, mais aussi pour le football dans le monde entier.

Le tennis a été l’un des premiers sports à aborder sérieusement la question de l’égalité salariale entre hommes et femmes, notamment grâce à la détermination des joueuses de haut niveau et à la pression croissante du public et des médias.

Dans les années 1970, la joueuse américaine Billie Jean King a été l’une des figures de proue du mouvement pour l’égalité des rémunérations dans le tennis. En 1973, elle a remporté le premier "Battle of the Sexes" contre Bobby Riggs, un événement emblématique qui a mis en lumière les compétences des joueuses et a renforcé leur demande pour une rémunération équitable. La même année, Billie Jean King a également été l’une des principales instigatrices de la création de la Women’s Tennis Association (WTA), qui est devenue la voix collective des joueuses professionnelles de tennis.

Les tournois du Grand Chelem : des étapes marquantes

  • US Open (1973) : L’US Open a été le premier tournoi du Grand Chelem à offrir une égalité de prize money entre les hommes et les femmes, en grande partie grâce à l’influence de Billie Jean King. Depuis cette date, les femmes reçoivent la même récompense financière que les hommes pour leurs victoires, un précédent qui a pris des années à être suivi par les autres tournois majeurs.
  • Australian Open (2001) : Il a fallu attendre le début du XXIe siècle pour que l’Australian Open, un autre tournoi majeur du Grand Chelem, adopte une politique similaire en matière de prize money, égalisant les gains entre les sexes à partir de 2001.
  • Roland-Garros (2007) : Le tournoi français a suivi le mouvement en 2007, après des années de débats et de pressions de la part des joueuses et du public. Cette décision a marqué une étape importante dans la reconnaissance des femmes dans le sport, notamment dans un tournoi qui est l’un des plus prestigieux au monde.
  • Wimbledon (2007) : Wimbledon, le tournoi le plus ancien et sans doute le plus prestigieux du tennis, a également franchi ce pas en 2007. Avant cela, Wimbledon avait longtemps résisté à l’idée d’une égalité de rémunération, en raison de la tradition et de la perception que les hommes jouaient des matchs plus longs et plus difficiles. Cependant, sous la pression croissante et après des discussions internes intenses, le tournoi a finalement décidé d’aligner les prize money pour les hommes et les femmes.

Ces avancées vers l’égalité salariale dans les tournois du Grand Chelem ont eu un impact significatif non seulement sur les joueuses de tennis, mais aussi sur le monde du sport en général. Elles ont contribué à populariser le tennis féminin, à attirer plus de sponsors, et à créer des rôles modèles pour des millions de jeunes filles à travers le monde.

Aujourd’hui, des joueuses comme Serena Williams, Naomi Osaka, et Ashleigh Barty ne sont pas seulement des icônes du tennis, mais aussi des figures influentes dans la lutte pour l’égalité des droits, inspirant d’autres disciplines sportives à suivre le même chemin.

Ces combats pour l’égalité salariale inspirent d’autres femmes à travers le monde à revendiquer l’égalité de rémunération pour un travail égal. Ils contribuent aussi à la popularisation et à la diffusion du tennis féminin, créant des modèles pour des millions de petites filles à travers le monde, et assurant aux joueuses professionnelles des conditions financières décentes pour exercer leur passion.

Inclusion de tous les corps

Le cas récent d’Imane Khelif :
Alors qu’un physique “hors normes” est glorifié chez les hommes, cette problématique cause de nombreux remous chez les femmes. De nombreuses athlètes féminines en font les frais, victimes d’un tollé médiatique. Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, c’est Imane Khelif, boxeuse algérienne, qui en fait les frais. Née femme et s’identifiant comme telle, son physique, et notamment son taux élevé de testostérone pour une femme, a soulevé des questions. Son genre a alors été sujet à de nombreuses controverses, et sa légitimité à combattre avec les femmes remise en question, bien qu’elle ait toujours concouru dans cette catégorie.

Liberté d’expression

le cas du hijab en France
Aux Jeux Olympiques 2024, les athlètes françaises ont affirmé leur droit à la liberté d’expression en bravant la politique discriminatoire des fédérations sportives qui les interdit de porter le hijab. Cette politique répressive empêche les femmes musulmanes françaises de s’épanouir dans le sport, voire même les empêche de le pratiquer [4]. Elles contribuent ainsi à rendre le sport accessible et inclusif en faisant figure d’exemple à toutes les femmes musulmanes françaises.
Aux Jeux Olympiques de 2024, les athlètes françaises ont affirmé leur droit à la liberté d’expression en défiant la politique discriminatoire des fédérations sportives qui leur interdit de porter le hijab. Cette politique répressive empêche les femmes musulmanes françaises de s’épanouir dans le sport, voire même de le pratiquer [4]. En s’opposant à cette interdiction, elles contribuent à rendre le sport accessible et inclusif, et servent d’exemple à toutes les femmes musulmanes françaises.

Les droits LGBTQ+

L’importance de la visibilité des athlètes LGBTQ+

La visibilité des athlètes LGBTQ+ dans le sport est essentielle. En affirmant publiquement leurs identités, ces athlètes deviennent des modèles pour les jeunes qui n’ont pas toujours de représentation dans ce domaine, notamment celles et ceux qui rêvent de devenir professionnel·les. Leur présence sur la scène sportive contribue également à éduquer la société et à promouvoir la tolérance. Plus le sport reflète la diversité, plus il devient un espace inclusif pour toutes et tous, indépendamment de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre.

Effets sur la carrière sportive et personnelle

Les athlètes LGBTQ+ font face à de nombreuses discriminations dans leur carrière, qu’il s’agisse de commentaires dégradants, d’exclusions ou du manque d’inclusivité pour les personnes transgenres. Le monde du sport est encore largement influencé par une vision hétéronormative et une obsession pour la performance physique, qui tend à maintenir des structures sociales favorisant l’hégémonie masculine. Dans ce contexte, les athlètes LGBTQ+ sont souvent confronté·es à des environnements hostiles, où l’utilisation de langage homo- et transphobe reste courante, particulièrement dans les sports de compétition et les sports d’équipe.

En Europe, il a été observé que plus un pays est inclusif politiquement et légalement envers la communauté LGBTQ+, moins les athlètes reçoivent un langage discriminatoire dans les contextes de travail, d’éducation, et de loisirs. Toutefois, dans le sport, cette corrélation est moins évidente. Les athlètes LGBTQ+ rapportent plus fréquemment l’exposition à un langage discriminatoire dans les sports de haut niveau (64,8 %) par rapport aux sports de loisir (46,3 %), et dans les sports d’équipe (63,2 %) par rapport aux sports individuels (44,2 %). Être ouvertement LGBTQ+ dans le milieu sportif peut augmenter la probabilité d’être confronté à un langage discriminatoire, ce qui montre la persistance de la discrimination malgré l’évolution des mentalités dans d’autres secteurs de la société.

Le rôle des athlètes LGBTQ+ aux JO et dans le sport international

Les Jeux Olympiques et d’autres événements sportifs majeurs, diffusés dans le monde entier, offrent aux athlètes une plateforme unique pour faire avancer les droits humains et l’inclusion. Certains athlètes LGBTQ+ prennent à cœur leur rôle de représentation pour faire évoluer les normes et promouvoir l’acceptation de tous dans le sport. Leur influence dépasse souvent le cadre du sport, impactant la société de manière plus large.

Icônes LGBTQ+ dans le sport

Tom Daley
Tom Daley, l’un des plongeurs les plus accomplis de sa génération, est devenu une figure emblématique pour la communauté LGBTQ+. Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, il a porté fièrement le drapeau de son pays et a concouru devant son mari et ses deux fils pour ses cinquièmes Jeux Olympiques consécutifs. Daley utilise sa notoriété pour promouvoir l’idée que le sport doit être inclusif pour tous, indépendamment de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre, de la race ou de la religion. Il a également pris position contre la tenue d’événements sportifs dans des pays où l’homosexualité est criminalisée, tout en reconnaissant les complexités de telles situations pour les athlètes locaux.

Megan Rapinoe
Considérée comme l’une des plus grandes joueuses de football de l’Histoire, Megan Rapinoe est également célèbre pour ses prises de position hors du terrain. Parfois sous le feu des critiques médiatiques, elle n’a jamais cessé de se battre pour les droits des minorités. Athlète étasunienne, elle remporte deux coupes du monde et l’or olympique pour son pays, ainsi que le Ballon d’Or, gravant ainsi son nom dans la légende du football.

Megan est l’une des premières footballeuses à assumer ouvertement son attirance pour les femmes, et s’engage auprès de multiples associations de défense des droits des personnes LGBTQ+ pour faire bouger les lignes parler au nom de toutes les personnes marginalisées et donner une représentation à toutes les jeunes filles d’excellence sportive et d’affirmation de soi.

Au-delà de ses combats pour les droits et la représentation des relations homosexuelles, elle était l’une des figures de proue du mouvement mentionné ci-dessus pour le combat de l’équipe de football étasunienne pour obtenir des salaires égaux à ceux de leurs homologues masculins.

Mais ce n’est pas tout pour Megan Rapinoe qui s’engage aussi contre le racisme gangrénant la police étasunienne. En septembre 2016, elle s’est agenouillée pendant l’hymne d’un match de l’équipe nationale. Elle montrait ainsi sa solidarité avec le joueur de la NFL Colin Kaepernick, qui avait fait ce geste pour protester contre les brutalités policières et les inégalités raciales aux États-Unis (voir plus ci-dessous).

Droits des personnes de couleur (apartheid, BLM, etc.)

Historique et luttes marquantes

Les Jeux Olympiques de Mexico en 1968 se déroulent dans un contexte mondial marqué par des bouleversements sociaux et politiques, particulièrement aux États-Unis, où le mouvement des droits civiques atteint son apogée. Les années 1960 sont une période de luttes intenses contre la ségrégation raciale, les discriminations et les violences policières envers les Afro-Américains. C’est dans ce climat de tension que se produisit l’un des gestes les plus emblématiques de la lutte pour les droits civiques : le salut Black Power.

Le 16 octobre 1968, Tommie Smith et John Carlos, deux athlètes afro-américains, montent sur le podium après avoir remporté respectivement la médaille d’or et de bronze dans l’épreuve du 200 mètres. Lors de la cérémonie de remise des médailles, au moment où l’hymne national des États-Unis retentit, les deux hommes baissent la tête et lèvent chacun un poing ganté de noir, symbolisant le Black Power. Ils sont également pieds nus, en signe de solidarité avec les pauvres et les opprimés, et portent un collier de perles, représentant les lynchages subis par les Afro-Américains.

Ce geste, chargé de sens, est un acte de défiance contre les injustices sociales et raciales aux États-Unis. Il est aussi une déclaration de solidarité avec les luttes des Afro-Américains pour leurs droits et contre les discriminations institutionnalisées. Le salut Black Power devient ainsi un symbole mondial de résistance et d’émancipation, montrant que le sport peut être une plateforme pour exprimer des revendications sociales et politiques.

Le geste de Tommie Smith et John Carlos a des répercussions immédiates et sévères. Le Comité International Olympique (CIO), dirigé par Avery Brundage, condamne leur action, la qualifiant de politique et de contraire aux principes des Jeux Olympiques. Sous pression du CIO, le Comité Olympique américain expulse Smith et Carlos de l’équipe et les renvoie chez eux.

De retour aux États-Unis, les deux athlètes sont ostracisés. Ils subissent des menaces de mort, des pertes d’opportunités professionnelles et une exclusion quasi totale du monde sportif. Tommie Smith et John Carlos voient leurs carrières détruites par leur geste, mais ils ne renient jamais leur action, qu’ils considèrent comme un sacrifice nécessaire pour une cause plus grande.

Malgré les conséquences personnelles lourdes, le geste de Smith et Carlos reste gravé dans l’Histoire. Il est aujourd’hui reconnu comme un acte courageux qui a contribué à sensibiliser le monde aux luttes pour les droits civiques et à la persistance des inégalités raciales. Des décennies plus tard, leur salut est célébré comme un moment clé de l’histoire des droits humains et du sport, illustrant le pouvoir de l’activisme sportif pour provoquer le changement social.

Cette manifestation silencieuse a transcendé au-delà du sport, et a poussé des personnes marginalisées en raison de leur couleur de peau à travers le monde à se soulever, elles aussi, pour obtenir des droits et traitements égaux.

Impact du Mouvement Black Lives Matter

Athlètes soutenant le mouvement

Le mouvement Black Lives Matter (BLM), qui a pris de l’ampleur après les meurtres de George Floyd, Breonna Taylor et d’autres Afro-Américains par la police, a trouvé un écho puissant dans le monde du sport. De nombreux athlètes, principalement aux États-Unis, ont exprimé leur soutien au mouvement en utilisant leur plateforme pour dénoncer le racisme systémique et les violences policières. Des figures de proue comme LeBron James, Naomi Osaka, et Serena Williams ont pris position publiquement, que ce soit à travers des discours, des actions symboliques ou en portant des messages de soutien à BLM sur leurs vêtements et équipements lors de compétitions.

Manifestations et protestations lors des événements sportifs

Les manifestations contre le racisme ont également envahi les terrains de sport. En NBA, les joueurs ont arboré des maillots avec des messages tels que "Equality", "Say Their Names", ou encore "Black Lives Matter". Lors des matchs de la NBA dans la bulle d’Orlando en 2020, la ligue a également inscrit "Black Lives Matter" sur les terrains de jeu.

Dans d’autres sports, comme le tennis, Naomi Osaka a porté des masques rendant hommage aux victimes de violences policières à chaque tour de l’US Open 2020, qu’elle a remporté. Le geste de s’agenouiller pendant l’hymne national, popularisé par Colin Kaepernick en 2016, est devenu un symbole de protestation largement adopté, notamment dans la NFL et la Premier League anglaise.

Actions et Refus Marquants dans l’histoire du sport

Refus d’organiser des événements sportifs en Afrique du Sud durant l’Apartheid
L’Afrique du Sud a longtemps été isolée du monde sportif en raison de sa politique d’apartheid. À partir des années 1960, de nombreux pays et organisations sportives internationales ont pris des mesures pour exclure l’Afrique du Sud des compétitions sportives internationales. Ce boycott sportif a été un élément clé dans la pression internationale exercée sur le régime sud-africain pour mettre fin à l’apartheid.

Pressions internationales et conséquences pour l’Afrique du Sud
Le boycott sportif a privé l’Afrique du Sud d’une grande partie de la scène internationale, affectant notamment ses équipes de rugby et de cricket, très populaires dans le pays. Cette exclusion a non seulement isolé l’Afrique du Sud sur le plan sportif, mais a également renforcé la pression politique et économique sur le régime de l’apartheid. Le boycott a également galvanisé le mouvement anti-apartheid, en démontrant que la communauté internationale ne tolérait plus les politiques de ségrégation raciale du pays.

Rôle des organisations sportives dans le boycott

Des organisations comme le Comité International Olympique (CIO) et la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) ont joué un rôle clé dans l’application du boycott. En 1970, le CIO a retiré à l’Afrique du Sud son invitation aux Jeux Olympiques, et la FIFA a suspendu la fédération sud-africaine de football, la privant de toute participation à des compétitions internationales. Ces actions ont montré que les organisations sportives étaient prêtes à prendre des mesures drastiques pour faire respecter les droits humains.

Boycotts et protestations contre le racisme systémique

Cas de Colin Kaepernick et sa protestation pendant l’hymne national
En 2016, Colin Kaepernick, alors quarterback pour les San Francisco 49ers dans la NFL, a attiré l’attention internationale en s’agenouillant pendant l’hymne national avant les matchs, pour protester contre les brutalités policières et les inégalités raciales. Ce geste a déclenché une vague de soutien mais aussi de controverse, menant finalement à la fin prématurée de sa carrière en NFL. Kaepernick est devenu un symbole de résistance contre le racisme systémique, et son geste a été repris par de nombreux athlètes à travers le monde.

Initiatives récentes des ligues sportives pour soutenir la lutte contre le racisme

Sous la pression des athlètes et du public, de nombreuses ligues sportives ont pris des mesures pour soutenir la lutte contre le racisme. La NBA, la NFL, et la Major League Baseball (MLB) ont lancé des campagnes de sensibilisation, financé des initiatives en faveur de la justice sociale, et intégré des programmes éducatifs pour combattre les préjugés raciaux. Par exemple, la NFL a investi des millions de dollars dans des programmes de justice sociale et a reconnu publiquement l’importance des protestations initiées par Colin Kaepernick.
Ces actions montrent une prise de conscience accrue des ligues sportives quant à leur rôle dans la lutte contre le racisme systémique, et illustrent l’impact durable du mouvement Black Lives Matter dans le monde du sport.

N.B : cet article a pour but de présenter des personnages et faits marquants de diverses luttes. Il n’a en aucun cas la prétention de faire une liste complète des événements ou athlètes ayant participé à une avancée de droit dans leurs domaines respectifs.
Ainsi, nous suggérons plusieurs ressources pour ceux qui souhaiteraient approfondir leurs connaissances sur la relation entre le sport et le combat pour les droits humains.
https://www.cairn.info/revue-franca...

Références
1 - “Experiences of LGBTQ individuals in sport in Europe - The impact of societal, organisational, and individual factors” [Expériences d’individus LGBTQ dans le sport en Europe - l’impact de facteurs sociaux, organisationels et individuals] de Ilse Hartmann-Tews, Tobias Menzel, and Birgit Braumüller dans Sport, Identity and Inclusion in Europe : The Experiences of LGBTQ People in Sport [Sport, Identité et Inclusion en Europe ; Les expériences de personnes LGBTQ dans le sport], édité par Ilse Hartmann-Tews, Taylor & Francis Group, 2022.

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