Les territoires de la désolation revisités ?

Vous les avez vues comme nous, ces images de machettes brandies par des foules en colère au Kenya.

Les souvenirs ont immédiatement assailli votre esprit ; ces territoires de la désolation rwandaise en 1994, où la pensée méthodique de génocidaires avait programmé et organisé le massacre de près d’un million de Rwandais ont réveillé votre conscience.

S’il est sans doute risqué d’utiliser le terme de génocide (on a parfois tendance à en diminuer la signification à force de l’utiliser à mauvais escient), ce qui se passe en Afrique de l’Est est certes désespérant, et montre que le « bon élève » de Nairobi est à la merci de politiciens qui n’hésitent pas à allumer les torches de la haine qui enflammeront les villes et les campagnes. Car comme le disait un observateur : « Il n’y a que deux tribus au Kenya : les nantis et les laissés-pour-compte. »

Et les laissés pour compte sont multitudes… Quand on peine à survivre dans un bidonville, placé sous la coupe réglée de gangs, le premier (faux) prophète venu va vous entrainer facilement dans ses délires et ses cauchemars.

Pendant ce temps, et dans une chronologie — tellement transparente — qui interdit que l’intervention programmée au Soudan ne démarre, le Tchad est au bord du précipice, malgré la présence des bergers français chargés de surveiller le pré carré du même nom.

L’Afrique est-elle si mal partie, pour paraphraser Dumont, que toute avancée sera automatiquement réduite à néant dès lors que les intérêts des barons locaux requerront la mobilisation des sentiments les plus abjects ?
Certes non. Pas si nous soutenons les défenseurs des droits humains locaux qui se battent chaque jour pour faire mentir ce sinistre présage. Pas si nous parvenons à faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle prenne ses responsabilités. Pas si nous montrons que l’Afrique, malgré tout, n’est pas un continent perdu pour nous.

En cette année de célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, c’est bien la moindre des choses que l’on attend de nous, vous comme moi.

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