Quelques chiffres (communiqués par le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU)
Du 30 mars au 31 mai 2018 dans la Bande de Gaza lors de la "Grande marche du retour" :
- 128 morts
- 13 375 blessés.
Quelques précisions
Dans la plupart des cas mortels analysés par Amnesty International, les victimes ont été tuées par balle dans le haut du corps, y compris la tête et la poitrine, certaines par-derrière.
C’est un nouvel exemple du recours excessif à la force par l’armée israélienne et de l’utilisation de balles réelles d’une façon totalement déplorable. Il s’agit d’une violation des normes internationales, et dans certains cas il semble que nous soyons face à des homicides délibérés, qui constituent des crimes de guerre.
Si certains manifestants ont pu se livrer à des actes violents, cela ne peut en aucun cas justifier l’utilisation de balles réelles.
Au titre du droit international, les armes à feu ne doivent être utilisées que pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave.
L’armée israélienne a indiqué qu’elle enquêterait sur le comportement de ses forces pendant les manifestations à Gaza, mais les enquêtes israéliennes bafouent systématiquement les normes internationales et ne débouchent presque jamais sur des poursuites judiciaires. En conséquence, les crimes graves commis contre des Palestiniens restent généralement impunis.
En tant que puissance occupante, Israël est tenu de respecter les droits des Palestiniens de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement.
Puissance occupante ? Voyons.
Depuis un demi-siècle, l’occupation israélienne de la Cisjordanie (y compris de Jérusalem-Est) et de la bande de Gaza entraîne des violations systématiques des droits humains des Palestiniens vivant dans ces zones. Depuis le début de l’occupation en juin 1967, les politiques impitoyables de confiscation des terres, de colonisation illégale et d’expropriation menées par Israël, associées à la discrimination omniprésente, ont causé d’immenses souffrances aux Palestiniens et les ont privés de leurs droits fondamentaux. Le régime militaire d’Israël bouleverse tous les aspects de la vie quotidienne dans les territoires palestiniens occupés. Pour les Palestiniens, c’est toujours ce régime militaire qui détermine s’ils peuvent, quand ils peuvent et comment ils peuvent se déplacer pour aller travailler ou à l’école, se rendre à l’étranger, rendre visite à leurs proches, gagner leur vie, participer à une manifestation, accéder à leurs terres agricoles ou même avoir accès à l’électricité ou à une source d’eau potable. Cela entraîne une humiliation, une peur et une oppression quotidiennes. Israël a de fait pris en otage la vie de ces personnes.
Le pays a également adopté un ensemble complexe de lois militaires destinées à étouffer la critique de ses politiques, et de hauts responsables du gouvernement ont qualifié de "traîtres" les Israéliens faisant campagne pour les droits des Palestiniens.
La politique israélienne de construction et d’expansion des colonies illégales sur les terres palestiniennes occupées est l’un des principaux éléments moteurs des violations massives des droits humains provoquées par l’occupation. Ces cinquante dernières années, Israël a détruit la propriété de dizaines de milliers de Palestiniens et a déplacé une grande partie de la population pour construire des logements et des infrastructures pour installer sa propre population sur les territoires occupés. Israël a également détourné des ressources naturelles palestiniennes telles que l’eau ou des terres agricoles pour les utiliser dans les colonies.
L’existence même des colonies dans les territoires palestiniens occupés bafoue le droit international humanitaire et constitue un crime de guerre.
En plus de la construction illégale de logements et d’infrastructures dans les colonies sur le territoire palestinien, des entreprises israéliennes et internationales dans les colonies ont créé une économie prospère permettant d’assurer leur présence et leur développent. Ce "programme de colonisation" dépend de l’appropriation illégale des ressources palestiniennes (notamment les terres, l’eau et les minéraux) pour produire des biens qui sont exportés et vendus au profit d’entités privées
50 ans d’arrestations arbitraires, de détentions et de procès iniques
Depuis 1967, les autorités israéliennes ont arrêté des centaines de milliers de Palestiniens, parmi lesquels des femmes et des enfants, au titre d’ordres militaires qui, souvent, érigent en infraction un vaste éventail d’activités pacifiques.
Les autorités israéliennes ont également détenu arbitrairement des dizaines de milliers de Palestiniens, parmi lesquels des prisonniers d’opinion, les plaçant en détention administrative indéfiniment sans qu’ils soient inculpés ni jugés.
Israël a également mis en place des tribunaux militaires destinés à juger des Palestiniens, et ne respectant pas les garanties fondamentales en termes de procès équitables... À l’inverse, les colons israéliens des territoires palestiniens occupés sont poursuivis devant des tribunaux civils en Israël et bénéficient de meilleures protections au titre du droit civil israélien.
La politique d’Israël consistant à implanter ses civils dans les territoires palestiniens occupés, à détruire gratuitement des biens et à transférer de force des Palestiniens vivant sous occupation viole la Quatrième Convention de Genève, et ces agissements constituent des crimes de guerre énumérés dans le Statut de la Cour pénale internationale.
Gaza
Bien qu’Israël ait retiré ses troupes au sol de la bande de Gaza en 2005, le pays continue d’imposer depuis juin 2007 un blocus aérien, maritime et terrestre à Gaza et maintient une "zone d’accès limité" ou "zone tampon" sur le territoire de Gaza.
Associé aux restrictions imposées par l’Égypte, ce blocus prive plus de deux millions d’habitants de quasiment tout accès au monde extérieur. Depuis son entrée en vigueur, le taux de chômage a explosé et de nombreuses familles ont sombré dans une extrême pauvreté. Aujourd’hui, environ 80 % de la population survit grâce à l’aide humanitaire.
La situation dans la bande de Gaza est devenue si intenable que l’ONU a averti, en 2015, que ce territoire deviendrait "inhabitable d’ici 2020".
Il ne faudrait pas oublier non plus... les tirs de roquettes et de mortier !
Toutes les roquettes utilisées par les groupes armés palestiniens sont des projectiles non guidés, avec lesquels on ne peut pas viser avec précision de cible spécifique et qui sont non discriminants par nature ; recourir à ces armes est interdit par le droit international et leur utilisation constitue un crime de guerre. Les mortiers sont eux aussi des munitions imprécises et ne doivent jamais être utilisés pour attaquer des cibles militaires situées dans des zones civiles ou à proximité.
C’en est assez. Assez de victimes, assez de violations des droits humains, assez d’impunité.
Le temps des déclarations symboliques de condamnation est maintenant révolu. La communauté internationale doit agir concrètement.
Rappelons quelques droits essentiels :
- Le droit à la vie ;
- Le droit à la liberté de mouvement et à un niveau de vie suffisant ;
- La justice pour les crimes de guerre commis par les deux camps. Le principe selon lequel les civils doivent être épargnés est au mieux méprisé et trop souvent bafoué de manière délibérée. Il est intolérable de laisser les auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité bénéficier de l’impunité ;
Dans le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il est dit : "La méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité. "
Il est plus que grand temps de placer les droits humains au coeur des préoccupations de la communauté... des humains.